J'avais réussis à convaincre l'agent qui m'accompagnait partout d'attendre dans la voiture le temps que j'essaie de récupérer un de mes sacs qui avait été perdu. C'était la galère. Sois-disant ils allaient me le renvoyer par la poste dés qu'il l'aurait retrouvé sauf que voila, je n'avais toujours rien reçu et ça faisait plus d'une semaine! Vous vous rendez compte? Plus d'une semaine que j'attendais mon sac. Ce n'était pas qu'il contenait quelque chose d'ultra précieux mais comment était-ce possible de perdre un de vos sacs? Je veux dire, vous le faites ranger dans la soute et à la fin, vous allez le récupérer. Il était quand même pas tombé de l'avion en plein vol non plus. Je me dirigeai donc vers le bureau des réclamations et commençai à râler. Je n'aimais pas faire de scandale, de scène, mais là, ils me poussaient un peu à bout. J'en avais assez et je voulais récupérer mon sac. Ce qui était dedans m'appartenait et peu importait ce que c'était, je refusais de le voir dans les mains de quelqu'un d'autre. Surtout que d'après mon inventaire au niveau de mes bagages, il manquait le petit sac avec mes affaires intimes dedans, à savoir mes sous-vêtements etc... J'aimais bien tout séparer quand je faisais mes valises, ne me demandez pas pourquoi, donc ces derniers n'étaient pas dans le sac avec mes vêtements. Je soupirai une énième fois, leur mettant finalement un peu la pression, puis je me détournai et m'éloignai en fulminant pour moi-même. Cela me mettait de mauvaise humeur et étant donné que nous n'étions que le matin, je pressentais que la journée allait être très longue... Je marmonnai donc des choses pour moi-même, ruminant ma colère, quand je percutai quelqu'un de plein fouet... "Aie! Vous pourriez pas faire attention un peu?!" D'accord, c'était tout autant ma faute que la sienne mais je n'avais pas envie d'avouer ça et voix haute et puisque j'étais de mauvaise humeur, ce serait sa faute et nullement la mienne.

Je n'étais vraiment pas de très bonne humeur. En fait, c'était plutôt le contraire. J'étais arrivée récemment à Toronto et cette ville m'agaçait déjà. J'étais pourtant assez heureuse de déménager, de voir autre chose. Prendre un nouveau départ. J'avais envie de voir de nouvelles personnes, d'aller dans une grande ville et de profiter de tout ce qu'une grande ville pouvait offrir. Des bars, des boites de nuit, une université, une multitude de cultures et de coutumes. De l'unique. Voila ce dont j'avais envie. Quitter une petite ville qui me donnait l'impression d'être enfermée dans une boîte avec des personnes que je connaissais depuis toujours parce que dans cette ville, tout le monde connaissait tout le monde. Chaque geste, chaque parole, chaque histoire était relayé(e)s à son voisin et en l'espace d'une petite heure, des rumeurs aussi folles les unes que les autres prenaient place sur les lèvres des habitants. Des rumeurs la plupart du temps infondées mais qui pouvaient foutre en l'air des réputations et même des vies... Mais voila qu'à peine arrivée dans ce que j’idolâtrais, là où j'espérais acquérir une toute nouvelle forme de liberté, j'avais déjà droit aux ennuis de la perte des bagages. Et cela me mettait clairement de mauvaise humeur. "C'est pas toi par hasard qui regardait pas où tu allais, Miss ?" Ah génial. Je l'avais à peine rencontré quelques jours auparavant... Je soupirai. "Oh ça va, on va pas chipoter non plus! T'as pas fait plus attention que moi." Je croisais les bras. J'étais vraiment pas sympa. Ce n'était pas certainement pas comme ça que j'allais réussir à me faire ma petite place dans cette ville et encore moins à me faire des amis vu mon sale caractère du jour. Heureusement que je n'étais pas toujours comme ça non plus. "Désolée mais ils ont perdus mes bagages et ça m'énerve sérieusement. Donc je ne suis pas d'une très bonne humeur." Avais-je vraiment besoin de me justifier? Sans doute que non. Cela ne le regardait pas, le pourquoi du comment j'étais d'une si sale humeur. Mais je l'avais dit et au fond, quelle importance? Cela ne changerait rien de toute façon.

Je ne savais pas pourquoi mais alors celui-là, il m'énervait au plus haut point. Je n'étais déjà pas de très bonne humeur mais alors avec tout ça, ça devenait le pompon! Il exagérait en plus! Il osait insinuer que tout était de ma faute! Comme si j'étais la seule responsable pour un stupide accrochage! Cela pouvait arriver à tout le monde de cogner une autre personne, pas la peine d'en faire tout un plat. On aurait dit que c'était la fin du monde. "Attends, t'es sérieuse là ? Ca va être ma faute maintenant ?" En partie oui! Il ne faisait pas plus attention que moi à où il mettait les pieds après tout. "Tu regardais pas non plus où tu mettais les pieds!" Je finis par soupirer et tempérer un peu la situation en m'excusant et en expliquant le pourquoi du comment j'étais tellement en colère. Il fallait bien qu'un des deux calme la situation de toute façon. Et je n'étais pas là pour me faire remarquer en passant pour une hystérique non plus. "T'es pas la seule qui vient de se faire blouser par cet aéroport de mes deux. Ils ont foutu en l'air une cargaison précieuse et je viens de me faire jeter par la sécurité." J'haussai légèrement les épaules en le regardant. Une précieuse cargaison hein? "Quoi, t'as fais transporter des tonnes d'or pour qu'elle soit si précieuse?" Oui bon d'accord, jouer du sarcasme n'était pas forcément une bonne chose mais que voulez-vous? J'étais de mauvaise humeur et ça se faisait ressentir. Je n'y pouvais rien, ça sortait tout seul. "Bah écoute, s'ils trouvent pas, porte plainte." Pff. Le problème c'était que j'avais des souvenirs dans mes valises et porter plainte ne me les rendrait pas... "Toi aussi t'as qu'à porter plainte..." Je soupirai doucement en croisant les bras sur ma poitrine puis je plongeai mes yeux dans les siens. "On doit faire un constat pour l'accident ou c'est pas la peine, on peut se séparer en plus ou moins bons termes?" Je souris doucement, jouant de l'humour pour détendre totalement l'atmosphère étrange qui régnait entre nous deux.