Si j’en avais assez de le voir ? Il me semblait ne pas le voir assez. Je pouvais passer mes journées en sa compagnie. Mais là, c’était différent. Je savais qu’il était dans la maison, que si j’avais un problème, il était présent. « Mais non, pas du tout. C’est juste que cela doit être fait. Et nous avons d’autres choses prévues de notre journée. ». Je lui souris doucement. Entre notre séance, le ménage et le fait que je voulais aller sur la tombe de mes parents. La journée serait bien remplie.
Nous étions alors rentrés à la maison, tous les deux. Le voyage s’était déroulé plutôt calmement. Et surtout, j’avais fait attention à ma conduite. Miracle pour moi. J’avais respecté toutes les limitations de vitesse. J’étais à la limite de mordre mon volant parce que nous n’avancions pas assez vite. Du 50 km/h en ville, c’est ennuyeux. Et je m’ennuie donc. J’avais aussi mis de la musique mais pas trop fort. Je voulais qu’Aymeric soit dans de bonnes conditions pour s’endormir. C’est d’ailleurs pour cela que j’allais opter pour des écouteurs quelques instants plus tard, à la maison. « Là, je ne suis pas très fatiguée. J’en ferai peut – être une cet après – midi et tu pourras m’accompagner, si tu veux. Mais là, c’est toi qui en a besoin. Alors, file. Je m’occupe de tout. Et je te réveille dans une heure, promis ! ». Je lui souris alors, me remettant à mes activités. Il vint dans mon dos pour me prendre dans ses bras. Il était tellement mignon. J’avais vraiment du mal à lui refuser cette sieste. Mais je voulais rester sur mes positions. J’avais du caractère, c’est certain. Je tournais alors doucement la mienne pour lui déposer un bisou sur le front. Chose qu’il me faisait bien plus souvent lui que moi.

Il finit par céder. Et montait se coucher dans notre lit. Enfin, je suppose. Il semblait bien s’y sentir d’ailleurs. Il se l’était peut – être approprié ? « Pas de soucis ! ». Je l’entendais alors monter les escaliers. Ni une ni deux, je pris mes écouteurs et les branchais sur mon Iphone. L’album des Imagine Dragons sur les oreilles, j’étais partie. Il me fallut peu de temps pour terminer la vaisselle. J’entamais alors la pâte à pancakes pour le réveil d’Aymeric. Il allait certainement avoir faim. Un peu de rangement dans le salon, un coup de balais sur le sol. Une heure était déjà passée. Et la maison ressemblait enfin à quelque chose de potable. En tout cas, bien mieux qu’avant. J’entrepris alors de faire cuire les pancakes avant d’aller réveiller Aymeric. Cela ne me prendrait qu’une dizaine de minutes. Je n’en avais pas fait pour un régiment. J’avais mis la table pour qu’il n’ait plus que les pieds à mettre dessous. Je montais alors les escaliers quatre à quatre. Je portais un de ces trainings dans lesquels je me sentais à l’aise. Pour le haut, j’avais mis un t – shirt. Aymeric était au courant de l’état de mes bras, plus besoin de le cacher. J’ouvrais alors doucement la porte de la chambre. L’odeur de ce que j’avais cuisiné envahit notre chambre assez rapidement. Aymeric me saisit pour me faire asseoir à ses côtés. « Ca peut aller. ». Je n’avais pas envie de lui mentir. Cette envie de boire ne m’avait pas quitté l’esprit depuis tout à l’heure. Mais je m’étais occupée pour surmonter tout cela. « Et toi, tu t’es bien reposé ? Ca t’a fait du bien ? ». Je me penchais pour lui donner un bisou sur la joue. Je souris doucement. « Je t’ai préparé un petit déjeuner. ». Je ne quittais pas ma place. J’y étais bien pour le moment, là, à côté de lui.

J’avais pris le pli de m’inquiéter pour lui. Je ne prenais qu’exemple, finalement. Il s’inquiétait constamment pour moi. Dès qu’il ne m’avait pas dans sa ligne de mire, il se demandait comment j’allais et s’inquiétait pour moi. Pour le coup, je m’étais inquiétée en voyant sa tête ce matin. Il n’avait pas du beaucoup dormir de la nuit. Et je savais que manquer de sommeil était très mauvais. Il se pouvait qu’il ait une migraine de la journée. Et je n’aimais pas le voir souffrir. Même si, on peut se le dire, il sera le dernier à me dire qu’il a mal quelque part. « Tant mieux. Tu feras peut – être une deuxième sieste cet aprèm. ». Je lui souris alors. J’avais déjà eu du mal à ce qu’il se repose ce matin. Cela risquerait d’être une autre paire de manches. Mais je ne m’avouais pas vaincue.
Je repensais alors à toutes ces flasques cachées encore un peu partout dans la maison dont Aymeric ignorait l’existence. Il y avait celle de la salle de bain, celle de la chambre et des toilettes. Il m’arrivait assez souvent de les changer de place lorsqu’Aymeric n’était pas là. Je me disais que, comme cela, il ne pourrait jamais tomber dessus. Et puis, même si je n’avais plus touché à une goutte d’alcool depuis quelques semaines, cela me rassurait. Je savais que c’était là si j’en avais besoin. Et je me doutais que je craquerai très certainement un jour où l’autre. Mais je savais aussi que je serai capable de m’arrêter à nouveau. Certes, après avoir vidé une bouteille. Mais tout de même. Je savais que cela me ferait un bien fou. Pour le moment, j’essayais de ne pas y penser. Je devais rester forte. Du moins, en sa présence.
« Ah oui, il faut que tu profites ! Je le fais tant que j’en suis encore capable. ». Je savais qu’avec la grossesse, j’allais avoir besoin de plus en plus de repos. Et cela me rendait malade rien qu’à y penser. Vous me voyez, moi, couchée dans un lit à attendre que le temps passe ? Sérieusement ? Et bien moi, pas complètement pas.

Il se sentait très bien … pour le moment. Une heure de sieste était bénéfique mais pas assez pour récupérer une nuit complète de sommeil. Je le regardais alors, petit sourire aux lèvres. « On verra tantôt, d’accord ? ». Je n’avais pas envie de me battre, pas maintenant. Je ne savais pas comment aller tourner la journée de toute façon. Je savais jusque que nous devions avoir cette conversation. Mais plus j’y pensais moins j’en avais envie. A quoi bon lui raconter tout cela ? C’était mon jardin secret, cela m’appartenait. Je devais le lui dire. « Aym’, tu penses que c’est une bonne idée notre séance de tout à l’heure ? ». Quand je parlais de Xavier, j’avais l’habitude de baisser la tête. Je n’aimais pas me montrer faible par rapport à cela. Même si cela me touchait encore beaucoup. Je me doutais qu’il allait dire que oui, c’était une bonne idée. Mais peut – être que non. Peut – être qu’il n’avait pas envie d’écouter toute cette histoire. A quoi bon, hein ?
Aymeric était bien plus doué que moi en cuisine. Je n’aimais pas vraiment cela. Et, pour tout vous dire, je n’avais pas envie d’apprendre non plus. Je trouvais cela complètement inutile. « Je suis certaine que l’on mangera mieux quand ce sera ton tour. ». Pour les pancakes, j’avais suivi la recette de ma maman. Elle avait eu le temps de me l’apprendre quelques jours avant de décéder. Et disons que je les réussissais donc plutôt bien. Par contre, pour faire cuire des pâtes, c’était la croix et la bannière. N’allez pas essayer de comprendre. Nous descendions tous les deux les escaliers, main dans la main. Je n’avais mis la table que pour lui. Moi, j’avais la nausée et pas très faim. « Non non, tout est pour toi. J’ai déjà mangé. J’avais trop faim. ». Je ne voulais pas l’inquiéter sur mon appétit. Il était déjà inquiet pour tellement de choses. Je lui servis un verre de jus d’orange fraichement pressé. « Bon appétit ! ». Je m’assied tout de même à ses côtés pour l’accompagner dans son petit déjeuner.

Je fus tellement surprise de sa réponse. Il acceptait donc que l’on passe le sujet ? Que l’on n’en parle pas ? Je ne pouvais pas rêver mieux. Mais je me demandais tout de même si cela l’intéressait au fond. Mon correspondant avait raison. Il fallait que je garde mes distances avec lui. On ne sait jamais ce qu’il peut arriver. J’étais tellement accro à lui. S’il me quittait du jour au lendemain, je risquerai de ne pas m’en remettre… Surtout qu’il y avait un enfant en jeu maintenant. Ce n’était plus simplement une relation entre deux adultes. Non, il y avait un petit être en plus. « Merci. ». Je souris doucement comme pour clore le sujet. Il n’y avait plus rien à dire là – dessus de toute façon.
« Oh que non. Je déteste cuisiner. Et franchement, je n’ai pas envie d’être un petit cordon bleu. ». Je lui souris doucement. Prendre quelques heures pour préparer quelque chose mangé en quelques minutes. Très peu pour moi. J’avais de la chance de pouvoir m’en passer avec Aymeric à mes côtés. Sinon, je suis certaine que j’aurai été une professionnelle des petits plats à réchauffer au micro – ondes ou encore pour me rendre au traiteur chinois un peu plus loin dans la rue. Bon, tout cela n’était pas très diététique. Mais il fallait bien se nourrir, non ?
« Pas de soucis. C'était avec plaisir. ». Je m’étais assise à ses côtés pour qu’il ne mange pas seul. C’était une chose que je détestais. Je veillais donc toujours à ce qu’il ne soit pas seul au moment des repas. « J’aimerai aller au cimetière ce matin. ». Je le lui dis comme cela, d’une traite sans réellement y mettre d’émotion. Il fallait que je passe chez le fleuriste aussi. J’aimais que leur tombe soit fleurie. « Tu finis le ménage à la maison et j’y vais seule ? ». Je n’étais pas sûre qu’il ait envie de m’accompagner. Ce n’était pas un des moments les plus heureux. Mais je pouvais rester des heures devant leur tombe. M’asseoir au pied de celle – ci et simplement leur parler comme s’ils étaient à mes côtés. De cette façon, j’avais toujours l’impression qu’ils étaient là, à mes côtés.

Aymeric était quelqu’un de tellement ... attendrissant. Je ne pouvais que craquer face à lui. Il était mon tout, mon oxygène, celui qui me permettait d’encore tenir debout. Sans lui à mes côtés, je ne suis pas certaine que je ferai encore partie de ce monde ou bien si mais dans un tout autre état… « Oh que oui ! Profite profite ! ». Même si je me promis de faire plus d’efforts. Il ne devait pas tout le temps être assigné à cette tâche. Aller, Louise, cet après – midi, tu t’achètes un livre de cuisine. Il doit exister « La cuisine pour les nuls », non ? Je dois bien pouvoir trouver ça ! Je ris intérieurement.
« Je pense que je préfère que tu viennes avec moi. ». Depuis hier soir, j’avais énormément envie de boire. Je me retenais, je prenais sur moi. Mais je savais qu’en cas de coup dur, je pouvais replonger très facilement. Au fond, je ne savais pas réellement si je devais lui transmettre cette information. Comment réagirait – il ? Comme mon médecin ? Comme mon petit ami ? « J’ai énormément d’envies depuis hier soir. Et je ne sais pas de temps encore je pourrai tenir… ». Bon, autant ne rien lui cacher, non ? Je baissais un peu le regard. Je détestais montrer mes faiblesses. Je me levais alors d’un bond direction l’armoire à verres. J’avais envie d’un bon thé à la menthe. Et je préférais largement le boire dans un verre plutôt que dans une tasse. Je me tournais alors vers Aymeric. « Tu veux quelques chose à boire ? Je peux presser des oranges si tu veux ? ». Ce n’est pas ce que je préférais faire. Mais c’était tellement bon ! D’une main j’attrapais la télécommande de la radio. Il manquait d’un peu de musique ici, non ? Il ne me fallut que peu de temps pour mettre Coldplay. Une de mes chansons préférées de ce groupe : A sky full of stars. Je savais qu’Aymeric l’appréciait aussi.

Aymeric acceptait de m’accompagner au cimetière. Il ne l’avait fait qu’une seule fois, le jour de leur enterrement. Mais j’avais vraiment de plus en plus de mal à aller les voir là – bas. Je me rendais de plus en plus compte que jamais plus je ne pourrai les serrer dans mes bras. « On va leur annoncer notre heureux événement. Je ne le leur ai pas encore dit. ». Je lui souris alors. Mais tout cela n’était qu’une façade. Je n’avais que d’une chose : pleurer. Je me retenais tellement. Je ne voulais pas craquer, pas maintenant, pas devant lui. J’avalais alors ma salive comme pour garder une certaine contenance. « Oh, je pourrais craquer devant eux, tu sais. Finalement, ils ne savent plus rien y faire. Que je sois ici ou devant leur tombe, je suis toujours devant eux… C’est juste que c’est dur voilà. ». Je gardais toujours ce sourire sur les lèvres. Je préférais me forger une carapace. Il le fallait pour que je supporte tout cela. Je me doutais que cela n’allait pas plaire à Aymeric. Mais il le fallait, vraiment.
« Non non, je vais simplement me faire un thé. ». Je remplis alors mon verre d’eau avant de le passer au micro – ondes. J’optais pour la facilité. Je me mis sur la pointe des pieds pour attraper la boîte à thé et un sucre. La musique enclenchée. J’essayais de m’occuper. Pas forcément l’esprit, les mains surtout. « Oui oui, pas de soucis. Prends ton temps. On se dit que nous sommes partis dans une heure maximum ? ». Je voulais passer chez le fleuriste avant de m’y rendre. Et puis, une douche ne me ferait pas de mal non plus. J’avais encore un peu de ménage à faire. « J’ai encore quelques trucs à clôturer avant de partir. ». Je regardais alors la manne de linge à repasser qui m’attendait. Et puis, je devais réfléchir au cadeau de Noël pour Aymeric. Je n’avais pas réellement d’idée. Je devais surtout me renseigner d’abord.

Lui parler, lui parler. Je n’y arrivais pas beaucoup pour le moment. Etait – ce à cause de ce que j’avais vu la veille au soir ? A cause de ce baiser avec cette autre jeune fille ? Une chose est certaine, quelque chose s’était cassé. Je ne lui faisais plus une confiance aveugle. J’avais donc opté pour l’occupation des mains. Il fallait que cela me passe. J’étais assez grande que pour me débrouiller toute seule, non ? Je me refermais alors comme une coquille d’huitre. J’essayais de ne faire passer aucune autre émotion que de la joie. N’était – ce pas plus facile après tout ? « Oui oui. ». C’est tout ce que j’arrivais à lui dire. Je partais dans mes pensées.
Mon thé était maintenant prêt. Aymeric me stoppait dans mes actions pour m’enlacer et me déposer un bisou dans le cou. Il était tellement mignon. Je lui souris alors doucement. « Oui, mais c’est ton truc le repassage ? ». Je riais un peu comme pour le taquiner. Les hommes et le ménage, il paraît que ce n’était pas trop ça. Je le laissais alors partir pour sa douche. Ni une ni deux, je branchais le fer et vérifiais l’état de l’eau. Je poussais un peu le volume du son avant de m’atteler à cette énorme manne qui m’attendait. Je déposais mon thé sur le coin de la table du salon. Et ni une ni deux je commençais à repasser la première chemise. C’était une d’Aymeric. Celles que j’adore. Il est tellement sexy quand il les porte. Je ne commençais alors qu’une deuxième pièce lorsqu’Aymeric arrivait déjà. « Déjà là ? ». C’est qu’il avait été rapide. Ou avais – je été extrêmement lente ? Personne ne pourra nous le dire. Je terminais alors la blouse avant de couper le fer. « Repose – toi encore un peu, mon cœur. J’en ai pour une vingtaine de minutes. Juste le temps de faire une sieste. ». Je lui souris avant d’attraper la blouse que je venais de repasser. C’était justement celle – là que je voulais enfiler.

Lorsqu’il m’avait pris dans ses bras, je ne l’avais pas repoussé. Je savais très bien que faire un tel geste pouvait détruire bien des choses dans une relation. Je m’en étais donc abstenue. Même si je restais tout de même amère face à ce qu’il s’était passé la veille, je ne voulais pas détruire notre relation. Mais une chose est certaine, j’allais le garder à l’œil. Que je ne le surprenne pas encore une fois dans une telle situation ou qu’on ne me le transmette pas… J’étais très possessive et jalouse. Cela devait d’ailleurs être deux de mes défauts les plus redoutables. Et Aymeric devait très certainement s’en douter. Il allait devoir faire attention, c’était certain ! « Comme tu le sens. Mais je sais très bien le faire aussi sinon. ». Je lui souris doucement. Je préférais qu’il s’occupe d’autres choses comme de l’entretien du jardin ou des ampoules à changer. Que je fasse mon travail de femme et lui d’homme, non ?
Aymeric fut très rapidement en bas. Le repassage serait donc pour plus tard. « Non, tu sembles encore un peu fatigué. Je n’irai pas faire de sieste, les siestes, c’est pour les faibles. ». Je ris alors à cœur joie. Pourquoi ? Aucune idée. Je me calmais très vite, reprenant mes esprits. Bon, Louise, tu dois être productive en très peu de temps. « Non, il n’y a plus rien à faire. ». Oh si, il y avait des tonnes. Disons plutôt que j’avais la bougeotte. Je voyais donc des tonnes de trucs à faire. Je me promis d’ailleurs de faire une liste. Je devais encore vider certaines armoires. Et puis, que je réfléchisse à quelle chambre je donnerai à notre enfant. Je ne pouvais décemment pas toucher à celle de mon frère. Mais celle de mes parents était encore dans son état d’origine. Et j’allais avoir du mal à la changer. Je montais les escaliers quatre à quatre pour me rendre dans ma chambre. J’attrapais rapidement une petite blouse blanche ainsi qu’un jeans et des sous – vêtements. Un rapide passage sous la douche, une touche de maquillage et j’étais enfin prête. Je descendais alors afin de retrouver Aymeric.

Je le regardais alors, le sourire aux lèvres. « Moi? Je n’insinue rien du tout ! ». Je n’aimais pas vraiment de faire une sieste. Je trouvais que cela était du temps perdu. D’ailleurs j’étais de ces personnes qui n’avaient pas besoin d’énormément de sommeil. Je me contentais de cinq heures par nuit. Et avec mon métier, cela était bien. Après, il m’arrivait comme tout le monde de faire la marmotte de temps en temps. Je pouvais donc aussi m’enchainer douze heures de sommeil. Mais c’était plutôt rare. « Je sais qu’il n’y a pas de honte. Mais je ne suis pas fatiguée, ne t’en fais pas. ». Le bébé ne me pompait pas encore beaucoup d’énergie. Pour le moment, il m’empêchait plutôt de manger. La moindre chose, le moindre contact avec de la nourriture me donnait la nausée. « Mais non, je sais que tu fais attention. Et puis, que veux – tu casser ? ». Je regardais autour de moi. Je m’étais déjà chargée de casser une bonne partie des choses cassables de la maison. Quand je partais en live, dans une de mes crises, j’avais l’habitude de jeter tout ce que j’avais sous la main. « Parce que tu penses que je vais être coincée dans un lit ? Pas possible, tu le sais. ». Je ne tenais jamais en place. Je me doutais que le médecin allait finir par me recommander le repos total. Mais cela m’était impossible. Je ne voulais pas perdre mon temps comme cela.
J’étais donc prête et habillée. Il ne me manquait que les chaussures. Aymeric vint me rejoindre. Une caresse sur la joue. J’approchais mes lèvres des siennes pour l’embrasser. « Un petit tour chez le fleuriste et puis direction le cimetière ? Cela te convient ? ». Je pris alors les clés de ma voiture et me dirigeais vers la porte d’entrée.