J’avais tellement de boulot que je décidais de faire des heures supplémentaires, encore. Le seul jour où je m’en passais, c’était le vendredi. Or, nous étions jeudi. J’avais donc toute la soirée devant moi. Et puis, j’étais plus productif lorsque personne ne se trouvait dans les parages pour me poser encore la même question. J’étais donc là, dans mon bureau. Un fond de musique résonnait. J’écoutais toujours cette même chaine de radio et je ne m’en passais pas. J’essayais de clôturer l’éditorial du prochain numéro. Mais l’inspiration ne me vint pas directement. Rapidement, Juliet fit son entrée dans mon bureau. Etonné de la voir là, je me levais tout de même pour l’embrasser. Rien ne nous empêchait de faire des galipettes sur ce bureau, non ? J’étais prêt à tout jeter d’un revers de la main. Mais la jolie blonde ne semblait pas l’entendre comme cela. Elle me regardait alors avec ses grands yeux bleus, ceux pour lesquels je craquais. « Max, qu’est – ce tu fous ? ». Depuis quand utilisait – elle ce langage ? Je n’avais jamais entendu de tels mots sortir de sa bouche. « Je profite que le bureau soit vide… ». Je lui souriais alors, essayant de la déshabiller. « Non, qu’est – ce qui se passe avec June ? ». Je m’arrêtais alors d’un coup, me demandant ce qu’il lui était arrivé. « Quoi ? Elle a eu un accident ? ». Juliet se détachais de moi et prenait même un peu de recul. « Non, du tout. Ta petite protégée va bien, ne t’en fais donc pas ! ». Je la regardais, stupéfait du ton qu’elle venait d’utiliser. « Ouh, tu vas faire attention au ton que tu utilises en parlant d’elle ! ». Je savais que je pouvais rapidement monter dans les tours quand cela concernait June. « C’est bien ce que je pensais… J’en ai discuté avec June. ». Mais pour qui se prenait – elle ? Nous n’étions ensemble que depuis quelques mois et elle semblait s’être déjà faite une idée de la relation que j’entretenais avec June. Et puis, aller lui parler de moi ? « Comment ça ? Développe… ». A présent, je me tenais derrière de mon bureau, assez loin d’elle comme si je me renfermais. Je détestais que l’on se mêle de ma relation avec June. « Elle est folle amoureuse de toi ! Tu passes ton temps avec elle. Bien plus qu’avec moi d’ailleurs. Depuis quand tu n’es pas venu boire un verre avec moi ? Fais une sortie ? June, elle a tous les vendredis pour elle. Et encore, c’est le minimum syndical. ». Mais que me faisait – elle là ? « Tu es en train de me faire une crise de jalousie ? ». Elle semblait tenir à moi pour en arriver là, non ? J’étais donc dépité, ne sachant pas comment réagir. « Non, je te demande de choisir entre June et moi. ». Voilà ce dont j’avais toujours eu peur, que l’on me demande de choisir… Mais se rendait – elle compte qu’il ne fallait même pas discuter ? Que mon choix était fait ? « Comment ça ? Tu ne peux pas me demander de choisir entre ma meilleure amie et ma copine. Le choix est fait. Tu peux y aller… ». Je la regardais alors partir, bouche bée. Il devait être 22 heures passée. Je pris mon téléphone portable et décidai d’appeler June pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. « June, on peut se voir ? Tu es chez toi? Je peux passer à ton appart’ ? ». Je rassemblais rapidement mes affaires, téléphone toujours à l’oreille. J’optais d’ailleurs rapidement pour une oreillette. Cela me permettait de bouger tout en écoutant June.

Il ne fallut pas beaucoup de temps à June pour décrocher le téléphone. Mais j’entendis au son de sa voix que je venais de la réveiller. Pendant quelques secondes, je m’en voulu d’arrêter son sommeil. Mais je me rappelais rapidement de la raison. June et Juliet s’étaient pris la tête quelques heures auparavant. Et apparemment, suffisamment pour que cela mette fin à ma relation avec cette dernière. J’avais eu la version de la blonde. Et maintenant, je voulais celle de June parce que j’étais certain qu’elle serait certainement plus vraie que celle de Juliet. « Tu aurais pu être à mon penthouse. ». June avait les clés de chez moi. Et il lui arrivait de venir dormir à la maison. Je lui avais répondu d’un ton monotone, ce qui ne m’arrivait pas souvent. « Non, rien de grave. Il faut juste qu’on parle. A tout de suite ! ». Je raccrocherais alors le téléphone. J’embarquais mes papiers de travail et mis tout dans ma mallette. J’étais fin prêt à partir. Je fermais mon bureau à clé. J’avais déjà eu quelques vols et j’évitais que cela ne se reproduise. Le bâtiment, quant à lui, était surveillé par un concierge qui s’occupait de faire le tour une fois le dernier employé parti. Je me devais donc de passer chez lui afin de le prévenir de mon départ. « Charles, je suis parti. Tu peux faire le tour comme d’habitude ? ». Je lui souriais. Il était beaucoup plus vieux de moi et approchais la soixantaine d’années. Je le prenais un peu comme mon grand-père. Tous deux, nous étions attachés l’un à l’autre. Il m’arrivait d’aller prendre le café chez lui lors d’une pause. June n’habitait pas très loin d’ici. Il ne me fallut que cinq minutes de bonne marche pour rejoindre son appartement. Je sonnais alors pour que June m’ouvre. Je ne pris pas la peine d’attendre l’ascenseur et montais les escaliers quatre à quatre. Rapidement, j’entrais dans son appartement. Il était toujours aussi propre. Ses affaires toujours rangées au même endroit. Je connaissais leur place par cœur à force. « Juliet vient de me quitter… ». Je m’installais alors dans son divan. Il n’y avait pas de manière entre nous. « Suite à une discussion qu’elle a eue avec toi. Que s’est – il passé ? Que lui as – tu dit ? ». Je ne l’accusais pas, loin de là. Je voulais juste comprendre ce qu’il se passait. Je ne pleurais pas, je n’étais pas ce genre d’homme. Mais il était aisé de voir dans mon regard que cela me tourmentait…

Après lui avoir annoncé que Juliet venait de me quitter, June semblait savoir quelque chose. Mais que me cachait – elle ? Que savait – elle ? Il ne me fallut que peu de temps pour le lui demander. Je ne m’attachais jamais vraiment énormément. June avait toujours été la seule femme qui comptait vraiment pour moi. Mais avec Juliet, c’était différent. Je m’étais attachée à elle tellement rapidement. Elle n’était pas comme les autres. Elle avait du caractère, elle. Juliet ne s’était jamais laissée marcher sur les pieds. Elle n’était pas avec moi uniquement pour mon physique comme les autres. C’est ce qui la différenciait autant. Ce temps semblait révolu à présent. June s’approchait alors du canapé, de moi. Elle se tortillait les mains. Je la connaissais assez que pour savoir qu’elle était mal à l’aise. « Elle m’a reproché la même chose. Elle m’a demandé de faire un choix… ». June devait se douter de ce que j’avais choisi, de la raison pour laquelle j’étais là. Et puis, je lui avais annoncé de but en blanc que Juliet m’avait quittée. Oui, elle en était la raison. Et je savais que cela risquerait de mettre June dans tous ses états. La belle brune prit alors mes mains dans les siennes. Attendez, June fait un geste vers moi ? Habituellement, je faisais ce genre de chose. Je touchais June, l’enlaçais, lui prenais la main, … Elle ne le faisait que très rarement. J’en profitais alors, fermant les yeux quelques secondes durant. Ce qu’elle venait de faire était quelque chose d’énorme pour moi. June venait vers moi. Et ça, je ne l’en pensais pas capable, pas maintenant. « Je ne le pensais pas non plus. ». Je n’avais pas envie de lâcher ce contact. Je gardais donc ses mains et ne bougeais pas les miennes. Elle avait cherché le contact, c’était à elle de l’arrêter quand il en ressentirait le besoin. Quant à moi, j’étais triste de la situation. Triste que Juliet m’ait quitté comme cela du jour au lendemain sans que je ne sente quelque chose. « Mais que t’a – t – elle dit ? Pourquoi elle est venue te voir toi avant moi ? Tu lui as dit quelque chose pour qu’elle décide de mettre un terme à notre relation ? ».

Je savais que Juliet et June s’évitaient un maximum. Alors oui, cela devait bien exploser à un moment. Mais je ne comprenais pas pourquoi maintenant. Que s’était – il passé pour que Juliet aille voir June ? Avais – je fait quelque chose de mal ? Je regardais June dans les yeux. Je fus surpris lorsqu’elle ouvrit la bouche comme pour me dire quelque chose mais que rien n’en sortait. Cependant, je n’insistais pas. C’était comme cela avec elle. Il ne fallait pas la forcer et la laisser faire des choses ou en dire d’elle – même sans qu’elle ne ressente une certaine pression. Et cela, je pense être le seul à l’avoir compris. Oh, il m’était arrivé une ou deux fois de m’énerver sur elle. Mais cela n’avait abouti à rien du tout. Je m’étais donc résigné à attendre, à prendre son rythme. Je m’adaptais à elle quitte à m’effacer de temps à autre. Mais elle était tout pour moi alors ne prenez pas cela comme une plainte. « Que voulais – tu lui dire ? Elle semblait s’être déjà fait son idée… ». Juliet avait un mauvais caractère aussi. Elle était une vraie tête de mule. La faire changer d’avis relevait du miracle. Moi – même, je n’avais pas su trouver les mots pour qu’elle reste à mes côtés, alors comment en vouloir à June ? Je la regardais alors. « Ne t’en fais pas. C’est que cela devait arriver. C’est que je ne suis pas fait pour être avec elle. ». Je croyais beaucoup au destin. Et je peux dire que jusque maintenant, cela m’avait plutôt bien réussi. Je serrais alors ses mains un petit peu pour lui montrer que je ne lui en voulais pas. Ce n’est pas cela qui allait changer quoi que ce soit entre nous. Et puis, ce n’était pas la première à ma quitter suite à la relation que j’entretenais avec June. Et ce ne serait certainement pas la dernière ! Je me penchais alors vers elle pour déposer un bisou sur sa joue, tout délicatement. Je ne m’y attardais pas. June n’aimait pas beaucoup cela mais j’en avais eu besoin. Lui déposer un bisou, c’était une chose que je réalisais très rarement. Cela relevait de la sphère intime. Et j’aimais bien séparer les gestes amoureux des gestes amicaux. Mais là, c’était différent…

Je la regardais alors de mes grands yeux bleus. June devait tellement s’en vouloir, se sentir responsable de quelque chose. Alors que pas du tout… Je me demandais alors comment j’allais la rassurer à mon tour. Bien que j’avais l’habitude de le faire. « Oui, j’en suis certain. Son idée était déjà faite. Tu ne pouvais rien dire ou faire pour qu’elle change d’avis. Je n’y suis pas arrivé non plus. C’est juste que je me suis vraiment demandé quoi. C’était tellement … précipité. ». Elle me fit alors la confidence d’être toujours là pour moi. J’en fus tellement touché. June ne me l’avait jamais exprimé comme cela. Enfin … Pas que je m’en souvienne. « Oh, ma June ! ». Je lui souris doucement. L’amitié qui nous liait était tellement forte. Ca en était presque inexplicable. « Je serai toujours là pour toi aussi… Le premier qui te fait du mal, il aura à faire à moi. ». Je ris doucement.
Je lui avais alors déposé un bisou sur la joue. Directement après, elle embrayait sur un autre sujet me demandant si j’avais soif. Je me promis alors de ne pas recommencer ce geste de sitôt. Pour le coup, j’avais été égoïste en faisant ce dont j’avais eu envie. « Je vais prendre un thé. Et toi ? Tu bois quelque chose ? ». Il ne lui fallut que peu de temps pour revenir sur notre sujet principal. Elle semblait réfléchir. J’avais l’impression que mille choses réflexions et questions dans sa tête. Je me tapais sur les doigts pour ne pas lui demander ce qu’il se passait. Et finalement, j’avais bien fait ! Cependant, ce qu’elle dit me surpris. Je ne laissais rien transparaître sur mon visage. Je devais lui répondre et je devais le faire sincèrement. Pour moi, le choix semblait tellement évident que je n’avais jamais vraiment réfléchi aux vraies raisons. « Oh oui, Juliet compte beaucoup pour moi. Enfin, devrais – je dire a compté beaucoup pour moi. Mais elle ne pouvait pas se permettre de me demander de choisir entre elle et toi. June, tu es celle que je connais depuis toujours, celle qui me connaît le mieux. Ma vie sans toi serait tellement triste. Je serai perdu. Nous avons nos habitudes. Et rien que l’idée de manquer un de nos vendredis me rendrait malade. Tu sais, tu comptes beaucoup pour moi. Je ne te laisserai jamais non plus. ». Je lui souris alors. On aurait pu croire que je venais de lui faire une déclaration d’amour. Mais je ne le voyais pas comme cela. Pour moi, June avait toujours été ma meilleure amie. Oh, au fond de moi, j’avais des sentiments très forts pour elle, des sentiments amoureux. Mais je ne m’en rendait pas compte…

Ce que je venais de lui dire semblait la toucher. Mais elle ne me dit rien d’autre, préférant fuir comme à son habitude. Lorsque l’on discutait d’un sujet qui la gênait ou qui la dérangeait ou tout simplement dont elle n’avait pas envie de parler, June fuyait ou changeait de sujet de conversation. Je la connaissais par cœur. Je savais presque anticiper chacune de ses réactions sauf en ce qui concerne le contact tactile. C’était tout autre chose, je ne savais jamais comment réagir avec elle. J’avais donc décidé, il y a quelques temps, de ne plus chercher à la toucher. Je préférais attendre qu’elle vienne vers moi, c’était tellement plus simple. June se levait donc du canapé pour se rendre dans la cuisine. Elle me dit de ne pas bouger. Je la laissais donc partir devant. Mais il ne me fallut que quelques secondes pour la suivre. Je restais dans l’encadrement de la porte, l’observant tout simplement. Elle prit quelques secondes pour elle. June s’était penchée sur une armoire. Je la connaissais assez bien que pour savoir que quelque chose n’allait pas… Une fois relevée, je pris la parole. « Que se passe – t – il, June ? Tu sais que tu peux tout me dire. Je suis prêt à tout entendre. ». La voir comme cela me rendait triste. Je n’aimais pas qu’elle se sente comme cela. June, MA June devait être bien en tout temps. « C’est Juliet ? C’est à cause d’elle ? Ou c’est tout autre chose ? Un garçon te tourne trop autour ? ». Je n’avais jamais réellement connu June en couple avec un homme. Oui, elle en avait eu. Et c’est tout à fait normal, c’est une beauté ! Mais ses relations amoureuses étaient toujours plutôt courtes. Je n’avais jamais cherché à comprendre pourquoi. Je laissais June me l’expliquer si elle le voulait…

Apparemment, je l’avais surprise. La boîte d’infusions s’était étalée sur le sol. J’avais pris quelques secondes à hésiter à l’aider. Mais elle aimait que tout soit rangé comme elle le voulait. Je m’abstenais alors de faire quoi que ce soit mais je m’abaissais pour me trouver à sa hauteur. Je ne touchais à rien, essayant simplement de capter son regard. Ses yeux étaient baissés. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Etait – ce à cause de ce bisou sur sa joue ? Avais – je été trop loin ? Il ne lui fallut que peu de temps pour m’avouer que cela n’allait pas. Je me relevais en même temps qu’elle, cherchant toujours à être à sa hauteur. « Tu trouves qu’il y a une heure spécifique à ce genre de discussion ? ». Je lui souris doucement tout en choisissant mon infusion. J’optais pour celle à la menthe. Avec deux sucres, c’était parfait ! Elle était d’ailleurs la seule infusion que j’aimais, préférant de loin le café. Mais il n’était pas l’heure d’en boire un, je comptais dormir cette nuit… « Tu sais que tu peux vraiment tout me dire ? Ta vie ne te convient pas ? Ton poste au boulot n’est pas bien ? Tu as envie d’une promotion ? Ou c’est plutôt côté cœur ? Tu aimerais un amoureux ? Tu veux que j’en cherche un avec toi ? ». J’étais un peu perdu. J’ouvrais l’armoire où se trouvaient les tasses. J’en pris deux ainsi que les sous – tasses assortis. C’est le genre de chose qui pourrait déranger June. Et je voulais la mettre la plus à l’aise possible. Je me pris deux sucres dans l’armoire. Je finis par me tourner vers June. « June, dis – moi ce qu’il ne va pas. Tu sais que je ne vais pas dormir si je ne le sais pas. Je veux pouvoir faire quelque chose… ». Je me dirigeais vers le canapé. Le sien était beaucoup plus moelleux que le mien. Et je l’aimais vraiment bien !

Laisser tomber… C’était mal me connaître ! Je n’aimais pas savoir June comme cela. « Non, on va en parler. Je pense que tu as besoin de dire à quelqu’un ce que tu as sur le cœur. Et si je ne te force pas à le faire, tu ne le feras pas. Alors, je suis là maintenant. Je t’écoute. Tu sais que je peux être une vraie tête de mule, non ? ». J’étais du genre à me battre. Lorsque je voulais quelque chose, je faisais tout pour l’avoir. La preuve, je tenais maintenant mon propre magasine de mode. Je n’avais eu de l’aide de personne à part June pour la monter. Mon éducation avait été comme cela. Et c’était dans mon caractère. Ce n’est pas maintenant que j’allais m’arrêter, si ? J’avais d’ailleurs pensé à donner une promotion à June. Elle le méritait au vu de tout ce qu’elle avait fait pour moi, pour ce magazine. Sous rédactrice en cheffe ? Elle aurait un rôle beaucoup plus important et d’énormes responsabilités. Le supporterait – elle ? Je ne mettais personne à la porte pour qu’elle puisse prendre la place. La précédente avait décidé de partir pour un magazine de football. Un tout autre domaine. Mais j’avoue, elle était plutôt garçon manqué. Je l’avais donc laissé partir après un préavis d’une semaine. J’avais posté une annonce sur un site de recherche d’emploi. Mais aucune des personnes s’étant présentée à l’entretien d’embauche ne m’avait convaincue… Il faudrait que j’en parle à June dans un futur proche.
Je fus alors surpris. June tenait sa tête dans ses mains avant de se lever d’un coup pour vérifier que tout était à sa place, que pas une poussière ne trainait. Les noms de créateur étaient récités. La jolie rousse entrait dans un état de crise. J’avais déjà du gérer cela plusieurs fois. Ce n’était pas une chose aisée mais il me semble que je savais comment m’y prendre. Je finis par me lever et me diriger dans sa direction. Dès que je l’avais attrapée, je la pris dans mes bras. Je la serrais fort. J’étais plus grand qu’elle. Je lui déposais alors un baiser sur sa tempe droite essayant de la calmer. J’étais plus grand qu’elle d’un peu moins d’une tête. « June, calme – toi. Je suis là, d’accord ? Je ne t’abandonnerai pas. Jamais. ». Je ne savais que dire, j’étais plutôt doué pour les gestes affectueux à mon habitude. Pour moi, un regard, un câlin, un bisou, … valaient bien souvent plus que des mots.

Cela faisait vraiment un petit moment que je n’avais plus vu June dans un tel état. Ca me faisait vraiment de la peine de la voir comme cela. Qu’avais – je bien pu faire ? Qu’avait – elle ? Que se passait – il ? J’étais complètement perdu, essayant de gérer la situation au mieux. J’avais donc décidé de me poster devant elle pour la prendre dans mes bras. Au début, elle essayait de se débattre pour me fuir. Je la serrais alors encore plus fort, l’empêchant de bouger. Je continuais à lui déposer de doux bisous sur sa tempe de temps de temps à autre. Je voulais qu’elle sache que j’étais présent pour elle. June finit par poser sa tête contre mon torse. Je n’étais que très rarement si proche d’elle physiquement. Secrètement, j’en profitais un peu. J’aimais tellement ce contact physique avec ma meilleure amie. C’est quelque chose qui manquait dans notre relation. Mais je la prenais comme elle venait. Quand je sentis qu’elle s’était presque complètement calmée, je relâchais mon étreinte. Tout avait une fin… La jolie rousse s’excusa alors, baissant le regard. D’une main, je pris son menton pour relever sa tête. « Tu n’as pas à t’excuser. Nous le savons tous les deux, ça arrive. ». Je lui parlais doucement avec un ton de compassion dans la voix. June prit alors ma main pour que l’on s’asseye tous les deux dans le fauteuil. Je la suivais. « Tu ne seras jamais seule. Je suis là pour toi, pour toujours ! ». Je n’osais plus m’approcher d’elle pour lui déposer un bisou. Je ne savais comment elle allait réagir. Oh, et puis zut ! J’enlevais rapidement mes chaussures. J’étais toujours en costard bien que j’avais fini par enlever ma veste et ma cravate. Je m’allongeais dans le divan, l’obligeant à me suivre dans ce geste. Je la pris contre moi et l’entourais d’un bras. « Tu ne veux vraiment pas me raconter ? ». Je chipotais doucement dans ses cheveux. Je n’allais plus insister. Mais ne pas savoir me rendais malade. Je voulais pouvoir faire quelque chose. « Si tu veux, tu veux venir à l’appartement quelques jours. ». Je lui déposais un bisou sur sa tête, quelque part dans ses cheveux.

Comme je l’avais prédit, June ne semblait pas vouloir m’expliquer. Elle n’allait pas bien, je ne savais pas pourquoi et je ne le saurai peut – être jamais… La voir comme cela était vraiment difficile pour moi. J’avais besoin de savoir que tout allait bien. Continuant à chipoter doucement dans ses cheveux, j’allais encore essayer. « Pour que je puisse dormir cette nuit, tu peux juste me dire quel sujet ça aborde ? ». Je parlais calmement. Nous étions tellement proches que je pouvais sentir son parfum. Je ne le sentais que très rarement. J’aimais lui faire des compliments. Je ne m’en privais donc pas. « Tu sens tellement bon… ». N’importe qui qui aurait pu voir cette scène aurait été persuadé que nous formions un couple. Mais non, June était ma meilleure amie. Mon conscient ne se rendait pas compte à quel point j’étais fou amoureux d’elle. Et il ne s’en rendrait pas compte tout seul…
Lorsque j’avais proposé à June de venir à l’appartement quelques jours, j’avais une autre idée derrière la tête : je voulais lui proposer de vivre avec moi. Je ne voulais pas la brusquer, je lui en parlerai un peu plus tard. Pas maintenant. Etre colocataire avec sa meilleure amie, ça pourrait être vraiment chouette ! J’avoue que je commençais à en avoir ras – le – bol de rentrer sans que quelqu’un ne m’attende à la maison. J’avais toujours une petite amie, je n’aimais pas être seul. Il ne me fallait que peu de temps pour en retrouver une. Mais jamais je ne leur avais proposé de vivre avec moi. Ce n’était pas des relations stables. Mais avec June, c’était différent. Je savais que c’était quelque chose qui pouvait marcher. Bon, j’allais devoir faire attention à ce que tout soit rangé non stop. Mais je devais en être capable. « Oui, c’est vrai. Et c’est avec plaisir ! ». Elle me parlait alors de Juliet. Je déposais, à nouveau, un bisou dans sa chevelure rousse. « Je pense que Juliet ne reviendra pas, tu sais. Il ne faut pas t’en faire. Et si jamais, elle ne vit pas avec moi. Donc, il n’y a pas de soucis. ».

June ressentait des sentiments pour quelqu’un ? C’est simplement cela qui la mettait dans de tels états ? J’avoue ne pas comprendre. En tout cas, pas de suite. Comment c’était possible ? Enfin, les sentiments d’amour étaient censés être positifs, non ? Tout le monde rêvait, avait envie de tomber amoureux un jour, non ? Elle avait peut – être peur de la réaction de l’autre personne ? De toute façon, n’importe qui lui ferait du mal d’une façon ou d’une autre aurait à faire à moi. « Oui, cela me convient. Mais, tu me promets de m’en parler demain ? ». Je souriais alors. Oh, elle ne le voyait certainement pas le voir au vu de notre position. Mais elle devait sans doute le ressentir. Nous nous connaissions tellement bien.
Contre toute attente, June acceptait de venir dormir quelques nuits à la maison. Je ne lui avais pas donné de nombre de nuits ni rien du tout. Je dormirai sur le canapé. Cela me convenait très bien. Et puis, il y avait toujours la possibilité de mettre un matelas par terre dans ma chambre. Enfin bref, j’allais bien trouver ! « Tu peux rester autant de temps que tu veux. Tu sais très bien que ce n’est pas moi qui vais te mettre à la porte ! ». Je déposais un énième bisou dans ses cheveux. Il m’était impossible de compter le nombre que je lui avais donné depuis tout à l’heure. Elle ne semblait pas me repousser. Et cela me faisait tellement plaisir. Nous avancions pas à pas, doucement mais sûrement. June semblait accepter de plus en plus que j’aie des gestes envers elle. Et il n’y avait rien pour me rendre plus heureux. « Oui, si cela ne te dérange pas. Vu l’heure, je pense que ce sera plus simple. ». Je me levais alors en essayant de déranger le moins possible June. J’avais besoin de ces vêtements le lendemain. Et je n’aurai certainement pas le temps de repasser par la maison. « Tu acceptes juste que je me mette au moins torse – nu histoire de ne pas chiffonner ma chemise ? ». On peut dire ce que l’on veut mais je travaillais dans un magasine de mode. Alors, aller travailler pas bien habillé en étant le patron, ça ne le faisait pas. J’exigeais que tout le monde soit toujours nickel que ce soit au niveau hygiène ou habits. C’était donc à moi de montrer l’exemple…

Oh, elle pouvait rester chez moi autant de temps qu’elle le voulait. Elle semblait d’ailleurs émettre elle l’idée de vivre avec moi. Devrais – je lui en parler maintenant ? C’était une bonne idée ? J’hésitais vraiment, me demandant que faire. Max, réfléchis tranquillement. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Je me promettais alors de lui en parler plus tard. Nous aurions tout le temps de le faire chez moi. Et puis, je préférais voir son adaptation à mon environnement. Si elle ne s’y sent pas bien, autant ne pas lui proposer. Cela risquerait de la rendre plus malheureuse qu’autre chose. Je n’étais pas prêt à quitter mon penthouse, mon chez moi. Je m’y sentais tellement bien. J’avais pris du temps pour l’aménager comme je le désirais. Alors bon. Mais d’un autre côté, j’étais capable de tellement de choses pour elle…
Rapidement, j’enlevais ma chemise. J’avais plutôt un beau corps à regarder, il ne fallait pas le nier. Je voyais June m’observer alors qu’elle buvait son thé. Elle rougissait à vue d’œil. Je préférais ne pas lui faire de commentaires de peur de la gêner. Ce n’était pas mon but loin de là. Et puis, c’était ma faute aussi. Donc, je n’allais pas lui en tenir rigueur, loin de là. Nous étions meilleurs amis, non ? « Oui, tu as raison. ». Je bus alors une gorgée.
Mon thé finit, je me sentais fort fatigué. La journée avait été longue et pas de tout repos. Je la regardais alors. Je me rendais compte que June était jolie mais vraiment très jolie. On ne pouvait pas le nier. Pourquoi n’avait – elle jamais eu quelqu’un ? Elle le méritait tellement… « Tu veux que je dorme sur le canapé ? ». Je connaissais June assez que pour savoir que c’était le genre de choses qu’elle appréciait. Je ne pouvais pas approcher son jardin secret de trop près. Et sa chambre, c’était sa chambre. Il me semble ne jamais avoir pu y mettre les pieds. Je le comprenais et le respectais totalement. J’essayais donc de trouver une solution seul. Et puis, elle n’aimait pas beaucoup le contact physique. Alors, je ne lui proposais pas de dormir à mes côtés.