J'étais à bout. Totalement à bout. Un an que je me battais contre les problèmes de Louise, un an que je gardais tout pour moi, sans oser en parler à qui que ce soit. Personne dans mon entourage ne connaissait la vérité sur nous, la maladie de Louise et ses problèmes d'alcool et de drogues. Ce n'était pas tout à fait le cas... Livia la connaissait, bien avant que l'on forme un couple moi et Louise. Je ne me voyais pas en parler avec quelqu'un d'autre que Livia à cet instant précis. J'avais besoin de vider mon sac, d'échanger les rôles pour une fois et d'en parler avec quelqu'un. Pas que j'attendais des conseils, ou de l'aide, ce n'était pas mon genre, mais juste pouvoir en parler. Je m'éloignais de Louise sans le vouloir, quand c'est comme ça... La communication ce n'était pas notre fort. Un baiser sur le front et je m'éclipsais aussi vite. J'avais besoin de prendre l'air, et sachant à quel point, elle pouvait être jalouse, je n'osais lui dire que j'allais rejoindre Livia. Je l'avais contacté par message quelques minutes auparavant.
Non, définitivement, non, la communication n'aidait pas dans notre couple. Pas que je lui mentais, mais on se taisait. Louise n'était pas forcément mieux que moi. Elle m'avait caché avoir envie de boire de l'alcool et ce durant des semaines et des semaines. Jusqu'à ce que je la découvre en petite tenue se déhanchant sur la table à manger, une bouteille à la main forcément. Ça ne l'avait d'ailleurs pas empêcher de retourner au bar le soir même, et j'avais joué au même jeu qu'elle. Et voilà où nous en étions maintenant, alors que ça ne faisait même pas un mois que nous étions mariés. Qu'allait être notre vie? Et pas seulement la nôtre, mais aussi pour l'enfant à venir. Et tout cela m'énervait, et je faisais toujours ce que je savais le mieux faire: m'enfuir. Fuir le quotidien et tout garder pour moi. Impossible que l'on tienne encore comme ça longtemps.
Je conduisais l'auto, les pensées divaguant complètement ailleurs. Heureusement je connaissais assez bien la route pour aller vers la fête foraine. Comme lieu pour passer un bon moment et pour se changer les idées, c'était agréable, non? Rapidement, j'arrivais à destination, attendant que Livia pointe le bout de son nez. Pour une fois, je n'étais pas en retard, et même plutôt en avance. Pour le moment, il n'avait pas l'air d'avoir énormément de monde à la fête foraine, et c'était tant mieux.

Cela faisait quelques mois que j'étais à Toronto. J'avais fait quelques rencontres. Certaines de mes rencontres n'étaient autre que des camarades de classe. J'étudiais le dessin. Je n'étais pas trop mauvaise à ça et en plus, j'adorais vraiment dessiner. Suivre des cours de dessin paraîtrait de ce fait évident mais ça n'avait pas toujours été dans mes projets, au contraire même. A Paris, je ne savais pas ce que je ferais plus tard de ma vie. Vu ce que j'avais commencé à faire dés l'âge de quatorze ans, je n'étais certainement pas destinée à aller très loin dans ma vie. Jusqu'à Damian, qui m'avait littéralement sauvée la vie. Grâce à lui, j'avais eu un peu d'espoir dans ma vie. Pendant deux ans, jusqu'à ce que la vie - justement - me le reprenne. Fichu chauffard... Sans cet accident, Damian ne serait peut-être jamais mort dans mes bras, il serait encore à mes côtés. On serait peut-être marié, on aurait une jolie maison avec une barrière blanche dans une petite bourgade quelque part en France. Peut-être même qu'on aurait un enfant, ou deux, un chien ou un chat. On aurait pu être heureux si le destin, la malchance, ou le coup du sort - appelez ça comme vous voulez - n'en avais pas décidé autrement. C'était suite à ça que j'étais partie pour Toronto d'ailleurs. J'avais espéré, peut-être vainement, que j'aurais plus de chance ici. Que la vie allait enfin me sourire. J'avais eu la chance de me trouver des amis en arrivant en ville. C'était toujours compliqué de débarquer seule dans un nouvel endroit où la moindre personne est une étrangère. J'avais vraiment été chanceuse de trouver des personnes comme Louise et Aymeric. Ces deux-là allaient bien ensemble, mine de rien, ils étaient beaux tout les deux.

En parlant d'Aymeric, il m'avait contactée pour qu'on se voit à la fête foraine. Le jeune homme était mon meilleur ami, mon confident. Il savait que j'avais été une droguée par exemple. Je ne me souvenais pas de lui avoir parlé de ce que j'avais dû faire comme métier à partir de mes quatorze ans mais ça, personne ne le savait à part Damian à l'époque. Ce n'était pas quelque chose que je pouvais crier sur tous les toits, même si ça avait été pour aider ma mère. Je n'étais malgré tout pas très fière d'avoir dû me prostituée, même si je n'avais pas vraiment eu le choix pour aider ma mère. J'avais répondu positivement à Aymeric. Je crois qu'il avait pour une fois besoin de parler lui aussi. Être celle à qui il voulait se confier ne pouvait pas me faire plus plaisir. Je n'arrêtais pas de lui parler de mes soucis quand j'en avais et inverser les rôles pour une fois me plaisait et ça me ravissait que je sois celle à qui il décide de parler. Qu'il me fasse autant confiance me touchait. Il n'y avait pas encore trop de monde à la fête foraine et ça ne rendrait le moment que plus agréable. Si l'endroit venait à être blindé d'un instant à l'autre, il faudra que l'on parle plus fortement et que l'on supporte encore en plus les bousculades agaçantes. J'arrivai au lieu du rendez-vous et trouvai assez rapidement Aymeric que je m'empressai de rejoindre. "Salut!" Je lui adressai un sourire avant de lui faire la bise. "Comment vas-tu?" Autant commencer doucement avec les politesses de base. Le jeune homme rentrerait bien assez vite dans le vif du sujet de toute façon, ce n'était pas la peine que je le stresse dés le départ, même si ma curiosité avait bien entendu été piquée au vif.

Spoiler:

Dès le départ, ça n'avait jamais été simple avec Louise. Je m'étais rapidement rendu compte qu'elle avait de sérieux problèmes d'addictions à l'alcool d'abord puis à la drogue. Nous ne nous connaissions pas tellement avant la décès des parents de Louise, qui a été une sorte de rapprochement. Louise s'était réfugiée chez moi pendant quelques jours. Et naturellement j'avais fais de mon mieux pour qu'elle se sente bien, pour être le meilleur réconfort possible sans imaginer une seconde où tout cela nous mènerait... Et si les parents de Louise n'étaient pas décédés dans cet avion? Les choses auraient certainement été différentes... En me mariant avec Louise, je savais dans quoi je mettais les pieds, elle me l'avait souvent dit, Louise m'avait averti. Je me sentais capable d'assumer tout ça, je l'avais fais durant une année, mais à ce moment là je pensais que l'on avait traversé le plus difficile. Mais je me trompais.

Je restais humain, et là j'avais besoin d'extérioriser. Je n'étais pas du genre à m'étaler sur ma vie, d'ailleurs je voyais plus souvent les bons côtés des "problèmes". Mais là c'en était trop pour moi. J'étais sur le point de péter un câble, j'avais besoin de parler avec quelqu'un qui comprendrait la situation, et Livia était la mieux placée pour ça. J'étais parti sans aucune explication, Louise ne pouvait pas me reprocher de fuir, elle était bien plus douée dans ce domaine désormais. Livia avait accepté que l'on se voit, et j'en étais content. Je ne sais pas comment j'aurais fais si elle n'avait pas pu être là... Le lieu n'était pas très approprié, mais au moins Louise ne pourrait pas me refaire des remarques dans un lieu public. Quand Livia était venue à la maison et j'avais eu le malheur de la réconforter, une crise de jalousie avait éclaté. Dans un lieu public, ça n'a pas lieu d'être n'est-ce pas? Je tournais ma tête pour voir le visage de Livia, elle n'était plus qu'à quelques pas de moi. Je souris, en la voyant, les mains enfoncées dans poches.
Hey, Livia. Eh bien ça va... Et toi? Comment vas-tu?
J'avais revu Livia il y a peu de temps, lors de mon mariage avec Louise, mais il faut avouer que ça avait été la folie, on a à peine le temps de saluer et de remercier tout le monde. J'échangeais un regard avec Livia, elle devait se douter que quelque chose n'allait pas.
Marchons un peu, tu veux bien?
J'enfonçais un peu plus mes mains dans mes poches, marchant lentement, fixant le sol.
Tu dois te demander pourquoi je t'ai demandé de venir ici... En vérité, aussi étonnant que ce soit. J'avais... J'ai besoin de parler. Et je pense que tu es la mieux placée pour ça, au vu de la situation. Je ne veux pas t'ennuyer... Ça concerne Louise et notre couple en général.

J'avais bien sûr été surprise par la proposition d'Aymeric et j'avais compris que quelque n'allait sans doute pas. Le jeune homme n'était pas réellement du genre à se confier mais je savais que ça ne lui ferait pas de mal non plus. Il ne cessait pas d'entendre les problèmes des autres, en plus de devoir supporter les siens et je comprenais que ça ne devait pas toujours être facile à supporter. En arrivant, je ne m'attendais cependant pas à lire ça dans son regard. J'avais raison: il y avait effectivement quelque chose qui n'allait pas. "Hey, Livia. Eh bien ça va... Et toi? Comment vas-tu?" Je n'étais pas idiote. Je pouvais voir que ça n'allait pas tant que ça, pas autant que ce qu'il semblait vouloir faire croire. J'hochai doucement la tête. "Je vais bien, merci." C'était la pure vérité mais honnêtement, même si ça n'avait pas été le cas, je n'aurais rien dit pour la bonne et simple raison que c'était à son tour de se confier à quelqu'un. "Marchons un peu, tu veux bien?" Une nouvelle fois, j'hochai la tête et on se mit en marche. Je gardais le silence parce que je savais qu'il ne mettrait pas plus que quelques secondes pour commencer à se mettre à table, comme on dit. Et j'avais raison. "Tu dois te demander pourquoi je t'ai demandé de venir ici... En vérité, aussi étonnant que ce soit. J'avais... J'ai besoin de parler. Et je pense que tu es la mieux placée pour ça, au vu de la situation. Je ne veux pas t'ennuyer... Ça concerne Louise et notre couple en général." Effectivement, je m'étais demandé pourquoi il avait voulu me voir. En fait, je me doutais bien qu'un truc clochait mais je n'aurais pas pu dire que c'était par rapport à Louise et au couple qu'il formait avec elle. M'ennuyer? Qu'il était drôle! Je m'arrêtai et me mis en face de lui, en posant ma main sur son bras. "Que les chose soient claires Aymeric, tu ne m'ennuies pas. T'es toujours là pour moi et je suis contente que tu te tournes vers moi pour parler." Il avait toujours été là pour moi, pour m'écouter. Quand j'avais peur d'aller m'acheter une dose de drogue, c'était vers lui que je me tournais. Je me remis à marcher. "Alors je t'acoute. Dis moi ce qui se passe et te mets dans cet état." Je tournai mon visage vers lui et lui adressai un sourire encourageant et plein de sympathie. J'avais très envie de remplir mon rôle d'amie auprès d'Aymeric, lui retourner ce qu'il avait déjà fait pour moi.

Je ne savais vraiment pas par où commencer. Livia devait comprendre l'urgence de la situation, car très rapidement elle me laissait dévier vers le sujet qui me tracassait, en m'encourageant presque à le faire. Elle allait jusqu'à me dire que ça ne l'ennuyait vraiment pas et qu'au contraire, elle était contente que je me confie à elle... Et effectivement, ça devait être la première fois que je me confie réellement à Livia, et à qui que ce soit d'autre. Personne n'était au courant des problèmes de santé de Louise, ni de sa grossesse d'ailleurs, cette dernière chose ne saurait tarder à être divulguer, c'était de moins en moins possible de le cacher. Elle reprit alors sa marche, moi marchant toujours à côté d'elle, regardant un point invisible en face de moi. Je soupirais, enfonçant un peu plus les mains dans mes poches.
C'est compliqué... En vérité, ça l'a toujours été. J'ai juste besoin que tu me promettes quelque chose. Ce que je vais te dire, cela doit absolument rester entre nous. Personne ne doit le savoir, et Louise doit encore moins savoir que je t'en ai parlé d'accord?  
Je tournais un instant la tête vers Livia, baissant légèrement le ton de ma voix:
Louise est... Elle est malade. Plus exactement atteinte d'une insuffisance rénale à un stade très grave, elle a besoin d'une greffe. Tu vas me dire que si ce n'est que ça, pourquoi je ne vais pas bien, hein?
Je passais une main dans mes cheveux, parlant sans m'en rendre compte. Avais-je déjà eu un flux pareil de paroles? Je ne crois pas. Et pourtant ça sortait tout seul, sans que je me force vraiment. Je continuais alors, retournant de nouveau la tête, observant droit devant moi:
Louise n'a pas changé... Elle est toujours accro à l'alcool, aux drogues, je n'y arrive pas. Je n'y suis pas arrivé, j'ai tout fais pour qu'elle aille mieux, tu sais? J'ai été son psy, et je l'ai soutenu. Mais à chaque fois, elle replonge tête la première. Tu imagines que cela mélangé avec sa maladie, c'est loin de faire bon ménage. Et j'ai l'impression qu'elle n'en a rien à faire... Que mettre sa vie en danger l'amuse. Mais attends ce n'est pas tout... Louise est enceinte. Nous allons avoir un enfant dans quelques mois, et cela engendre d'autres risques. Louise risque de mourir... Et je ne sais pas quoi faire pour que ça se calme.
Je me décidais à regarder Livia, histoire de voir sa réaction suite à toutes ses révélations.
Elle a à nouveau craqué hier soir... Et franchement je suis au bout du rouleau. Je pensais que tu pourrais m'aider à la comprendre, m'aider à lui pardonner. Parce que je n'y arrive plus...

Honnêtement, plus les secondes passaient et plus je commençais à m'inquiéter pour Aymeric. Ce qu'il semblait avoir besoin de me dire avait l'air important et ne ressemblait pas tellement à une bagatelle. Tout ça avait l'air très sérieux alors forcément, je m'inquiétais. Ce qu'il me demanda avant de se confier à moi n'était d'ailleurs pas pour me rassurer. "C'est compliqué... En vérité, ça l'a toujours été. J'ai juste besoin que tu me promettes quelque chose. Ce que je vais te dire, cela doit absolument rester entre nous. Personne ne doit le savoir, et Louise doit encore moins savoir que je t'en ai parlé d'accord?" Bien évidemment que ça allait rester entre lui et moi! J'étais son amie, je n'allais certainement pas rapporter ce qu'il allait me dire à qui que ce soit! Louise était également mon amie... Mais malgré tout, je ne lui dirais rien. Tout comme je ne dirais rien à Aymeric si Louise me confiait quelque chose, à moins que je ne juge cela nécessaire de le faire. Louise était instable et si je voyais qu'elle n'allait vraiment pas bien ou mettait sa vie en danger, bien sûr que j'en informerais Aymeric. C'était sûr. "Je te promets de ne rien dire à personne, pas même à Louise." J'étais très fidèle et Aymeric était celui que je considérais comme mon meilleur ami alors bien sûr qu'il pouvait avoir confiance en moi.

"Louise est... Elle est malade. Plus exactement atteinte d'une insuffisance rénale à un stade très grave, elle a besoin d'une greffe. Tu vas me dire que si ce n'est que ça, pourquoi je ne vais pas bien, hein?" Qu... Quoi?! Louise était malade?! Et elle ne m'avait jamais rien dit, moi son amie, moi qu'elle appelait parfois à trois heures du matin parce qu'elle avait prit une dose?! J'en étais clairement bouche bée. Je ne m'étais pas attendue à une révélation comme celle-là. Je choisis de laisser Aymeric continuer à se confier, le temps d'assimiler tout ça et aussi parce que je sentais que ce n'était pas terminé et j'avais peur qu'en l'interrompant, il arrête ses confidences.

"Louise n'a pas changé... Elle est toujours accro à l'alcool, aux drogues, je n'y arrive pas. Je n'y suis pas arrivé, j'ai tout fais pour qu'elle aille mieux, tu sais? J'ai été son psy, et je l'ai soutenu. Mais à chaque fois, elle replonge tête la première. Tu imagines que cela mélangé avec sa maladie, c'est loin de faire bon ménage. Et j'ai l'impression qu'elle n'en a rien à faire... Que mettre sa vie en danger l'amuse. Mais attends ce n'est pas tout... Louise est enceinte. Nous allons avoir un enfant dans quelques mois, et cela engendre d'autres risques. Louise risque de mourir... Et je ne sais pas quoi faire pour que ça se calme." Waouh... Malade, droguée et alcoolique, enceinte... Greffe... Tout ça faisait beaucoup d'informations d'un coup. C'était assez difficile à encaisser. Je regardais droit devant moi, prenant le temps d'essayer de comprendre la situation et de me remettre des émotions que ça instaurait en moi. Je comprenais pourquoi Aymeric avait besoin de parler... J'étais un peu perdue et triste aussi. Mon amie risquait sa vie encore plus que ce que je croyais... Je sentis le regard d'Aymeric sur moi mais je ne savais pas trop comment réagir. Il reprit la parole.

"Elle a à nouveau craqué hier soir... Et franchement je suis au bout du rouleau. Je pensais que tu pourrais m'aider à la comprendre, m'aider à lui pardonner. Parce que je n'y arrive plus..." L'aider à la comprendre? Parce que j'avais moi-même été très dépendantes aux substances dont Louise dépendait? Il était temps que je lui réponde maintenant. "Hum... ça fait beaucoup d'un coup... Tu sais... C'est difficile de comprendre Louise, même pour moi... Je veux dire... Je prenais de la drogue pour rendre mon "métier" plus facile et après, ça a été un engrenage... J'en avais besoin pour me sentir bien et à chaque fois que quelque chose cloche dans ma vie, je suis tentée d'en reprendre... Damian m'a sauvée en m'envoyant en cure et parce que... Je sais pas... Je crois qu'on peut dire que l'amour m'a sauvée. Mais il faut plus que juste un homme à ses côtés pour s'en sortir. Il faut le vouloir et se battre. Se battre contre soi-même, contre ses démons intérieurs..." Cependant, je crois que si j'étais tombée enceinte et que j'avais voulu le garder, je me serais battue même sans Damian pour m'en sortir. Je n'aurais jamais voulu mettre la vie d'un bébé en danger, même si ma vie était pourrie à ce moment-là... Louise, c'était différent. Peut-être n'avait-elle pas la volonté nécessaire pour rester clean? "Peut-être que si elle ne résiste pas, c'est parce que sa maladie est trop difficile à supporter pour elle. Je ne sais pas si on peut vraiment comprendre une droguée, on ne peut pas se mettre dans sa tête. Tu as déjà essayé des images chocs? De lui faire lire ce qu'il peut arriver au bébé si elle continue à prendre de la drogue?" Je soupirai doucement en baissant les yeux. "Ce que je vais dire va paraître affreux mais... Peut-être faut-il l'enfermer en cure le temps de la grossesse? Et même après, je sais pas... Il faudrait presque la surveiller tout le temps pour être sûrs qu'il n'ira pas s'acheter une dose." C'était vraiment difficile. Louise ne tenait pas le coup. Et malheureusement pour Aymeric, je n'avais pas de solution miracle. Je comprenais en tout les cas qu'il ait de plus en plus de mal à lui pardonner. A dire vrai, moi aussi je sentais la colère monter en moi. Elle allait avoir un enfant, sa vie était déjà bien assez en danger comme ça et elle en rajoutait une couche... Je ne comprenais pas moi-même qu'elle n'ait pas cette force pour combattre ses envies.

Spoiler:

Ce qui je m'apprêtais à lui révéler, peu de gens le savait. Ou pas l'entière vérité en tout cas. Aileen connaissait la maladie de Louise, sans avoir besoin d'en savoir plus, et m'aidait à veiller sur ma femme. Mais dans notre entourage, elle devait être la seule à en savoir autant. Livia allait en savoir nettement plus qu'Aileen, et je devais être certain qu'elle n'aille pas en parler, surtout pas à Louise d'ailleurs. Elle me le promettais, et rapidement, je me mis à lui parler de ce qui me tracassait. Et il y en avait à dire... La maladie de Louise, ses addictions, sa grossesse. J'imagine que c'était assez consistant à avaler, et je laissais le temps à Livia de tout encaisser. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas confié comme ça... D'un côté, ça me soulageait. Ne plus avoir ce fardeau à porter seul, de devoir garder le secret pour une question de jugements et de regards de la part des autres. Livia finit par me répondre, je l'observais, marchant toujours à ses côtés, mains dans les poches. Je l'écoutais, hochant la tête à ses paroles. Qu'est-ce que j'attendais? Pas grand chose... Un miracle peut être? Un tour de magie? Quelque chose qui pourrait nous éviter de chavirer peut être? Même si je savais très bien que c'était impossible. J'étais réaliste. Je l'avais toujours été. J'avais peut être juste eu besoin de vider mon sac, et justement de me décharger un peu. J'ai tendance à me sentir dépassé quand ça concerne Louise. Surtout que je n'avais plus de solution là maintenant. J'enfonçais un peu plus mes mains dans mes poches, fixant le sol.
J'en suis conscient... Et j'en suis désolé. Tu aurais dû savoir ça il y a bien longtemps. Mais les choses avec Louise ont toujours été compliqué. Elle ne m'a pas parlé de sa maladie tout de suite, alors... Bref. Je le comprend tout à fait, Louise n'a pas eu une année facile... Mais elle avait commencé bien avant. Et puis le fait qu'elle soit enceinte... Tu vois, je pensais que ça lui donnerait cette volonté qui lui manque. J'ai l'impression de m'être battu contre du vent, inutilement. Et ça me fout la rage!
Je continuais d'avancer, relevant la tête.
Elle est médecin en pédiatrie, elle est parfaitement consciente des risques, c'est ça le pire! Je ne vois pas d'autres solutions... J'ai franchement tout essayé. Oh! Ce n'est pas si affreux que ça... J'ai déjà essayé d'en parler avec elle, et tu imagines aisément ses réactions. On essaie de la garder à l’œil avec ma sœur. Franchement, c'était la meilleure chose à faire. Et si on n'a pas d'autres choix...

Je n'avais pas conscience d'à quel point Aymeric avait eu besoin de se confier à quelqu'un. Je savais que ce n'était pas forcément rose pour lui tous les jours. Je connaissais Louise. Je connaissais ses addictions. Elle m'avait déjà appelée au milieu de la nuit pour que j'aille la voir et elle avait essayé de me pousser à prendre une dose. J'avais dû la ramener chez Aymeric, ruser pour essayer de récupérer le petit sachet... Et il y avait l'alcool aussi, dont elle était fana. Ce n'était pas une partie de plaisir mais je pensais qu'avec Aymeric, elle finirait vraiment par aller mieux. J'étais loin de me douter que c'était encore pire que ça. Entre la maladie de Louise, la grossesse... Je comprenais qu'Aymeric ait envie de devenir dingue avec tout ça. "J'en suis conscient... Et j'en suis désolé. Tu aurais dû savoir ça il y a bien longtemps. Mais les choses avec Louise ont toujours été compliqué. Elle ne m'a pas parlé de sa maladie tout de suite, alors... Bref. Je le comprend tout à fait, Louise n'a pas eu une année facile... Mais elle avait commencé bien avant. Et puis le fait qu'elle soit enceinte... Tu vois, je pensais que ça lui donnerait cette volonté qui lui manque. J'ai l'impression de m'être battu contre du vent, inutilement. Et ça me fout la rage!" J'hochai la tête doucement. Je comprenais ce qu'il voulait dire. Louise avait besoin de plus que juste l'amour d'un homme prêt à tout pour elle. Damian m'avait sauvée parce qu'il m'avait aimée telle que j'étais et j'étais tombée amoureuse de lui moi aussi. L'amour m'avait sauvée. Et en sortant de la prostitution, j'avais pris conscience que je n'aurais plus besoin de cette drogue pour tenir. A partir de là, je crois que ça avait été plus simple de me sevrée pendant la cure et surtout, de rester clean par la suite. "Je comprends ce que tu veux dire... Tu sais... J'adore Louise. Elle est mon amie. Mais je déteste savoir ce qu'elle te fait subir. C'est pas juste. T'es toujours là pour elle et j'ai l'impression qu'elle ne fait pas le moindre effort. Se sortir de la drogue, c'est possible. J'en suis la preuve. Je dis pas que je ne suis plus une droguée. Droguée un jour, droguée toujours. Je serais toujours tentée par une dose quand ça ira mal. Mais Louise n'arrive même pas à rester clean quelques semaines... Et pourtant elle a tout le soutien nécessaire pour réussir. Et... La maladie n'est clairement pas une excuse pour se plonger dans la drogue..." J'étais peut-être un peu froide ou méchante mais je ne supportais pas de voir Aymeric aussi désemparé alors qu'il avait tout fait pour celle qu'il aimait. Je soupirai doucement. Il fallait absolument trouver une solution parce qu'il ne tiendrait peut-être plus très longtemps à ce rythme là, qu'importe l'amour qu'il pouvait lui porter. Et ce serait idiot et triste que la drogue sépare deux âmes soeurs.

"Elle est médecin en pédiatrie, elle est parfaitement consciente des risques, c'est ça le pire! Je ne vois pas d'autres solutions... J'ai franchement tout essayé. Oh! Ce n'est pas si affreux que ça... J'ai déjà essayé d'en parler avec elle, et tu imagines aisément ses réactions. On essaie de la garder à l’œil avec ma sœur. Franchement, c'était la meilleure chose à faire. Et si on n'a pas d'autres choix..." C'était pas faux. Elle connaissait parfaitement les risques qu'encourait le bébé. Ce que je disais était un peu idiot pour le coup. Sauf concernant l'enfermement en cure. "Je ne sais pas quelle va être ta décision finale mais... Je serais là. Pour elle et pour toi. Vous pouvez compter sur moi Aymeric." Le jeune homme avait toujours été là pour moi et aujourd'hui, c'était à mon tour d'être là pour lui. C'était à moi de lui prouver que j'étais son amie en étant là pour lui comme pour mon amie Louise. Je les adorais tout les deux et je comptais bien les aider du mieux possible. Je me mis face à lui et passai mes bras autour de son cou pour lui faire un câlin de réconfort et de soutien. Je ne les abandonnerais pas, même si Louise n'était pas encore prête à faire des efforts. Je resterais et je serais tellement présente pour les aider que Louise en aura marre et finira par faire des efforts par la suite rien que pour se débarrasser de moi haha.

J'avais aussi cru qu'elle irait mieux... Que je réussirais à l'aider, vraiment. Je l'avais tellement voulu, voulu pour nous deux. Mais je me battais contre du vent, littéralement. J'avais toujours pensé qu'elle n'avait pas assez de volonté pour tout arrêter, et j'en étais de plus en plus persuadé. Je détestais donner une mauvaise image de moi, et là actuellement je me détestais rien que pour ça. Non seulement, j'osais parler de mes problèmes de couple, des soucis de santé de Louise et sans parler de mon apparence, je devais ressembler à un vrai zombie. Je dormais tellement peu en ce moment... Je cogitais beaucoup. Je me frottais la nuque, fixant un point invisible au loin. Je ne voulais plus affronter un regard de Livia... Ce n'avait peut être pas été une si bonne idée que ça de me confier. Je ne voulais pas qu'elle me plaigne. "Elle n'a juste pas de volonté... Ni de bonnes raisons. Et pourtant, j'en trouve des dizaines. Mais... Rien. Louise ne veut pas. Et je ne vois pas ce que je peux faire. J'ai tout essayé. Mais j'ai l'impression que c'est pire à chaque fois. Ah ça non! Au contraire même! Si elle veut espérer être greffée après l'accouchement, il faut qu'elle arrête ses bêtises. Donc... Mais je ne veux pas que tu crois que je me plains, c'est pas le cas. C'est bien que tu sois au courant, un soutien de plus ne sera pas de trop."
Au final, Livia me montrait qu'elle tenait beaucoup à nous deux, et qu'elle serait là si j'en ressentais le besoin. Ces quelques mots étaient agréable à entendre. "Merci beaucoup, Livia. Ca compte beaucoup pour moi... Pour Louise, aussi, j'en suis sûre. " Même si cette dernière n'allait certainement pas apprécié d'avoir autant parler de notre couple avec Livia. Livia finit par me serrer dans ses bras, histoire de me montrer du soutien et du réconfort. C'était rassurant de savoir que quelqu'un nous soutenait. Je finis par me détacher de mon amie, esquissant un petit sourire. "Et toi? Tout va bien? J'espère que tu as de bonnes nouvelles à m'annoncer?" Des choses plus positives que j'ai pu lui annoncer en tout cas.

Je n'avais jamais imaginé que ça pouvait être aussi dur pour Aymeric. Il ne se confiait jamais à personne, c'était dur de lire en lui. Alors le fait qu'il m'ait choisie moi pour parler de ses problèmes personnels, oui, ça me faisait plaisir. Même si les problèmes qu'ils mentionnaient n'étaient pas évident à digérer - même pour moi - j'étais contente d'être celle qui allait l'aider à supporter son fardeau. "Elle n'a juste pas de volonté... Ni de bonnes raisons. Et pourtant, j'en trouve des dizaines. Mais... Rien. Louise ne veut pas. Et je ne vois pas ce que je peux faire. J'ai tout essayé. Mais j'ai l'impression que c'est pire à chaque fois. Ah ça non! Au contraire même! Si elle veut espérer être greffée après l'accouchement, il faut qu'elle arrête ses bêtises. Donc... Mais je ne veux pas que tu crois que je me plains, c'est pas le cas. C'est bien que tu sois au courant, un soutien de plus ne sera pas de trop." J'hochai la tête doucement. Oh oui, Louise avait des dizaines de bonnes raisons de se battre contre son addiction. Le bébé, l'homme qu'elle aimait et qui l'aimait plus que tout, ses amis, sa vie, sa santé... Et j'en oubliais, c'était clair et net. Elle manquait réellement de volonté... Je n'imaginais même pas ce qu'Aymeric devait supporter à longueur de journée. J'imaginais en tout cas qu'il devait avoir beaucoup de mal à tenir vu ce qu'il subissait. "Hé... Tu as le droit de te confier. Ce n'est pas parce que tu me parles de tes problèmes que tu te plains. Et puis franchement, tu as des raisons de te plaindre alors ne te gênes pas." Je n'avais pas de solution miracle malheureusement pour lui. Mais c'était bien de parler à quelqu'un de confiance. Je lui souris doucement, tentant d'être réconfortante autant que possible. J'aurais tellement voulu l'aider mais je ne voyais pas trop ce que j'aurais pu faire pour les aider tout les deux... Et ça me rendait triste. Je ne voulais pas voir mes deux amis malheureux et pourtant, je ne savais pas quoi faire pour les aider et les sortir de cette situation.

"Merci beaucoup, Livia. Ca compte beaucoup pour moi... Pour Louise, aussi, j'en suis sûre." C'était moins sûr que Louise en ait vraiment quelque chose à faire, mais soit. Admettons. "N'hésites jamais à venir me parler. Je suis là pour toi à n'importe quelle heure, du jour ou de la nuit. Même s'il est quatre heures du matin et que la seule chose qui m'appelle est mon lit." Je ris doucement, tentant d'être décontractante mais au fond de moi, je n'avais pas réellement envie de rire après tout ce qu'il venait de me dire. Bien vite, il changea de sujet. C'était Aymeric tout craché: il ne fallait surtout pas s'attarder sur lui. "Et toi? Tout va bien? J'espère que tu as de bonnes nouvelles à m'annoncer?" J'haussai les épaules. "Il n'y a pas grand chose à dire... La routine.." Je souris doucement en reprenant notre marche. J'avais bien rencontré un garçon mais franchement, c'était rien d'extra... Il était attirant et tout mais... Je n'étais pas sûre d'être prête, c'était compliqué dans ma tête et vu mon passé... Enfin voila, tout ça, c'était encore confus.