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| Tu m'suis ou bien? |ft. Linwood | |
| Auteur | Message |
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InvitéInvité | Sujet: Tu m'suis ou bien? |ft. Linwood Lun 21 Nov 2016 - 22:18 | |
| Vendredi soir. Comme chaque semaine, il y avait du monde. Et de la bonne musique. Comme chaque vendredi, je devais faire la fermeture. Je restais jusqu’à cinq heures du matin. Et je savais que comme tous les vendredi soirs, j’allais finir pompette. Non pas que j’avais le droit de boire pendant le service mais c’est plus les clients qui m’incitait à le faire. Alors, je suivais le mouvement. Et tant que le boulot était bien fait mon patron ne pouvait rien dire. Je servais rapidement les tables qui attendaient leur commande, puis je passais du temps avec ceux accoudé au bar. Je n’avais pas vu Linwood ce soir-là. Dans le fond, c’était peut-être mieux comme ça. Il avait sûrement autre chose à faire. Ou peut-être qu’il viendrait plus tard. Au moins, ça éviterait que mes collègues me charrient sur l’éventuelle relation que j’avais avec lui. Chose qui ne les regardait absolument pas. Même moi je ne comprenais pas où tout cela allait m’amener. Et en réalité, ça m’effrayait un peu. Encore plus lorsque j’imaginais la réaction de mes sœurs. Blair ne comprendrait très certainement pas. J’allais sûrement m’en prendre plein la tronche et je ne saurais même pas quoi lui répondre. Ce n’était pas de l’amour envers Linwood. Ou du moins, je ne le pensais pas. Mais il avait ce « truc » en plus d’avoir un beau compte en banque. Sans oublier sa gamine, qui était plus jeune que moi d’un ou deux ans et qui ne pouvait m’encadrer en peinture. C’était réciproque. Et peut-être que c’était la raison pour laquelle je jouais ce jeu dangereux.
La soirée toucha rapidement à sa fin. Les clients commencèrent à quitter le bar. Si Linwood était passé, je ne l’avais pas vu. Mais bon, ce serait étonnant qu’il débarque à 4h58 du matin juste pour jouer sur le piano. C’était sa place attitrée. Après avoir débarrassé les dernières tables et ranger les derniers verres, je me dirigeais vers le vestiaire pour récupérer mes affaires. Habillée dans une robe beaucoup trop courte pour la saison et avec des talons relativement haut, je savais ce que je risquais si je venais à faire une mauvaise rencontre. Mais je n’avais pas le choix. J’enfilais mon manteau et mon écharpe et attrapa mon sac. Je saluai les derniers collègues encore présent et pris la direction de la sortie. Une fois dehors, le froid me glaça littéralement le sang. Je vérifiais que ma bombe lacrymogène était dans mon sac et je partis d’un pas rapide en direction de chez moi. Je gardais mon téléphone à la main, plus par précaution qu’autre chose. Je n’avais plus beaucoup de batterie mais assez pour appeler la police en case d’agression. Ou pour appeler Blair si jamais je me faisais suivre. D’ailleurs, j’avais cette fâcheuse habitude de changer de trottoir lorsque je voyais un groupe au loin. Je continuais de marcher dans le froid glacial de la nuit, mon téléphone à la main. En rentrant, je me ferais un bon chocolat chaud avant de me glisser dans mon pyjama combinaison en forme de chat.
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| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Tu m'suis ou bien? |ft. Linwood Dim 27 Nov 2016 - 19:05 | |
| ✩ ✩ ✩ ✩ ✩ baby, this is what you came for, lightning strikes every time she moves and everybody's watching her but she's looking at you (benewood) | calvin harris, this is what you came for Il ferma les yeux avant de porter une main à sa tempe qui devenait douloureuse. La porte avait claqué, féroce et s’il avait anticipé le geste, il n’avait pas pu retenir le léger sursaut qui avait suivi. Pourquoi éprouvait-elle le besoin d’être violente ? De se montrer aussi violente à chaque fois qu’ils avaient deux opinions opposées sur un sujet. C’était ça, l’adolescence, chez les filles ? Certes, il avait été jeune, lui aussi. Il avait fait preuve d’une grande fougue et s’était parfois dévoilé hargneux envers ses parents, mais de là à aller claquer chaque porte qui se trouvait sur son passage ? Non. Ça, c’était un truc de femmes. Elle tenait de sa mère, pour sûr. Son ex-épouse aussi, avait longtemps aimé faire du bruit en laissant les portes se refermer avec brutalité. Ce qu’il ne comprenait pas. Ce qu’il ne comprendrait sans doute jamais. Il se pinça l’arête du nez avant de jeter un coup d’œil à sa montre. Vingt-trois heures. Il pouvait encore prendre le large. Prendre sa voiture, faire un tour. Elle était assez grande, maintenant, pour prendre soin d’elle dans la maison toute seule. Il pourrait aussi lui proposer un cinéma – fut un temps où elle adorait ça, aller au cinéma avec lui, se blottir dans ses bras dès qu’une scène l’effrayait ou la faisait pleurer. Mais c’était avant. Quand elle était enfant. Un bébé. De un mois, puis deux ans, six ans, dix ans. Après était survenu la phase pré-adolescence. Et elle avait commencé à s’éloigner sans s’apercevoir que ça lui déchirait le cœur. Sans s’apercevoir qu’il se retrouvait tout seul, laissé pour compte, sur le côté, avec un cœur en miettes. Et le divorce était survenu et tout s’était encore envenimé. Parce que jusqu’alors, il avait toujours été le papounet absent mais qui rentrait et la comblait. De tout. De bisous, de câlins, de jouets. Avec le divorce, il avait été relégué au rang de père toujours absent et incapable de comprendre sa fille de quinze ans. Et, dans le fond, il ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait raison. Il était ce portrait cliché de père rarement à la maison, de père peut-être trop laxiste et trop strict à la fois. Trop permissif. Incapable de suivre les modes et de comprendre quand sa fille lui parlait avec des abréviations sorties d’il-ne-savait-pas-trop-où. Il était dépassé. Un vrai has been. Il soupira. Traversa la maison, suivant les pas de sa fille et alla jusqu’à sa porte pour frapper. Mais son poing n’avait pas encore rencontré le bois qu’elle lui sema de partir. De la laisser tranquille. Seule. Il ferma les yeux, la tête basse. Il ne pouvait pas la laisser seule, ou tranquille. Il était son père. Il l’aimait bien trop pour ça. Mais il l’aimait trop, alors il s’exécuta. Esquissa un demi-tour et alla se terrer dans le salon. Seul. Avec un verre de whisky à la main.
Ce ne fut que vers le matin qu’elle sortit à nouveau de sa chambre, un sac sur l’épaule. Leurs regards se croisèrent. Il n’avait pas dormi de la nuit, penché sur un nouveau cas pour oublier la dispute de la veille. Il voulut parler mais, de nouveau, elle le prit de court. L’avertit qu’elle sortait. Terminait la nuit, passait le week-end entier, chez une amie. Il n’écouta pas le nom, se contenta d’acquiescer, vaincu. Que pouvait-il dire ? Qu’aurait-il pu faire ? Il l’observa passer devant lui, la suivit des yeux tandis qu’elle quittait la maison. Il alla se masser la tempe lentement avant d’aller se glisser dans la douche. L’eau chaude lui ferait du bien.
Comment était-il arrivé là ? Il ne le savait pas. La douche lui avait clarifié l’esprit, reposé. Et il avait agi de façon mécanique. Sa fille était partie ? Très bien. Pas de problème. Il savait qu’il pouvait toujours aller voir quelqu’un pour ne pas se sentir trop seul. Il était là, la voiture garée – mal garée – reposant sur le capot tandis que ses yeux scrutaient la nuit. Il faisait froid. Le jour ne se lèverait pas avant au moins deux heures. Peut-être même trois. Et il attendait depuis. Il aurait pu se garer plus près. Attendre à la sortie du bar, la retrouver. Il aurait même pu s’y rendre avant la fermeture, profiter d’un verre, le temps de jouer un morceau. Mais il n’avait pas eu la foi de s’y traîner. Il avait préféré se garer à quelques rues de là, vers le premier pâté de maison en sachant que Benedikt passerait forcément par cette rue-là. Si elle rentrait chez elle. Si. Mais elle n’avait que chez elle où aller. Linwood voulait s’en convaincre. Et comme un coup du destin, il l’aperçue. Là-bas. Au coin de la rue. S’approchant. Emmitouflée dans son manteau. Il se décolla de sa voiture, esquissa un geste pour être vue par elle. C’était idiot, il était le seul manchot à attendre. Il attendit qu’elle le rejoigne. Laissa le silence prendre possession de ses mots un instant. Il ne savait jamais vraiment trop comment agir avec elle. Benedikt aussi, lui échappait. Même si avec elle, c’était tout de suite plus simple. « Je te raccompagne chez toi ? » Parce qu’il faisait froid. Parce qu’il faisait nuit. Parce qu’ils ne savaient pas qui pouvait traîner dehors, avec un temps pareil – hormis lui. Parce que si elle sortait, ça voulait dire que le bar était fermé. Si le bar était fermé, ça signifiait que des ivrognes étaient dehors. Et les personnes alcoolisées n’étaient pas toutes des enfants de chœur. Et aussi parce qu’il voulait la savoir à ses côtés, pour que cette nouvelle journée débute mieux que la précédente ne s’était terminée. |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Tu m'suis ou bien? |ft. Linwood Jeu 5 Jan 2017 - 14:13 | |
| Je n’avais jamais aimé me balader seule le soir. Ou le matin, très tôt. On voyait tellement d’horreur à la télévision que je n’avais jamais été rassurée. Mais pourtant, je vivais dans le monde de la nuit. J’étais obligée de rentrer au petit matin. J’étais obligée de côtoyer l’univers froid et glacial des rues de Toronto. Et je savais que si je me faisais agresser, personne ne m’entendrait. Ou du moins personne ne viendrait me défendre. Parce que le monde est comme ça. Parce que les gens sont peureux. Parce qu’ils ne se mêlent des affaires des autres que lorsque ça les intéresse. C’est pour ça que j’ai toujours une bombe lacrymogène sur moi. Un truc qui me permet d’avoir moins peur mais dont je suis incapable de me servir. Alors je préfère marcher d’un pas rapide, la tête baissée sur le sol. Plus vite je serais rentrée, plus vite je serais au chaud, dans mon lit. Ou devant une série. Parce qu’il fallait bien se le dire, je n’étais pas vraiment fatiguée. Je voulais juste arriver vite chez moi. Ce que je ferais une fois rentrée, c’était un autre problème. Je passe d’une rue à l’autre, lorsque j’aperçois Linwood, seul. Il me fait un signe de la main et je m’approche de lui. Si je ne le connaissais pas, je le prendrais sûrement pour une sorte de fou furieux ou de psychopathe. Parce qu’il fallait bien se l’avouer, attendre au petit matin dans la nuit noire et glaciale, il y avait légèrement plus normale comme réaction. Je lui souris. Il voulait me raccompagner chez moi. Je passe une main dans mes cheveux et répond simplement ;
« Pourquoi pas… » Je marquais une brève pause avant d’ajouter, avec un sourire malicieux : « Ou sinon, on pourrait aller chez toi s’il n’y a personne ? »
Vu de loin, ça pouvait faire bizarre. Mas en fait, ça l’était. Il avait la quarantaine alors que je n’en avais même pas vingt. J’avais l’âge de sa fille et ça ne le perturbait pas plus que ça. Ou du moins, il ne le montrait pas. Et peut-être que c’était mieux comme ça. Dans un sens, j’avais peur de cette relation à la fois ambigüe et pas forcément stable. Je ne savais pas où j’allais. Ni même si c’était bien. Dans le fond, j’en avais parler à personne. Alors que je dis tout à mes sœurs. Sauf que là, je ne voulais pas qu’elle me juge ou qu’elles m’engueulent. Je continuais de le regarder puis lui demanda :
« Pourquoi t’es pas venue ce soir ? Tu ne voulais pas me voir ? »
Ce n’était pas une accusation, juste une question. Et dans le fond, je savais qu’il avait envie de me voir, sinon il ne serait pas là à attendre. Je continuais de le regarder, attendant une réponse de sa part. Mais j’avais clairement envie de me mettre rapidement au chaud que ce soit dans sa voiture, chez lui ou même chez moi.
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