Cela aurait dû être une bonne soirée. J'aurais dû boire quelques verres, profiter d'une sortie entre ami(e)s. J'aurais dû m'amuser et rire, tout en oubliant mes cours et mes examens le temps d'un soir. Sauf que voila, l'avenir en avait décidé autrement. Appelez ça le destin, le hasard ou la malchance, peu m'importe. Car le nom que vous lui donnerez ne changera jamais rien aux faits. Je passais un moment des plus agréables quand j'avais commencé à me sentir mal. Après encore un petit moment comme ça, pensant que ça finirait pas passer, je décidai de quitter le bar pour rentrer chez moi et ainsi me reposer, en espérant aller mieux rapidement. "Je vais te raccompagner", m'avait proposé un jeune homme de la bande. J'avais gentiment décliné son offre. Je n'avais pas envie de lui pourrir - en quelque sorte - sa soirée. De plus, je n'habitais pas très loin alors à quoi bon qu'il me raccompagne? Si j'avais su ce qui allait m'arriver, j'aurais sans aucun doute accepté sa proposition. Sauf que justement, je ne pouvais pas savoir. J'avais pris mes affaires, à savoir mon sac et ma veste, puis j'étais sortie du bar. J'aurais pu prendre ma voiture mais j'avais déjà bu quelques verres et comme je ne me sentais pas très bien, j'avais préféré rentrer à pieds. Encore une grossière erreur de ma part.

Je marchais dans les rues assez fraîches de Toronto. Je n'avais qu'une hâte et c'était celle de rentrer chez moi pour me mettre en nuisette et me cacher sous ma couette. Mais non. Une main m'agrippa et me força à aller jusqu'au fond de la ruelle qui était un cul de sac. Comme c'était avantageux pour mon agresseur... Je sentis la lame froide d'un couteau se poser contre ma cuisse et mes gestes pour me débattre cessèrent de suite. Allait-il me tuer? Me voler? Je lui proposai de prendre l'argent que j'avais dans mon portefeuille et en échange, je ne dirais rien à personne. Il me collait et je pouvais sentir son haleine alcoolisée se jeter sur ma peau. Je tremblais. De froid mais aussi de peur. Je sentis une main se glisser sous ma robe et je compris bien vite que ce n'était pas l'argent qui l'intéressait. La lame se posa sur ma joue et je fermai les yeux. Je ne l'avais même pas encore regardé, j'avais fixé le sol durant ces longues secondes. Sa main remontait de plus en plus. Je me mis à le supplier de me laisser tranquille. Il ouvrit ma veste, je tentai de le repousser. Je me disais que vu combien il avait dû boire, je devrais réussir à le pousser assez loin en utilisant la surprise du moment. Mais non. Malgré son état secondaire, il restait le plus fort face à une personne aussi mince et frêle que celle que je suis. Je vous épargne les détails. Quelques lacérations de couteau, sa main sur ma bouche pour m'empêcher de crier, des déchirures de vêtements, une braguette qui s'ouvre... Je choisis cet instant précis pour mordre dans sa main. Une nouvelle coupure. Je crie. Une seule fois. En tentant vainement de me débattre. Je pleure. N'y a t-il personne pour me venir en aide...? Je fermai les yeux et tentai de m'imaginer ailleurs, dans un endroit meilleur, en attendant que l'inévitable arrive, sans voir qu'un homme venait enfin à mon secours...