Ce jour-là, j'avais prévu plein de choses. Je devais me rendre en dehors de Toronto pour le travail. A Oshawa pour être exacte, à environ une heure de la ville. Jusque là, il n'y avait rien d'extraordinaire. C'était même plutôt tout le contraire. Il m'arrivait parfois de devoir quitter la ville pour participer à des photoshoots de magasines et ainsi les conseiller sur les tenues appropriées sur tel ou tel thème, et ce genre de choses. Parfois c'était aussi pour la boutique, partir en repérage ou voir des fournisseurs, de jeunes stylistes encore inconnus aussi. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas quelque chose d'excessivement rare, même si ça n'arrivait pas non plus super fréquemment. On pouvait dire que c'était juste bien dosé. J'en avais profité pour traîner un peu dans des boutiques en quête de cadeaux de noël. Autant faire d'une pierre deux coups, pas vrai? J'avais trouvé quelques bricoles que j'avais acheté mais j'avais tellement traînée dans les boutiques que la nuit était déjà bien tombée. J'étais remontée en voiture et je m'étais mise en route pour revenir à Toronto, impatiente d'emballer mes cadeaux. J'adorais noël. C'était une période qui à mes yeux était tout simplement magique. Oui, je faisais partie de ceux qui croient qu'à noël, il peut y avoir des miracles.

Visiblement, ce n'était pas le miracle de ma voiture en tous les cas puisqu'elle commença à faire un drôle de bruit et que des lumières rouges s'étaient allumées. Je fis la grimace en me garant sur le bas-côté. J'étais au milieu de nul part, en pleine campagne, et elle me faisait ça? Elle était sérieuse? Je mis les feux de détresse puis je sortis du véhicule pour mettre mon gilet fluorescent ainsi que le triangle. J'ouvris ensuite mon capot et de la fumée sortis. Je toussai un peu et fis une moue désespérée. Je soupirai en voyant que de toute façon, je pourrais rien faire. Ce n'était pas comme si j'y connaissais quoi que ce soit en mécanique de toute façon. Je pris mon téléphone et appelai Sandro, mon petit-ami, pour lui demander si il pouvait venir me dépanner. Bien sûr il accepta. Je lui avais indiqué la route que j'avais prise et lui indiquai qu'il ne pouvait pas me rater et que j'étais plus proche de Oshawa que de Toronto. Une fois les informations fournies, je retournai dans ma voiture et me mis à patienter. Je savais qu'il en aurait pour au moins une demi-heure, voir quarante minutes. Un homme se gara en face et vint m'aborder pour me proposer son aide. J'acceptai. Refuser aurait très bien pu être mal interprété et on ne savait jamais sur qui on tombait. Je précisai d'ailleurs qu'il pouvait jeter un oeil mais que mon copain n'allait pas tarder à arriver, juste pour être sûre qu'il n'aurait pas l'idée de me kidnapper. Je le laissais regarder sous le capot, pas forcément très à l'aise vu qu'il faisait nuit, et j'espérais sincèrement que Sandro n'allait pas tarder à arriver...

Je ne pensais vraiment pas à mal en ayant accepté l'aide de cet homme. En fait, j'avais un peu la trouille qu'il interprète mal mon refus alors j'avais dis oui pour me protéger d'une certaine façon, même si l'avoir près de moi comme ça ne me rassurait pas pour autant. La nuit était tombée et mine de rien, je me méfiais quand même beaucoup. J'étais au milieu de nul part quand même, avec un parfait inconnu. Et de nos jours, on ne savait plus sur qui on risquait de tomber alors il valait mieux rester sur ses gardes mine de rien. C'était aussi pour ça que j'avais précisé que mon petit ami n'allait pas tarder à arriver, qu'il sache que si il avait dans l'idée de me kidnapper ou de me faire quoi que ce soit, quelqu'un le saurait très rapidement. Je vis finalement le camion de Sandro arriver et je me sentis soulagée. J'avais malgré tout eu un petit rire quand l'homme se cogna la tête au capot en se redressant, comme il était assez grand. Mon petit-ami descendit du camion et vint près de moi. « Bonsoir. » Il m'embrassa. Je répondis à son baiser. « Hey. Merci d'être venu si vite. » L'homme qui avait regardé après ma voiture sourit au jeune homme sans prendre en compte le regard de travers que Sandro lui lança, tout en le saluant. Je ne dis rien, laissant les hommes discuter entre eux. Il ne servait à rien d'interrompre deux hommes discutant voitures et mécanique, pas vrai? « Merci à vous c'est gentil, mais je suis mécanicien je vais m'en occuper. » Je souris doucement alors que l'inconnu reprit la parole. « Je n'ai pas encore trouvé d'où provient la panne exactement mais je me ferais un plaisir de vous aider à la trouver si vous voulez. » Oh oh. Vu le regard que Sandro lui avait lancé en arrivant, je n'étais pas sûre que cette proposition l'enchante plus que ça. Quelque chose semblait mal passer entre les deux hommes, sans que je sache exactement pourquoi. Je n'ajoutai rien, laissant Sandro répondre. C'était lui qui savait si il voulait avoir de l'aide provenant d'un homme et non de sa petite-amie blonde qui n'y connaissait strictement rien en mécanique et qui risquait d'être plus un boulet qu'autre chose.

Je ne savais pas que Sandro pouvait se montrer un peu jaloux mais honnêtement, ce n'était pas forcément pour me déplaire. Au contraire même. J'appréciais ce petit côté possessif, tant que ça ne virait pas à de la jalousie maladive ou à une possession trop flagrante et intempestive. Je souris à son clin d'oeil puis l'homme qui a regardé sous le capot de ma voiture reprend la parole en disant qu'il n'avait pas encore trouvé d'où provenait exactement la panne mais qu'il voulait bien aider à la chercher. Il me jeta un oeil mais je ne dis rien, laissant simplement mon petit-ami gérer la situation. Il était le plus à même de décider si il voulait ou non de l'aide de la part d'un inconnu. Malgré tout, je me doutais déjà que sa réponse serait négative, même si j'attendais la confirmation de sa part, qui ne tarda pas à arriver d'ailleurs. « Sa voiture a de léger soucis de câble en ce moment c'est rien de grave je vais la remorquer sur mon camion comme ça nous pourrons rentrer chez nous rapidement. » L'homme sembla comprendre qu'il était peut-être temps de partir mais avant ça, il jugea encore bon de rajouter cette phrase qui risquait de semer la zizanie, soit entre Sandro et lui - j'ignorais comment pouvait réagir le beau brun à ce genre de remarques - ou entre Sandro et moi. Allez savoir. Ou peut-être même les deux, qui sait? « Très bien. Ce fut un plaisir de vous tenir compagnie mademoiselle. Vous êtes très agréable. » A regarder et à côtoyer, sans doute? Je souris simplement en répondant: « Merci d'avoir voulu aider. » J'espérais simplement que ça n'allait pas trop dégénérer et que Sandro saurait se contenir. Ce type ne valait pas la peine qu'il se prenne la tête après tout. Du moins, de mon point de vue, il n'y avait rien de grave et donc rien qui était une raison suffisante pour s'énerver. Mais peut-être avais-je tort ou que Sandro avait une autre vision de la situation, qui sait? Seules les minutes suivantes allaient nous le dire.

Je ne savais pas trop comment me comporter. Je ne savais pas non plus comment allait se comporter mon petit-ami ou cet inconnu. Certes, il avait juste voulu aider à la base, donc il n'y avait pas vraiment de raison de péter un plomb, pas vrai? Cependant, ce type se montrait insistant et j'avais un peu peur que Sandro finisse par craquer et lui faire regretter de se montrer aussi pesant. Il allait finir par même devenir lourd à ce rythme là. Il aurait déjà pu partir depuis un moment, depuis que Sandro était arrivé en fait. Pourtant, il était toujours là. C'était comme si il voulait faire durer le moment et ça commençait à faire un peu trop à mon goût. Je pressentais qu'à ce rythme-là, le beau brun allait finir par lui mettre son poing dans la figure à moins qu'il ne réussisse à réellement prendre sur lui pour garder son sang-froid. Chose peu évidente, je le consens. A la place de Sandro, j'aurais déjà été beaucoup moins gentille envers la femme qui le draguerait aussi ouvertement sous mon nez. Je me connaissais et je lui aurais déjà dit clairement de déguerpir si elle ne voulait pas que ça aille plus loin. Je n'aimais pas être violente mais j'étais jalouse et si une femme était trop insistante devant moi, je me fâcherais très certainement. « Bon, c'est pas tout mais on va y aller. La voiture est prête. » Génial. On allait donc enfin pouvoir partir. « Merci et bonne soirée à vous. » Il m'épatait à rester aussi calme. L'homme s'approcha et glissa un papier dans la poche de ma veste. « Bonne soirée. » Il recula et alla vers sa voiture. Je souris simplement avant de sortir le papier de ma poche. C'était une carte avec son numéro. Je la montrai à Sandro. « N'importe quoi ce type, jte jure. » Il nous tournait le dos et montait déjà dans son véhicule de toute façon alors je pouvais bien dire ce que je voulais non?. « On y va? » J'adressai un sourire à Sandro, n'ayant qu'une envie: monter dans le camion de dépannage et retourner à Toronto avec le beau brun.

Je n'en revenais pas que ce type avait le culot de me donner sa carte professionnelle avec son numéro de téléphone inscrit dessus. Je n'aurais pas pensé qu'il aurait le cran de faire ça devant mon petit-ami, surtout qu'il savait très bien que Sandro était mon chéri, je lui avais dit, j'avais été claire. Du moins, je pensais l'avoir été. Sandro vint vers moi et le beau brun vit alors que c'était le numéro de ce type et ça ne lui plu pas le moins du monde. Ce qui était assez normal mais honnêtement, il en valait pas la peine. Je n'avais plus qu'une envie, qu'on rentre enfin en ville et que je puisse retirer mes chaussures. Cependant, ça ne semblait pas être au goût du beau brun qui en voyant la carte, me dit: « Attend moi dans la voiture. » Je soupirai doucement en le regardant alors qu'il prit la carte de mes mains. « Sandro... » J'allais lui dire de ne pas aller là bas mais c'était déjà trop tard. Je levai les yeux au ciel en montant dans la voiture. Je vis clairement Sandro déchirer la carte devant le type qui avait baissé sa vitre. « T'as pas l'air d'avoir compris, mais c'est ma petite amie donc c'est pas la peine ta carte ne servira à rien. A jamais ! » L'homme sourit en coin alors que le beau brun dont j'étais follement amoureuse revenait vers la voiture. « Hé, jeune homme! Être prise ne signifie pas qu'elle ne peut pas te quitter. Donc en fait, ma carte n'est pas forcément aussi inutile que vous ne le pensez. » Il haussa les épaules avec un sourire aux lèvres, comme un sourire triomphant. Il était pourtant loin de gagner la partie. J'avais bien vu que l'homme avait répliqué mais j'espérais que Sandro allait simplement laisser couler pour revenir dans la dépanneuse qu'on puisse enfin rentrer.

Je vois Sandro aller à la voiture de l'inconnu après qu'il m'ait demandé d'aller dans la dépanneuse. Je soupire en essayant de l'appeler pour qu'il reste. Cet inconnu n'en vaut clairement pas la peine et j'avoue qu'intérieurement, j'ai un peu peur de la réaction de Sandro. J'ai peur qu'ils en viennent en mains. Sandro et moi n'avons jamais été confrontés à ce genre de situation alors j'ignore totalement de quelle manière mon petit-ami va réagir. Je ne l'ai jamais vu violent mais en même temps, aucun type n'a jamais été aussi entreprenant et insistant que celui-là. Finalement, je le vois discuter avec lui, déchirer la carte avec le numéro dessus. J'observe la scène en espérant vraiment que ça va s'arrêter là. « Après tout vous avez raison, l'espoir fait vivre, c'est bien d'y croire. » L'homme sourit en coin en hochant la tête. « Vous vivrez longtemps au moins si vous continuez à espérer qu'une fille comme ça restera avec vous longtemps. » Je finis par sortir de la voiture et je fais quelques pas vers Sandro et la voiture de l'inconnu. « Sandro, viens maintenant... S'il te plait... On rentre... » Je n'ai qu'une envie: rentrer. Je suis fatiguée, j'en ai assez de ce petit combat de coq. J'ai mal aux pieds et ma voiture est toujours en panne. Je n'attends donc qu'une chose: que Sandro monte dans la dépanneuse avec moi et qu'on s'en aille de cet endroit. Je pose mes yeux sur l'homme duquel je suis follement amoureuse et lui adresse un petit sourire. Je ne lui ai encore jamais dit que je l'aime et pourtant, c'est le cas. Je suis raide dingue de ce beau brun un peu ténébreux et adorable. C'est la première fois que je ressens quelque chose d'aussi fort pour un homme, même si je n'ai pas encore eu le courage de lui dire ce que j'éprouve comme sentiments envers lui.

Je n'avais vraiment qu'une hâte: que Sandro laisse tomber ce crétin et revienne au véhicule pour qu'on puisse enfin partir d'ici. C'était tout ce que je voulais. Plus vite ça arriverait et plus vite on serait de retour en ville, prêts à oublier cette aventure. Assise dans la voiture, je voyais bien qu'il commençait à chauffer. Je le voyais aisément à cause de ses poings qui semblaient se refermer. C'était ce que je pensais distinguer tout en étant toujours assise dans la voiture. C'était donc pour cette raison que j'étais sortie de la dépanneuse, histoire d'appeler le beau brun. J'espérais le persuader de ne pas rester là une minute de plus. Même si il semblait garder son calme, j'avais quand même un peu peur qu'il ne finisse par craquer et que les deux hommes en viennent aux mains. Ce n'était pas le but après tout. « Je viens. » Je souris doucement, soupirant presque de soulagement mais je me retins. Il vint près de moi, pris ma main et m'embrassa. Bien sûr, je répondis au baiser même si je savais aussi que si il faisait ça c'était en grande partie pour prouver à ce type que j'étais à lui et à personne d'autre. « Allons-y mon amour. » J'hochai la tête. L'homme ne répondit rien. Je n'ajoutai rien non plus et je remontai dans le véhicule. Je posai ensuite mes yeux sur mon petit-ami. « Tu m'impressionnes... Tu as réussis à garder ton calme. » Je déposai un baiser sur sa joue. « Je peux rester chez toi cette nuit? » J'avais bien envie de passer le reste de la soirée en sa compagnie et de dormir entre ses bras. Je le laissai démarrer pour ramener ma voiture en panne au garage.

J'étais réellement impressionnée de la façon dont mon petit ami avait géré les choses. J'avais eu peur qu'il ne s'emporte, qu'il ne finisse par en venir aux mains avec cet inconnu qui me draguait ouvertement devant Sandro. Pourtant, le beau brun avait eu une énorme maîtrise de lui-même. Il était resté aussi calme qu'il lui avait été possible de l'être et rien que pour ça, je l'admirais. Je n'étais vraiment pas sûre qu'à sa place j'aurais fait preuve d'autant de courtoisie. Si une femme se mettait à draguer Sandro de la même façon que ce type m'avait draguée, je ne payais pas cher pour sa peau à cette femme. « Je ne sais pas comment j'ai fait … Vraiment. » Je souris en posant mes yeux pétillants sur lui.« Peu importe comment tu as fait, je suis fière de toi. Parce que pour être honnête, si les rôles avaient été inversés, je n'aurais peut-être pas fait preuve d'autant de clémence... » Je ris doucement avant de déposer un baiser sur sa joue et de lui demander si je pouvais passer la nuit avec lui. « Bien sûr oui. » Je posai ma tête sur son épaule, sans le gêner dans sa conduite, le laissant nous ramener chez lui. J'avais envie d'un moment simple en sa compagnie et de simplement m'endormir entre ses bras. Rien de plus, rien de moins.

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