Je finissais à peine le boulot que je me faisais harceler par une charmante demoiselle. Comme à mon habitude je ne répondais pas et je rentrais chez moi. J'avais grand besoin d'une douche et de changer de vêtements. Je ne me priais pas pour prendre mon temps jusqu'au quinzième appel manqué de Louve. Mais ça me faisait rire, elle faisait toujours la même chose et je faisais toujours exprès de ne pas lui répondre. Elle me donnait rendez-vous dans un bar et je savais qu'elle n'allait pas m'attendre. Je finissais donc de me coiffer, de m'habiller avant de filer, sans vraiment me presser, prenant le temps de fumer une petite clope.
L'alcoolique de service déjà entrain de boire ! Je m'approchais d'elle en souriant, la laissant me crier à moitié dessus. Je trouvais ça marrant. « Bah non mais j'étais juste en pleine branlette fallait me laisser le temps ! » Je l'attrapais par les épaules pour l'attirer vers moi et je lui collais un gros bisou sur la joue. J'étais content de la voir, même si je savais qu'elle n'avait pas apprécier d'attendre. Il fallait toujours que je sois à la disposition de madame la princesse sinon ça n'allait. Et comme j'étais plutôt du genre gros con, je faisais exprès de prendre mon temps. Elle me ramena le barman et je commandais une pinte, me mettant dans la même couleur que la donzelle. Je l'observais s'asseoir sur la comptoir avec un léger sourire en coin. Ça sentait la connerie. « J'sais pas, ça dépend de ce que tu proposes ! » J'aimais bien lui laisser les rênes et puis elle gérait tout ce genre de situations tellement bien qu'elle n'avait pas vraiment besoin de moi. Je me contentais juste d'appuyer fort sur les mauvaises idées qu'elle avait.

J'sais pas trop pourquoi je l'aimais bien celle-là mais bon je me prenais plus la tête depuis longtemps. J'étais content lorsque je me glissais à ses côtés, un énigmatique sourire étirant mes lèvres. « Bah ouais mais t'étais pas là ! » Toujours de la provocation, c'était un peu le seul truc qui me représentait bien. Je souriais lorsqu'elle s'essuyait sur mon t-shirt et je lui ébouriffais les cheveux en échange. Bah oui, sinon c'était pas marrant. « Arrêtes je sais que t'aimes ça ! » Elle m'offrait un verre, la mignonne, avant qu'on se retrouve à réfléchir à un plan d'attaque. J'observais notre environnement avec un sourire un peu mauvais, cherchant des cibles sympas. Je lui jetais un regard en biais, amusé. « Je te laisse draguer le mec, j'avais envie de péter la gueule de quelqu'un justement. » Je me marrais tout seul avant de boire une gorgée de bière. J'étais impatient de partir dans ce bordel, je savais que ça finirait mal et qu'on se ferait probablement virer assez rapidement. Mais c'était pas très grave, on retombait toujours sur nos pattes. On avait toujours des trucs à faire, si c'était pas elle qui trouvait c'était moi, c'était pas très grave.

Tous ces mots s’enchaînaient vivement. Comme si j'avais fait exprès d'être en retard pour me sentir désiré, j'aimais bien. Surtout que Louve ralait beaucoup dans ce genre de moments. « J'aurai eu trop honte ! » Je levais les yeux au ciel quand elle me parla de son brushing, je savais très bien qu'elle n'en avait pas et qu'elle faisait juste son intéressante, comme toutes les filles. Comme si elle s'éclatait à passer trois heures dans la salle de bain pour me voir, moi. Alors que je m'en foutais royalement, elle pouvait bien se pointer en jogging avec les cheveux gras que ça changerait pas ma vie. Ni ce que je pensais d'elle.

Nous finissions gentiment nos bières respectives et je méditais à ce que j'allais pouvoir faire, encore. Je lui rendais son sourire, m'amusant d'avance. « Appliques-toi bien ! » Je profitais qu'elle aille voir le mec pour aller pisser un coup. C'était bon la bière mais ma vessie ne pouvait pas survivre à ce genre de choses. Je vérifiais ma tronche, ma coiffure aussi en passant. Je faisais attention à mon apparence des fois. Et il fallait que je fasse attention à mon futur rôle. Je lui avais laissé facilement dix minutes de battement, le temps de faire ma vie tranquillement. Je sortais finalement, affichant une tête de mec assez en colère et pourtant hyper figé. C'était encore plus inquiétant, et ça m'allait super bien. Je m'avançais vers la fameuse table, poussant vivement le pauvre mec. « Tu fous quoi avec ma fiancée toi ?! » Ouais, maintenant on allait se marier. C'était ma petite improvisation, c'était pas très grave. Et ça rendait le truc encore plus horrible.

Honte, honte c'était un grand mot ! Je levais les yeux au ciel, faisant mine d'ignorer totalement ce qu'elle me disait en buvant une gorgée de bière. Après je ne racontais pas non plus à tout va quand est-ce que je me branlais, c'était pas spécialement une fierté. Enfin j'espérais vraiment que personne ne se vantait de ce genre de trucs. Et puis ça s'enchaînait, sans que je réfléchisse vraiment, je me retrouvais dans les chiottes entrain de me recoiffer. Avec un sourire de merde, me demandant comment ça allait finir ces conneries. Un jour ça allait nous retomber sur le coin de la gueule.
Bébé d'amour, elle est sérieuse ? Mais je gardais ce calme, ce sang froid intérieur. Rentrant gentiment dans mon personnage de mec pas drôle, hyper énervé. Comme si j'allais le cogner. Et ce pauvre mec comprenait pas ce qu'il se passait. La bouche entrouverte, il gardait le silence quelques secondes. " C'est n'importe quoi c'est elle qui est venue me parler ! " Rien que d'entendre sa voix ça me donnait vraiment envie de lui mettre des tartes, à ce connard. Qui n'avait rien fait oui, parce que c'était plus moi le connard qu'autre chose. Mais c'était pas le but du jeu. Je ramenais Louve contre moi, comme si c'était ma propriété privée. « T'es entrain d'insinuer que c'est une menteuse ? » Si tu dis oui, je te casse la gueule, si tu dis non, je te casse la gueule aussi. J'adorais ce genre de connerie et puis ça m'allait super bien. Enfin je me sentais bien dans ce rôle de super connard. Et elle devait bien s'éclater, elle aussi, à me voir prendre sa défense. Même si c'était des conneries, au fond on aimait bien se sentir protéger l'un et l'autre. Parce que c'était le cas.