C'était un soir parmi tant d'autres. J'essayais vraiment de faire fonctionner mon couple. Nous étions sensé nous marier, être heureux. Au lieu de ça, on se voyait à peine. On se parlait à peine. C'était comme si nous n'étions plus les mêmes. Parce que pour être honnête, ce n'était pas du tout comme ça au début. Loin de là même. C'était bien. J'étais bien. On formait un beau petit couple, avec ses hauts et ses bas. Sauf qu'au moins à cette époque là, on discutait. La communication était importante pour qu'un couple fonctionne un tant soit peu correctement. Communication qui avait pratiquement totalement disparue de mon couple. Même les soirées qu'on devait se réserver une fois par semaine étaient souvent annulées, ou alors il arrivait en retard. Le travail. Il disait toujours qu'il avait une réunion de dernière minute, qu'il aurait du retard à cause d'un dossier à terminer. Ce genre d'excuses bidons qui marchaient une fois, deux fois, mais qui commençaient à lasser au bout d'un temps.

J'avais préparé un dîner romantique. On avait décidé de passer cette soirée à nous dans notre appartement au lieu d'aller dîner dehors. J'avais prévu un petit film, avec du pop-corn. Tout était prévu pour que l'on passe une bonne soirée en amoureux. La table était préparée. Deux chandelles étaient disposées au milieu. Le repas mijotait. Je m'étais mise sur mon trente-et-un avec de jolis dessus aussi en espérant qu'on passerait vraiment une très bonne soirée qui finirait peut-être dans le même lit par la suite. J'avais vraiment fait la totale. Il ne manquait qu'une chose, ou plutôt il ne manquait qu'une personne: mon fiancé. J'étais assise, seule, à la table joliment dressée du salon. Et je patientais. Bêtement. Les heures passèrent sans qu'il ne franchisse la porte d'entrée...

Enfin, j'entendis la clé dans la serrure puis la porte s'ouvrir. Je ne bougeai pas. Il entra, referma derrière lui, et vint dans le salon. Oh, il s'excusa. Bien sûr qu'il le fit. En prétextant une énième fois avoir eu plus de boulot que prévu, qu'il n'avait pas vu l'heure passer et qu'il avait oublié. Il osa aussi dire pour la énième fois qu'il se rattrapera la prochaine fois. Une dispute éclata parce que je commençais sérieusement à en avoir assez d'entendre les mêmes choses et je m'étais cassé la tête à faire un bon repas, à me faire jolie, à préparer la table et un film, et tout ça pour quoi?! Pour rien... Pour strictement rien. Le ton monta. Il me reprochait de ne pas faire d'efforts pour comprendre que son boulot était important et ça, c'était culotté. J'avais été assez patiente depuis le temps que ce petit manège durait. Je finis par jeter la serviette sur la table, prendre mes clés et mon sac et quitter l'appartement alors qu'il m'appelait, en vain puisque je ne me retournai pas.

Je montai dans ma voiture et roulai au hasard de la nuit. Je ne savais pas où j'allais et honnêtement, c'était le cadet de mes soucis. J'ignorais combien de temps j'avais roulé mais lorsqu'enfin je garai mon véhicule, je reconnu le bâtiment devant lequel j'étais. J'avais les yeux rougis et bouffis d'avoir pleurer mais peu importait. Je sortis de la voiture que je fermai à clés puis je pénétrai dans le bâtiment avant de monter jusque devant l'appartement d'Ilow. Je n'avais pas envie de rentrer chez moi et puisque le hasard - ou le destin appelez-le comme vous voulez - m'avait guidée jusqu'ici, je ne voyais pas pourquoi je devrais aller ailleurs. Je frappai à sa porte, espérant ne pas le réveiller vu l'heure tardive qu'il était, aux environs de minuit.

C'était épuisant. Toutes nos disputes m'épuisaient et je ne savais plus quoi faire. J'avais l'impression que malgré tout les efforts que j'essayais de fournir pour récupérer ce qu'on avait au début, rien n'y faisait. J'avais même la désagréable et irritable sensation que ça ne faisait qu'empirer. Ce n'était juste plus possible de continuer comme ça... Au milieu d'une énième dispute, j'avais pris mes clés et mon sac pour quitter l'appartement et monter dans ma voiture, roulant au hasard des rues éclairées de Toronto. J'avais pleuré dans ma voiture, tournant en rond dans les quartiers comme un blessé cherchant désespérément de quoi se soigner. J'avais finit par me garer de façon inconsciente devant l'immeuble d'Ilow et je me décidai à aller frapper à sa porte. Je n'avais pas envie de rentrer chez moi... Je n'avais pas envie de voir mon fiancé pour le moment... Je ne savais même pas si on allait encore rester fiancé longtemps, ni même un couple... J'avais frappé à sa porte en espérant ne pas le réveiller vu l'heure tardive qu'il était. J'entendis du bruit dans son appartement alors j'essuyai rapidement mes joues et mes yeux pour avoir l'air normale et présentable. Il ne tarda pas à ouvrir la porte qui nous séparait l'un de l'autre. “Sienna … Tout va bien ? …” J'haussai légèrement les épaules en le regardant. Je savais que mon état physique répondrait bien assez à sa question. Il m'invita à entrer, ce que je fis, puis je le laissai prendre ma main pour me guider jusqu'au canapé du salon où je m'installai avant qu'il ne reprenne la parole. “Ok … Installe toi comme si tu étais chez toi, je vais m’occuper de toi, tu as faim ? J’ai des pâtes toutes chaudes qui n’attendent qu’à être préparé, ce ne sera pas de la grande cuisine, mais ça va te réchauffer !” Je souris doucement et hochai un peu la tête. Je n'avais finalement rien mangé pour le dîner et ce ne serait peut-être pas plus mal que je me mette un petit quelque chose sous la dent. "Je veux bien... Avec un verre de vin si tu as...?" Je n'étais pas contre un peu d'alcool en cette soirée des plus désastreuse. "Je vais t'aider..." Je me relevai et vis le chat d'Ilow. Je me mis accroupis pour le caresser. "Bonjour toi... J'espère que je t'ai pas réveillé.." Le chat se mit à ronronner et cela me fit sourire un peu plus. Les animaux, un vrai remontant naturel contre un moral au plus bas. Je me relevai et accompagnai Ilow dans la cuisine pour l'aider. "Je suis désolée de débarquer comme ça à cette heure-ci sans t'avoir prévenu..." Ce n'était pas vraiment dans mes habitudes mais je n'avais pas su où aller d'autre, Ilow se présentant à cet instant précis comme une sorte de bouée de sauvetage dans la mer, un phare éclairant les marins dans la nuit...