Toutes les fillettes aiment les contes de fées et imaginent pouvoir devenir un jour une belle princesse qui épousera un preux et valeureux Prince qui viendrait la sauver des méchants de l'histoire sur son magnifique cheval blanc. Mais la vérité n'est pas tout à fait la même. Il s'avère que les princes n'existent pas. Bien sûr, il existe des cheveux blancs, rassurez-vous! Mais les contes ne sont pas réels. La vie n'est pas un conte de fées. On tombe, on a mal, on souffre. Mais la vie c'est ça: il faut se relever et se battre. Parce que
« Si la vie te donne une centaine de raisons de pleurer, montres à la vie que tu as un millier de raisons de sourire ». La vie est belle. Ouvrez les yeux et profitez de la vie. Elle vaut la peine d'être vécue.
18 avril 1991; Des cris se firent entendre. Une femme souffrait. Cette femme, c'était ma mère. Pendant l'accouchement. Autant vous dire que ça n'avait pas été la joie pour elle. Mais mes parents attendaient notre venue avec une si grande impatience que ma mère savait que toute cette souffrance en valait la peine. Elle savait d'avance que le bonheur de nous tenir dans ses bras effacerait toutes ses douleurs. Je vis le jour la première, suivie de près par ma jumelle, Rosalie. J'étais de cinq minutes sont ainée. Mon père me prit dans ses bras alors que ma mère prit Rosalie dans les siens. Ils étaient heureux. Ils avaient enfin la famille qu'ils avaient tant attendue. Mon père, électricien, et ma mère, caissière en grande surface, étaient les personnes les plus heureuses du monde à ce moment précis. Ils s'aimaient et étaient les parents de deux magnifiques petites filles. Que demander de plus?
24 décembre 1997; Ce noël m'avait marquée. C'est deux jours auparavant que ma grand-mère du côté maternel était décédée. Le vingt-deux décembre... Ma mère avait été anéantie et je peux vous garantir que cette année-là, peu nous importait les cadeaux ou le sapin, le bon dîner, le père-noël... Rien de tout ça n'avait d'importance à nos yeux, à Rosalie et à moi. Ni même aux yeux de nos parents d'ailleurs. Grand-mère, que Rosalie et moi appelions Josy parce que son prénom entier était Jocelyne et que c'était trop dur pour nous, fut enterrée le vingt-six décembre, le matin. Il faisait si froid ce jour-là... Maman n'arrêtait pas de pleurer, papa tentait de la consoler, et Rosalie et moi, nous consolions nous-même parce que nous n'osions pas nous interposer entre nos parents. Ce ne fut qu'une semaine plus tard qu'on se décida à aller parler avec maman. Bien sûr, nous lui parlions toujours mais l'atmosphère de la maison était assez tendue et triste. Maman était allongée dans son lit l'après-midi et nous nous mîmes chacune d'un côté de la magnifique femme qui nous avait donné naissance.
« Est-ce-que ça va maman? », avais-je demandé. Elle avait sourit tristement en nous serrant contre elle, tout en restant allongée sur le dos. Elle avait envie de pleurer à nouveau, je le voyais bien. Rosalie laissa alors s'échapper quelques larmes et les deux fillettes que nous étions nous blottîmes contre notre mère. Rosalie posa sa main sur le ventre de maman et je pris sa main. Nos doigts se lièrent et maman sourit un peu plus en hochant légèrement la tête en me répondant enfin:
« Ça va aller mes chéries... » Nous n'étions pas jumelles pour rien puisqu'on dit à notre mère d'une seule voix:
« On t'aime maman. » Notre père avait observé la scène depuis l'encadrement de la porte mais sans rien dire. Et il avait simplement souris.
« Je vous aime aussi mes amours... » Et nous nous étions endormies toutes les trois les unes contre les autres.
20 juillet 2001; Dix ans. Je savais déjà plus de choses que je n'aurais dû à mon âge. J'avais vite progressé. Mes parents se demandaient déjà si je n'étais pas simplement une surdouée. Ils ne voyaient que ça. Alors ils avait fait appel à des spécialistes pour savoir si mon QI était effectivement supérieur à la moyenne. Et bingo. Mais c'était surtout dû à ma mémoire hyper développée. Ils découvrirent qu'en réalité, j'étais atteinte d'hypermnésie. C'est-à-dire que je pouvais me souvenir de... tout. Absolument tout. Cela avait ses avantages mais aussi ses inconvénients. Ce n'était vraiment pas facile à gérer tout les jours. Je savais que j'avais une très bonne mémoire mais je pensais oublier les choses au fur-à-mesure, comme tout le monde. Mais la vérité c'était que tout se rangeait automatiquement dans des tiroirs et des armoires en tout genre dans ma tête et si j'avais besoin de quoi que ce soit, tout pouvait ressortir en un claquement de doigts. Dingue non? Pour être franche, j'étais plus heureuse avant de savoir que j'avais ça. Mes camarades de classe l'avaient appris parce que ma maîtresse aussi et ils pensaient que je n'étais pas normale. Avant, j'étais juste super intelligente. Mais l'hypermnésie, comme ils ne comprenaient pas, était anormale pour eux. Et vous savez combien des enfants peuvent être méchants entre eux. Heureusement que Rosalie avait toujours été là pour moi. Elle m'avait défendue bec et ongles contre les attaques de certains enfants. Heureusement aussi que j'avais des amis pour me soutenir et qui trouvaient ça super cool d'avoir une mémoire comme la mienne. Mes parents, eux, ils avaient pris le temps de bien m'expliquer et finalement, j'avais commencé à apprécier d'être différente, me disant que ce serait une force et que je n'avais pas à avoir honte.
Vous savez, la vie est faite de hauts et de bas. Je n'ai pas eu une vie parfaite, je n'avais pas forcément toujours ce que je voulais avoir. Mais je suis sûre d'une chose: je n'ai pas regret à avoir. J'ai profité de mes années collège et lycée, même si je n'ai pas été touchée par la crise d'adolescence. Je n'ai pas testé la drogue ou les fêtes trop étranges, mais croyez-moi, je ne regrette rien de ce que j'ai fais pendant mon adolescence. Je crois que ce serait vraiment horrible de vivre avec des regrets pour le restant de ma vie. J'ai fais des choix et je les assume. Ce n'était peut-être pas toujours les meilleurs mais j'ai fais ce qui me semblait juste et c'est tout ce qui compte.
2002-2006; L'arrivée au collège fut un peu compliquée. En fait, au début, ça allait. Mais ma soeur avait commencé à avoir quelques mauvaises fréquentations mais surtout sa crise d'adolescence. Elle était devenue difficile à gérer. Elle faisait le pont à quatorze ans pour aller fumer je ne savais quelle drogue avec une bande de garçons plus âgés qu'elle. J'avais peur pour Rosalie. Elle faisait n'importe quoi. Mes parents avaient donc dû reporter toute leur attention sur elle. J'aurais pu me sentir mise à l'écart mais je savais que c'était nécessaire qu'ils se concentrent sur elle si on voulait que ma jumelle aille mieux. Peut-être avait-elle eu un peu de mal à supporter le fait que depuis toutes ces années, je recevais sans cesse les compliments de nos parents, de nos professeurs... Rosalie avait des notes correctes mais elle n'avait pas les miennes. Peut-être se sentait-elle rejetée. Pourtant, nos parents faisaient plein de trucs avec elle... Je ne savais pas trop. Tout ce que je savais c'était que j'espérais pouvoir retrouver rapidement ma sœur parce qu'elle me manquait. Quant à moi, je continuais à travailler à l'école, j'avais quelques ami(e)s. J'étais posée. Rien de bien intéressant à vous raconter.
5 septembre 2005; J'avais à peine quatorze quand on m'annonça en ce mois de mai que j'avais la possibilité de sauter une classe. C'était la fin de mon année de quatrième. Sauter une classe? Me retrouver en seconde à l'âge de quatorze ans? C'était un bon dingue pour moi. C'était vrai que je m'ennuyais un peu à l'école mais... J'avais peur de me retrouver seule une fois au lycée. Au collège, j'avais des ami(e)s, ma sœur que je pouvais garder à l’œil... J'ignorais si j'étais prête à passer cette étape. Il m'avait fallu plusieurs jours pour bien y réfléchir avant de finalement accepter, suite aux conseils de mes parents. Ils disaient que ce serait sûrement mieux que si je restais là à m'ennuyer. Ils avaient eu raison. Même si mon entrée au lycée en ce cinq septembre de l'année 2005 ne fut pas facile. J'eus même le droit aux différentes questions genre:
« Que s'est-il passé le 10 juin 1990? » Oui, je connaissais les réponses, même pour les dates antérieures à ma naissance. Du moins, je les connaissais si j'avais lu l'information ou entendu un jour ou l'autre. Ce qui les épatais surtout, ce n'était pas tant que je me souvienne de ce qu'il s'était passé tel jour mais plutôt que je me souvienne de ce que j'avais fait ou mangé à telle date.
« Qu'as-tu fait le 28 février 1999? » Sérieusement? J'avais mangé un bol de céréales à neuf heures avant d'aller me promener en compagnie de mes parents et de ma jumelle au parc puis j'avais mangé des nuggets et du riz. L'après-midi j'avais... Bah quoi? Vous voulez pas savoir? Ah bon, d'accord. Sinon, je vous aurais raconté cette journée-la dans les moindres détails. J'avais finis par trouver ma place, malgré que j'avais un an de moins que mes camarades et que j'étais atteinte d'hypermnésie. Ma sœur, elle, n'avait pas tellement apprécié que j'accepte de sauter une classe... Elle se sentait peut-être abandonnée... Mais elle ne m'en parla jamais par la suite.
2008; J'ai été diplômée du lycée à dix-sept ans. Il s'avère que j'aurais pu sauter une seconde classe mais j'avais cette fois-ci refusé. Je n'avais pas envie d'aller trop loin. Je ne voulais pas me retrouver trop jeune à la fac et ne pas m'y sentir à ma place. Avoir une année d'avance, ça passait. En avoir deux, c'était déjà autre chose. Je n'avais pas envie de prendre le risque de paraître trop bizarre arrivée à la fac et d'être exclue. Cette même année, j'avais vécu toutes mes premières fois. J'avais connu mon premier amour. Un garçon beau, intelligent, drôle, mâture mais pas trop non plus. Il était super. Au moment de l'obtention du diplôme, je sortais avec lui depuis quelques mois et pour fêter nos diplômes, j'avais décidé de nous organiser un dîner romantique. Et disons que le dessert... a été un peu spécial. Effectivement, suite à ce dîner, chez lui puisqu'il vivait déjà seul, nous avions finalement atterris sous la couette. Ce fut magique. Mais comme toujours, toutes les bonnes choses ont une fin, pas vrai? Les diplômes furent attribués en juin et fin août, il m'annonça qu'il partait à l'étranger pour ses études. Je lui avais dit que je l'attendrais, qu'on se parlerait tous les jours. Mais au bout de quelques semaines, il avait fallu se rendre à l'évidence. Nous n'étions pas fait l'un pour l'autre puisque nous n'avions pas réussis à maintenir notre couple à flot. Au moins, il ne m'avait pas trompée, ni trahie. Notre couple battait de l'aile et il m'avait finalement avoué un soir qu'il avait rencontré une autre fille et qu'il ne pouvait pas me faire de mal. Nous sommes restés de très bons amis, même si ce fut dur au début. Il est encore heureux avec cette fille à l'heure d'aujourd'hui alors je suis heureuse pour lui. Je sais en plus que je pourrais toujours compter sur lui. Il vit en France et on se parle souvent, que ce soit au téléphone ou sur internet. J'avais beaucoup pleuré et il restera toujours mon premier véritable amour. Mon premier tout d'ailleurs.
La fac. Choisir son orientation est quelque chose de vraiment difficile. On vous demande de choisir ce que vous allez faire toute votre vie. Comment, à quinze - seize - dix-sept ans, vous pourriez savoir ce que vous voulez faire le restant de vos jours? Ce n'est pas quelque chose de simple et beaucoup de jeunes doivent changer de voie, j'en suis sûre. Moi, j'avais eu la chance de savoir exactement ce que je voulais faire de ma vie. J'avais toujours aimé les vêtements, la mode, faire un peu de shopping de temps en temps. Alors pourquoi ne pas faire des études dans ce domaine?
2008-2011; J'avais postulé dans différentes universités mais surtout, j'avais postulé dans l'université de Toronto, la célèbre Niagara Evening School. J'aurais donné n'importe quoi pour être acceptée. Comme je désirais faire des études de modes, j'avais dû leur envoyer des trucs comme des dessins de vêtements, de bonnes adresses où j'allais faire du shopping, des conseils mode. Suite à ça, j'avais eu un coup de téléphone d'une professeur de stylisme et elle me convoqua pour l'étape suivante. C'était encore loin d'être gagné. C'était dans le gymnase de l'université. Il y avait plein de présentoirs avec des vêtements, des bijoux, du maquillage et de quoi coiffer. Il y avait également quelques femmes de présentes et quelques hommes. Tous mannequins. Je devais choisir trois personnes. J'avais entendu une des membres du jury râler un peu en disant que comme les autres, je ne choisirais que des filles parfaites pour faciliter la tâche. J'avais souris et surtout, j'avais compris que je pouvais faire la différence grâce à mes choix. Je choisis donc un homme, une femme à la taille de guêpe et une femme un peu plus ronde. Puis je leur choisis leurs vêtements en fonction de leur morphologie. Ils se changèrent et je vis des sourires, légers, se dessiner sur les visages du jury. Cela semblait bien partis. Je passai ensuite à l'étape coiffure et maquillage avant de les présenter au jury. Ils me posèrent des questions sur mes différents choix et je répondis sans hésitation. La styliste du jury se leva et me tendit sa main, me félicitant. Ils m'acceptaient dans leur école à l'unanimité. J'étais la plus heureuse. Niagara Evening School était l'une des écoles d'Arts les plus réputées. Et j'en faisais partie à à peine dix-sept ans. Trois ans plus tard, je quittais l'université avec un diplôme.
Janvier 2012; J'avais commencé à travailler dans un magasin de vêtements réputé. Autant dire que les tarifs étaient élevés et la clientèle de luxe. Qu'il fallait savoir les conseiller et leur proposer des tenues de choix en fonction de ce qu'ils aimaient etc... Pas facile tous les jours de supporter les caprices de certaines poupées barbie, si vous voyez ce que je veux dire. Cela me plaisait assez mais conseiller des personnes friquées qui pouvaient tout porter ne m'intéressait pas tant que ça. Ce que je voulais, c'était aider les jeunes adolescentes qui ne s'aimaient pas, ne se trouvaient pas jolies, ne savaient pas quoi porter ou comment se maquiller et se coiffer pour se mettre en valeur. C'était ça que je voulais faire. Ce fut pourquoi, quelques mois plus tard, je postais ma première vidéo conseil sur un site...
Avril 2012; Ce fut en avril de l'année 2012 que je me décidai à poster ma première vidéo conseils sur youtube. J'avais envie d'aider ces ados un peu mal dans leur peau ou celles qui se sentaient bien ne savaient pas forcément comme s'habiller, se faire jolie, se mettre en valeur. J'avais commencé par dire, dans ma vidéo, que toutes les femmes sont belles. Je leur avais rappelé que la beauté n'était que suggestive et que chacune d'entre nous est belle. J'avais ensuite commencé par des conseils maquillage pour les différentes couleurs des yeux. Puis, environ une fois par semaine ou toutes les deux semaines, je postais une vidéo. Je ne pensais pas que ça prendrait une telle ampleur. Je recevais des tas de messages, des photos de transformation etc... J'étais contente que ça ait ce succès et que tant de filles se servaient de mes conseils.
2013; Et puis, il a fallu que je songe à quitter le nid. J'avais un travail, j'étais devenue conseillère en image. Je tenais un blog et je postais toujours des vidéos sur youtube. J'avais des amis. Je me sentais prête à franchir le cap d'aller me prendre mon propre appartement. Ce que je fis. Rosalie n'avait pas vraiment apprécié. Mais je voulais voler de mes propres ailes. Suite à mon emménagement, j'avais commencé à faire du footing tous les matins. Ce n'est qu'il y a quelques semaines que j'ai décidé à aller à la salle de sport plusieurs fois par semaine, quand mon emploi du temps me le permettait.
Aujourd'hui. Nous sommes le 23 août 2014. Je suis heureuse. J'ai ma petite vie. J'ai un chat. Ou plutôt une chatte. Luciole. Je vis seule. côté coeur, j'ai eu quelques petites relations mais rien de bien sérieux. Je travaille toujours, je poste toujours mes vidéos conseils. J'ai des amis merveilleux. Je vais à la salle de sport deux à trois fois par semaine en plus de mes footings quotidiens. D'ailleurs, il y a ce mec... Je ne sais pas comment il s'appelle mais il m'attire. Nous ne nous sommes que vaguement salués jusqu'à présent mais je ne sais pas... Il a ce petit quelque chose en plus... Il faudra que je lui parle un jour. Quant à ma jumelle Rosalie, on se parle peu. Elle ne sait pas trop ce qu'elle veut faire de sa vie, elle habite toujours chez les parents avec qui c'est très tendu. C'est pas la joie. Je crois qu'elle m'en veut de réussir contrairement à elle. Je n'en sais rien en vérité. Bref, j'ai une belle vie. Et je ne regrette aucun de mes choix. Mais je suis encore loin de mes surprises.
En effet, à ce moment là, j'ignorais encore que quelques jours j'aurais la visite d'une cousine très éloignée et que je devrais donc m'occuper d'une adolescente de seize ans, mes parents ayant déjà bien assez de soucis avec Rosalie...