Cela faisait à peine quelques semaines, un mois tout au plus, que mon fils avait été mis au monde. Son sourire laissait un goût amer, car même s'il semblait être le plus heureux des enfants, je savais que ça ne serait pas réellement le cas dans un futur proche. L'enfant n'en avait pas encore conscience, mais en seulement quelques semaines d'existence, il avait déjà connu le rejet, l'abandon, et la solitude.

Et alors qu'il somnolait dans son porte bébé, je regardais attentivement les nuages qui défilaient sous mes yeux par le hublot de l'avion qui m'amenait jusqu'à ma nouvelle vie. Le chemin était long jusqu'à Toronto, et je me pris à penser à ce que je laissais derrière moi. La ville que javais toujours connu, ma mère, mon père... Je laissais toute une vie derrière moi, et, étant donné que je n'avais pas le droit de revenir tant qu'Isaac serait sous ma garde... jamais je ne pourrais revenir en Angleterre et entrer dans la maison dans laquelle j'avais vécu toute ma vie.

Très vite, je sortis mon téléphone et admira toutes les photos que j'avais stocké dans ma carte mémoire, toute ma vie se trouvait dans ces clichés, dont les plus vieux dataient de mes douze ans, jusqu'à aujourd'hui. Très vite, je m'aperçus qu'Imène était très présente, à croire qu'elle avait toujours été là. A croire que jamais je n'avais vécu sans elle. Je laissais échapper un soupir, et me surpris à penser que si Isaac n'avait pas débarqué dans ma vie, elle serait encore là, au coin de la rue, et que moi, je serais encore dans ma chambre, à tapoter sur le clavier de mon téléphone, répondant à je ne sais quel message texte de la jeune fille.

Je serrais le poing me haïssant de penser une telle chose. J'aimais mon fils, et il était hors de question que je me permette de regretter sa naissance. Mon regard se tourna vers l'enfant, et je me disais que j'avais de la chance, tout de même, j'avais quelqu'un qui m'aimerait toute ma vie.

Je me décidais alors à mettre mon casque sur mes oreilles, puis alluma mon lecteur musical afin de pouvoir passer le temps plus rapidement. Et bientôt, je sombrais dans le sommeil.

" Chers passagers, nous sommes présentement arrivés à Toronto, veillez à ne rien avoir oublier dans l'appareil, Air Canada vous souhaite un bon séjour, et espère que vous ayez passé un agréable moment ! "

J'ouvris les yeux lentement, puis rangea mon casque dans mon sac à dos. Je me détachais en vitesse, puis attrapa le porte bébé en m'assurant que mon fils se portait bien avant de descendre de l'appareil. Je me rendis dans la salle où l'on récupérait nos baguages, puis attrapa le grand sac à dos militaire que je mis sur le dos. Le porte bébé dans une main, et la deuxième valise dans l'autre, j'étais fin prêt à retrouver mon frère, dont j'étais conscient du sacrifice. Revenu récemment dû à une blessure de guerre, il aurait certainement dû avoir autre chose à faire, mais les liens fraternels qui nous liaient étaient plus fort que tout.

Un peu plus tard, je le vis, les yeux rivés sur son téléphone, attendant sans doute un signe de ma part. Un sourire s'installa sur mes lèvres. Il n'avait pas changé, et alors que je me précipitais, avec prudence, je ne pus m'empêcher de sentir mon coeur palpiter, comme un enfant découvrant ses cadeaux un matin de Noël.

" LOW !! "