× ft. ANALIYA & LOUIS

Cette situation me rendait folle. C'était... C'était juste horrible de me retrouver assise là, face à ce type accusé de viol, alors que j'avais moi-même été sexuellement agressée. Je vivais un véritable calvaire. Je travaillais depuis très peu de temps avec Louis Miller, un avocat qui avait bien accepté de me prendre en stage comme c'était nécessaire si je voulais valider mon année. Je m'en serais bien passé mais j'avais loupé assez de cours comme ça alors je n'allais pas en rajouter une couche en ne faisant pas mon stage. Jusqu'à présent, Louis s'était montré assez agréable et gentil mais je ne pouvais pas m'empêcher de garder mes distances. Je refusais de me confier à un homme depuis quelques temps et encore moins à un étranger. Je ne me sentais pas à l'aise. Et en cette journée, dans ce commissariat, c'était encore pire que d'habitude. Avant, j'étais assez tranquille quand il s'agissait de parler aux autres, j'étais une personne très sociable et cela ne me faisait pas peur de parler à des étrangers, même des gens qui pouvaient être accusés d'un meurtre ou que savais-je d'autre. Mais là... C'était autre chose. Je ne parlais pas. Je n'essayais pas de convaincre ce type. Je ne le regardais même pas. "J'ai rien à dire, j'ai pas violé cette fille.", dit-il à Maître Miller. Je jouais nerveusement avec mes cheveux ou encore le stylo devant moi. Je n'avais prise aucune note contrairement à d'habitude. Je restais en quelque sorte enfermée dans une petite bulle. "On va faire une pause, on tourne en rond." Il se leva et cela me sortit d'une certaine façon de mes pensées. Il m'intima de le suivre. Avant que je ne sorte, l'accusé m'interpella et me répéta qu'il était innocent. Je sortis sans rien dire. En temps normal, j'aurais sans doute dit quelque chose. "Je prends un quart d'heure de pause, laissez-le là." Je suivis le jeune avocat sans rien dire, encore et toujours. "Tu veux quelque chose ?" Je secouai la tête en le suivant dehors. Je me mis dos contre le mur du bâtiment de la police et demandai alors: "Pourquoi vous vous cassez la tête à défendre un violeur?" Question idiote. C'était son boulot. Mais je fixai un point devant moi, sans laisser transparaître une émotion particulière. Cependant, mon regard était différent d'accoutumée. Il était plus... vide, je dirais. Quelque chose du style en tout les cas.

Spoiler:

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Je sentais bien son regard posé sur moi. Cela me gênait. Je détestais le regard des hommes sur moi. "Pourquoi tu veux devenir avocate ?" J'haussai les épaules. Je voulais devenir avocate pour défendre des causes perdues, des gens qui étaient des victimes, des pauvres, des innocents. Pour défendre les droits de chacun. Pas pour permettre à des violeurs ou des meurtriers ou encore des pédophiles de se promener librement dans les rues. Je murmurai rapidement, sans être sûre qu'il entendrait: "Pour défendre ceux qui en ont besoin.." S'il avait entendu, alors il l'avait entendu. Si non, c'était pas plus mal au final. "J'aimerai que tu participes activement à cette affaire, comme aux autres d'ailleurs." C'était quelque chose dont je me doutais. Mais je ne pouvais pas délibérément faire comme si tout allait bien, comme si être en face de cet homme accusait de viol ne me faisait rien. C'était trop dur. Je regardais le sol tout en restant adossée contre le mur du commissariat. Je n'avais pas l'intention de plus m'investir ni même de lui expliquer les raisons de mon comportement que je n'avais adopté que depuis le début de cette affaire. Vous savez ce que j'avais remarqué chez Louis? Il avait un regard magnifique. Je ne le regardais jamais dans les yeux puisque je fuyais tout contact mais j'avais pu voir ses yeux pendant qu'il lisait un dossier. Et ils étaient d'un bleu profond... A tomber. Son sourire aussi. On pouvait dire qu'il avait un sourire assez ravageur.

Je gardais cependant mes distances. J'instaurais une barrière entre nous en le vouvoyant. Je le considérais comme mon supérieur. Il était mon chef de stage, et c'était tout. Même si physiquement, il m'attirait, je refusais de laisser transparaître quoi que ce soit parce que j'étais loin d'être prête. En plus, c'était mon boss... J'avais été agressée mais je pouvais toujours voir qu'un homme était attirant, même si je ne chercherais plus à séduire les hommes que je pouvais trouver beau. En tout cas pas pour le moment. "Tu ne m'as pas déçu depuis ton arrivé, ne commence pas maintenant. Ce serait dommage." J'haussai les épaules et répondis: "J'ai pas envie de défendre un violeur, désolée." C'était clair au moins. Je ne supportais pas l'idée que Louis allait se battre pour permettre à ce type d'être soit relâché, soit d'avoir une peine moindre! Et je refusais encore plus de m'investir pour arriver à ce point alors que j'avais été agressée quelques semaines plus tôt! C'était au dessus de mes forces. Ce serait aller contre mes... principes, si je pouvais dire. Comment une femme bafouée comme je l'avais été pourrait défendre un type accusé de viol?! C'était impossible. C'était contradictoire avec ce que j'avais vécu et en plus, c'était au dessus de mes forces. Tout simplement. "Est-ce-que ça dérangerait que je reste derrière la vitre de la salle d'interrogatoire?" Je n'avais plus très envie ni le courage de me retrouver à nouveau en face de lui, en face de ce dossier où il avait des photos et ce genre de choses... Des choses que j'avais vu de bien assez près sur mon propre corps...

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"Tu n'auras pas toujours le choix de tes clients, à part si tu te spécialises dans les divorces par exemple tu seras amenée à défendre des personnes ayant des valeurs contradictoires aux tiennes. Et même dans les divorces tu rencontreras des choses horribles. Alors, à moins que tu sois assez riche et assez intelligente pour devenir ton propre patron dès l'obtention de ton diplôme, tu seras obligée de défendre des personnes qui n'en ont pas besoin - selon toi." C'est ça Louis, faites moi donc une leçon de moral, je ne vous dirais rien. Je lâchai un long soupire suite à son monologue, sans même me donner la peine de lui répondre. Je n'en voyais pas l'intérêt. Je pris soin de souligner à mon chef de stage que j'étais désolée mais que je n'avais pas envie de défendre un violeur. Sa place était derrière des barreaux pour moi. Ni plus ni moins. Il devait payer pour le crime qu'il avait commis, et il devait purger une peine correspondant au crime dont il était accusé. Surtout pas moins. Il se planta devant moi et je faisais dévier mon regard parce que je ne voulais pas croiser ses beaux yeux bleus. Il posa ses mains sur mes épaules. Un sursaut me traversa. Je détestais le contact avec un homme. Heureusement, il ôta rapidement ses mains sinon je l'aurais repoussé. Il les ôta juste après avoir dit: "Tu n'as pas le choix Analiya." J'haussai les épaules avant de demander si je pouvais rester derrière la vitre. "Non, ça ne me gêne pas. Vas chercher tes affaires, rentres chez toi." Son ton était sec. Comme il s'était tourné pour aller vers le commissariat, je levai mon regard vers lui en fronçant les sourcils. Il était dur. "Et ne reviens pas demain. Je pense que tu n'as pas choisi le métier qu'il te fallait. Deviens juge, ou secrétaire. " Pardon?! De quel droit me disait-il ça?! Il ne savait rien de moi! Je me décollai du mur et fis un ou deux pas vers lui, même s'il me tournait le dos. "Vous avez pas le droit! Vous savez même pas pourquoi je refuse d'étudier cette affaire! Jusqu'à présent j'ai pas fait la fine bouche, j'ai fais ce qu'on attendait de moi, j'ai fais ce que le boulot d'avocat demande! Alors vous avez pas le droit de me renvoyer chez moi comme ça sans rien savoir de ma vie! Je sais depuis longtemps que je veux être avocate et si vous voulez plus de moi, tant moi! J'irais voir ailleurs!" Bien sûr, cela m'ennuierait. J'étais bien ici malgré tout. J'avais déjà transgressé une ou deux de mes valeurs pour ce boulot, pour apprendre ce boulot! Il avait pas le droit de me congédier sans rien savoir. "Mais vous savez que vous allez perdre un élément, je pense avoir déjà fait un minimum mes preuves depuis que je suis à vos côtés. Vous l'avez dit vous-même: je ne vous ai jamais déçu." Je croisai les bras, détournant ensuite à nouveau mon regard. Je savais qu'il allait finir par se retourner et je ne voulais toujours pas croiser son regard.

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"Je n'en ai rien à faire de ta vie, Analiya." A quoi est-ce-que je m'attendais, franchement? "Être avocat est synonyme de ne plus avoir de vie. Et je m'en contre fiche que tu ais envie de faire ce métier depuis 50 ans, 10 ans ou même depuis maintenant." Je n'étais pas d'accord. Même en tant qu'avocat, il était possible d'avoir une vie. J'en étais persuadée. Ce n'était peut-être pas simple mais c'était possible. Il s'approcha de moi d'un pas sûr. "Des étudiants, j'en retrouve à la pelle. Et certainement des meilleurs qui acceptent de mettre leurs sentiments de côtés afin de mener une affaire à bien." J'hochai doucement la tête alors qu'il écrasa sa cigarette. Il voulait jouer à ça? D'accord. Je trouverais un autre avocat bien mieux que lui! "Vous savez quoi? Allez vous faire foutre. C'est pas vous qui me renvoyez chez moi, c'est moi qui part." Je passai à côté de lui pour retourner dans le commissariat, les larmes aux yeux. J'attrapai rapidement mon bloc et mon sac et je sortis à nouveau du bâtiments. J'avais envie de pleurer. J'avais déjà tellement pleuré ces derniers temps... Avant j'étais pleine de joie de vivre. Les choses avaient bien changées depuis mon agression. Je repassai à côté de lui puis je m'arrêtai et me tournai vers lui. "Au fait, à votre place je penserais un peu moins à mon porte-feuilles. C'est pas l'argent qui vous rendra heureux." J'avais bien compris qu'il se fichait des affaires qu'il avait à traiter tant que ça lui apportait de l'argent. Il avait été un bon prof depuis que j'étais là mais à ce moment précis, je le détestais. Je le détestais de pas comprendre, de ne même pas essayer de comprendre. Je ne lui laissais pas forcément l'occasion de le faire et je ne lui dirais rien, c'était certain, mais il n'essayait même pas. Il était prêt à défendre un violeur et il ne voyait même pas qu'il avait une victime à ses côtés depuis deux ou trois semaines déjà. Soit il s'en fichait vraiment de moi, soit j'étais très bonne comédienne. J'optais pour les deux options ensemble. Il pouvait voir que j'avais les larmes aux yeux. C'était à cause de lui mais pas seulement. Cette affaire de viol faisait remonter beaucoup trop de choses en moi. Et en plus de ça, il était si dur et froid depuis que je montrais aucun enthousiasme à cette affaire. Je me détournai pour m'en aller. C'était bien ce qu'il voulait après tout, non? Que je rentre chez moi? Alors j'allais le faire...