Samedi. Mon jour de la semaine préféré ! J’avais flâné toute la journée dans la maison, donnant un coup de main à maman pour le ménage. Il m’arrivait de vouloir faire la petite fille modèle. Il fallait tout de même que je me montre sous un beau jour de temps en temps, non ? « Louise, tu peux aller chercher le linge sale en haut ? ». Je la regardais alors. « Oui, maman. Mais tu peux me laver une blouse en premier ? ». Ayant fait des efforts toute la journée, ma mère ne me refusait rien. « Oui, pas de soucis. ». En fait, j’en avais besoin le soir même pour sortir. Mais cela, elle l’ignorait. Je n’avais alors que 14 ans. Ce qui était un peu jeune pour sortir. Oh, cela n’allait pas être la première fois que je mettrai mes pieds dans ce bar. Mais je commençais tout doucement à y aller tous les week – ends. J’y retrouvais notamment Rosalie. Nous y passions tellement du bon temps. L’heure du souper arriva assez rapidement. Maman vanta mes mérites auprès de mon père sur le travail que j’avais accompli durant la journée. Mon frère n’était pas là. Il était parti chez un pote passer la soirée. Nous terminions le repas vers 20h30. Sortir à cette heure – ci était vraiment dépassé. Il était beaucoup trop tôt. Je m’attardais alors sur mon ordinateur. Je surfais, discutais avec des amis sur msn, … Et une de mi – heure avant de partir, j’enfilais mes vêtements et me maquillais. Tout de suite, je prenais quatre ans de plus. N’importe qui dans la rue pourrait me dire que j’ai 18 ans. Je savais me vieillir très facilement. Et j’étais plutôt douée dans le domaine. J’attendis que mes parents aillent se coucher pour sortir, à mon tour, par la fenêtre de ma chambre. J’étais au premier étage mais je me débrouillais plutôt bien en acrobatie. J’avais rendez – vous avec Rosalie un peu plus loin dans la rue. « Waouh ! T’es superbe, Lou’ ! ». Je la regardais alors de haut en bas. « Et toi, dont ! ». Nous rions aux éclats. Ca allait être une bonne soirée, comme on les aime. Il nous fallut peu de temps pour arriver à destination. « Deux téquilas paf, s’il vous plaît ! ». Le barman nous servait directement. Je regardais alors Rosalie. « A nous ! ». Nous buvions toutes les deux notre verre d’une seule traite. Nous nous en enfilions trois comme cela d’une traite. Et ce n’était que le début !

Nous étions là depuis un petit quart d’heure. Rosalie et moi préférions boire un verre avant de se rendre sur a piste de danse. Cela nous permettait de se détendre un petit peu. Nous discutions de tout et de rien mais principalement de choses joyeuses. Nous rions aux éclats pour n’importe quoi. Tout à coup, venant de nulle part, un garçon vint. Il nous proposait quelque chose à boire. Nous ne disions jamais non, c’était cela en moins de dépensé sur notre argent de poche. Je tournais donc la tête vers ce jeune homme. Et autant vous dire qu’il était incroyablement sexy ! « Bien sûr que oui ! Comment refuser ? ». Je lui souris doucement. Et Rosalie se sentit obligée d’ajouter quelque chose. « Si jamais tu veux danser avec elle, elle est libre. ». Mais le dit garçon n’eut pas le temps de répondre qu’il se faisait déjà embarquer par une autre jeune fille. Etait – il un homme à fille ? Tout ce que je détestais… Mais j’avoue qu’avec sa chemise blanche, je ne pouvais faire que craquer. « Ros’, qu’est – ce que t’as fait ? ». Elle me regardait alors, assumant son geste. « T’as pas vu comment il te débordait des yeux ? Il n’en avait que pour toi ! ». Je rougis alors doucement. Les garçons s’intéressaient généralement plus à Rosalie. Je ne sais pas trop pourquoi. Mais elle avait les garçons plus facilement. Nous reprenions la discussion là où elle s’était arrêtée. « Il n’arrête pas de te regarder. ». Ni une ni deux, j’entrainais Rosalie sur la piste de danse laissant nos cocktails là. « Dis, Bart, tu peux garder nos cocktails ? On les reprend après. ». Nous étions plutôt des habituées. Il ne se fit d’ailleurs pas prier pour le faire. Ma chanson préférée passait. Telle deux amies, nous dansions. Oh, il nous arrivait de provoquer un peu. Ce que nous faisions doucement, ne voulant pas non plus gêner d’autres personnes.

Une chanson de Sheppard passait. J’adorais ce groupe. J’en étais complètement fan. Je sautais sur la piste de danse, comme si j’étais dans un concert d’ailleurs. Et Rosalie me suivait dans mon délire. Nous nous comprenions tellement. « So say Geronimo, say geronimo. ». Là, je m’étais complètement lâchée. J’avais déjà trois téquilas paf dans les pattes. Cela aidait, c’est certain ! La chanson finie, je retournais au bar pour y boire un peu dans mon cocktail. J’avais chaud. Il fallait que je me réhydrate. Bon, l’alcool n’était peut – être pas la meilleure solution. Mais elle me convenait plutôt bien. Rosalie m’avait suivie. Dans de tes soirées, nous ne nous lâchions pas. De peur que quelque chose arrive à l’autre. Nous veillions au grain. Je refusais que l’on touche à ma meilleure amie si elle n’en avait pas envie. Et elle faisait de même pour moi. Rapidement, nous étions de retour sur la piste de danse. Le jeune homme qui nous avait offert des cocktails vint vers moi et me tendait sa main. Il me proposait de danser ? Sérieusement ? Rosalie avait donc vu juste. Je la regardais dans ses yeux comme pour avoir son approbation. Ce qu’elle fit directement. Un énorme sourire sur son visage se dessinait. Je ne savais où poser mes mains. Je me rappelais alors ces téquilas paf avalées et ce demi cocktail ingurgité. Je posais mes mains à sa taille. La musique était un peu plus douce. Ils passaient vraiment tous les styles ici. Nous étions proche d’une chanson de slow, pas de celles qui bougent dans tous les sens. « Je peux savoir ton prénom ? ». Je souriais doucement. C’était une des premières fois où un garçon s’intéressait à moi. J’étais un peu gênée, ne sachant pas comment réagir ni que faire. Et puis, que dire ? Rosaliiiie, aide – moi !

Je cherchais du regard Rosalie, ne voulant pas la laisser seule avec un garçon un peu trop lourd. Mais elle était, elle aussi, avec un garçon et cela semblait plutôt bien se passer. Nous avions un code entre nous afin de savoir si tout allait bien ou pas. Et pour le coup, elle me fit le code qui me disait que tout était bien. Je me concentrai donc à nouveau sur le beau jeune homme se trouvant devant moi. Nous dansions doucement. Je semblais bien plus à l’aise que lui. Il m’avait alors répondu. Il portait le doux prénom d’Aymeric. « Joli prénom. ». Comme je pouvais m’y attendre, il me retournait la question. Je ne donnais jamais mon prénom la première fois. C’était une de mes règles. Et je n’y succombais jamais. J’utilisais alors mon deuxième prénom. Il était là pour ça, non ? « Tu peux m’appeler Jaylinn. ». Je lui souris, espérant qu’il comprenne que ce n’était pas mon réel prénom. Chose que je doutais. Mais tant pis. Je ne le verrai peut – être qu’une fois, je ne me tracassais donc pas avec cela.
Si je viens souvent ici ? Je pouvais lui dire que j’y dormais que ce serait limite vrai. Non, très franchement, je venais au minimum une fois par semaine : le samedi. La semaine, j’avais cours. Je veillais tout de même à y participer. Je ne voulais pas que mes parents soient appelés. « Tous les samedis. Et toi ? Première fois ? ». Je souris alors. La chanson se finissait. « Tu veux boire un verre ? ». Je n’attendais pas sa réponse et pris sa main direction le bar. Je repris mon cocktail et bus le reste d’une traite. « Je te commande une téquila paf aussi ? ». J’attendis sa réponse et commandait ce qu’il me fallait. Ma téquila reçue, je le regardais. « A cette bonne soirée ! ». Je mis un peu de sel entre mon pouce et mon index, suça tout le citron et but mon verre d’une traite. Que c’était bon, je pouvais en boire encore et encore.
Aymeric devait certainement être beaucoup plus âgé que moi. Cela ne m’étonnerait pas qu’il aie une vingtaine d’années. Je fis tout de même contente qu’il ne me demande pas mon âge, je serai obligée de lui mentir…

Jaylinn, d’où leur était venue cette idée de deuxième prénom à mes parents ? Il est vrai qu’il était bien plus beau mais surtout plus original que Louise. Cependant, je ne l’employait que très rarement. Pourquoi ? Aucune idée. Déjà, personne ne m’appelait Louise Jaylinn. Cela était beaucoup trop long. Et puis, Jaylinn pouvait se faire diminuer en Jay’. Ce que, pour ma part, je ne trouvais pas très joli.
« Oui, nous nous recroiserons peut – être, qui sait ? ». Je lui souris alors. Mais quel âge avait – il pour obéir à ses parents ? Il ne faisait donc pas le mur ? Et dire que je le faisais assez souvent. Mes parents me pensaient dans mon lit, bien gentiment à simplement dormir. Au pire, ils pourraient penser que j’étais sur mon ordinateur. Pour sortir, je ne prenais jamais mon téléphone portable. Le risque était que ma mère m’appelle et fasse tracer mon téléphone d’une façon ou d’une autre. Mes parents avaient assez d’imagination que pour me faire un coup du genre.
Aymeric ne commanda qu’une simple bière. Pas très alcoolisé tout cela. Mais je ne dis rien. Je ne pouvais, décemment, pas juger quelqu’un qui semblait bien plus responsable que moi. « Bart, une bière pour Aymeric, s’il te plaît ! ». Je lui souris alors en guise de remerciement. Ma quatrième téquila paf de la soirée enfilée, j’en commandais une nouvelle me promettant que ce serait la dernière pour ce soir. Tout en espérant que je me tienne ma promesse, chose qui était loin d’être gagnée. « C’est une super bonne question ! A pied, je présume. ». Il est certain qu’à cette heure – ci, les rues de Toronto n’étaient plus sûres. Mais j’étais persuadée de savoir me défendre. L’alcool me montait à la tête. Je dus d’ailleurs m’asseoir, me sentant vasciller dans tous les sens. Aller, Louise, un peu de dignité tout de même !

Oui, rentrer à pied. Ce n’était pas une bonne idée ? Je ne pouvais mettre la vie en danger de personne en marchant. Et sûrement pas la mienne. Enfin, c’est ce que je pensais. Je ne me souvenais d’ailleurs plus comment j’étais rentrée les autres soirs. En marchant ? Vraiment ? Je ne vois pas d’autre façon d’aller jusque chez moi de toute façon. J’étais loin d’avoir le permis. Je le regardais alors. « Oui, à cette heure – ci. Il y a un soucis ? ». J’attendais alors sa réponse, j’étais tout à fait sérieuse. Mais je ne pouvais accepter de rentrer avec un inconnu. Ma maman m’avait toujours dit de ne pas monter dans la voiture d’un étranger. Mais au diable les interdits ! Ce jeune homme semblait être tout à fait correct. Et au pire, je me faisais violée. Mais je pourrais être consentante avec un si bel homme. « Mais j’accepte ta proposition. Laisse – moi juste aller voir mon amie. ». Je commandais rapidement deux nouvelles téquilas paf. Oui, j’étais incapable de tenir ma promesse. En même temps, je me l’étais faite à moi – même… Donc, pas trop grave. J’arrivais rapidement à hauteur de Rosalie. Elle était toujours en compagnie du même garçon. Elle se sépara d’ailleurs un peu de lui. « Tiens, dernière de la soirée ! ». Je lui tendais tout le nécessaire. Il ne nous fallut que peu de temps pour avaler le tout. « Je vais te laisser. Le dit garçon me propose de me ramener à la maison. Et tu comprends, je ne peux pas refuser. Tu rentres comment, toi ? ». Elle me dit alors qu’elle allait se débrouiller car elle voulait encore rester un peu. Je lui embrassais le front avant de partir. Une fois devant le bar, je sentais l’alcool me monter à la tête. Je ne tenais plus debout. Je m’asseyais donc sur le sol, attendant patiemment qu’Aymeric arrive. Il me fallut très peu de temps pour m’endormir là, comme un déchet.