A few days agos...
Ça aurait dû être une soirée géniale. J'aurais dû m'amuser, boire quelques verres avec des amis, puis rentrer chez moi le sourire aux lèvres. Tout aurait dû être parfait. Une soirée normale dans la vie normale d'une jeune femme de vingt-trois ans normale. Mais le destin, ou appelez ça comme vous voulez, en avait décidé autrement. J'étais bel et bien dans un bar avec des amis à boire quelques verres, sans exagération. Mais arriva un moment où je commençai à ne pas me sentir très bien. J'avais un peu la tête qui tournait et je ne savais pas trop comment ça se faisait mais je ne me sentais pas bien à l'intérieur, dans mon ventre. Je ne saurais pas l'expliquer. Je m'excusai auprès de mes amis et décidai de rentrer chez moi. Un d'entre eux me proposa de me raccompagner mais je refusai gentiment. Je n'allais pas planter leur soirée pour si peu et en plus, je n'habitais pas si loin que ça. Je rentrerais à pieds et je prendrais un raccourcis. Je serais rapidement chez moi. C'était ce que je pensais. J'étais tellement loin de la vérité... Je quittai le bar et me mis en route vers chez moi. Sauf que très vite, les choses dégénérèrent. Je me retrouvai rapidement au fond d'une ruelle, paniquée. Un homme m'avait attrapée, jetée au sol. Rapidement, il était sur moi. Je ne comprenais même pas ce qui m'arrivait. Je me mis à crier. Je me pris des coups. Tout allait si vite... Je pleurais alors qu'il me touchait. Je priais pour que tout s'arrête plus vite, pour que tout cesse... Je suppliai cet homme - alcoolisé à l'odeur qui s'émanait de lui - d'arrêter, de me laisser tranquille. J'avais tenté de le repousser mais sans succès...

De la chance. J'avais sans doute de la chance dans mon malheur. Un homme s'était interposé et m'avait sauvée de je ne savais pas combien de temps de ce que j'appellerais de torture. Tout se passa vite. Trop vite. Je ne vis pas exactement tout ce qui se passa alors. Mon regard était plongé dans le vide. Je n'osais plus bouger. J'étais pétrifiée. J'avais juste eu le courage de rassembler mes jambes vers ma poitrine et je les entourais de mes bras. J'avais froid. Je me sentais mal. Dégoûtée. J'étais perdue et je me sentais... Brisée. Je crois. J'étais tellement perdue que pour le coup, je ne savais même plus ce que je ressentais exactement à ce moment précis. J'entendis vaguement l'homme qui m'avait sauvée parler: « si je te recroise dans ce quartier je te jure tu es mort. » Mais même si j'avais entendu, je n'avais pas réellement compris ce qu'il se passait. C'était comme si j'étais là physiquement mais que psychologiquement... J'avais déconnectée de la situation, de la réalité. Je sursautai fortement en sentant une main se poser sur mon épaule et je me dégageai rapidement de cette main. J'étais terrifiée. J'avais vu l'homme partir mais qui me disait que celui qui m'avait sauvée n'allait pas me faire du mal à son tour? « Vous allez bien . Vous avez besoin de quelque chose … » Si j'allais bien...? Mais bien sûr que non! Je n'allais pas bien du tout! Je venais d'être sexuellement agressée! Si j'avais besoin de quelque chose... Je posai mon regard au hasard puis vaguement sur moi. Mes vêtements avaient pris un coup. Je voulais aussi me doucher... Je voulais nettoyer mon corps de ce qu'il venait de subir. Je murmurai: « Votre veste... Je serais pas contre votre veste... » Si je voulais bouger, j'avais besoin d'être un peu plus couverte que je ne l'étais actuellement. Je n'osais pas le regarder. « Vous... Habitez loin d'ici...? » Je voulais me doucher et mon chez moi allait être encore loin. De plus, je ne savais même pas encore comment j'allais me déplacer. Je n'arrivais pas à bouger. J'allais avoir besoin d'aide sans doute pour oser commencer à me lever pour quitter cette ruelle sordide. Mon regard était toujours posé dans le vide...

J'avais froid. J'avais honte. Je me sentais sale. Je me sentais mal. J'avais peur. J'avais... Je ressentais trop de choses d'un coup et je me sentais perdue. Je voulais juste pouvoir me laver, me nettoyer de toute cette souillure que j'avais l'impression de sentir sur mon corps. Je mentionnai à mon sauveur que je ne dirais pas non à sa veste. Mes vêtements avaient été un peu déchirés et j'avais un peu la tremblote à cause du froid. Il me tendit donc sa veste et je la pris en lui faisant un petit hochement de tête comme signe de remerciement. Je l'enfilai et la serrai contre moi. Je pu sentir l'odeur de mon sauveur qui était imprégnée dans la veste à présent sur mon corps. Il sentait bon. Je ne connaissais pas l'odeur, je ne savais pas si c'était du parfum, de l'eau de Cologne ou autre chose, mais il sentait très bon. Je lui demandai ensuite s'il habitait loin d'ici. Cela pouvait paraître étrange mais s'il habitait plus près que moi, je ne dirais pas non. Je voulais me laver, absolument. « Non juste à deux minutes vous … vous voulez venir ? » J'hochai légèrement la tête à deux ou trois reprises. « Si ça ne vous dérange pas... Je... Je voudrais juste pouvoir prendre une douche... Je ne peux pas rentrer dans cet état... » Je ne voulais pas risquer d'être vue et d'avoir droit à des questions gênantes sur le pourquoi de mon accoutrement... « Venez ma sœur vous prêtera des vêtements propres et chauds. » J'hochai une nouvelle fois la tête et me mis à marcher en serrant la veste contre moi. Heureusement qu'elle était trop grande et cachait un maximum de mon corps et donc des dégâts que j'avais subis. « Je... Merci... De... D'être intervenu... » Je n'osais pas le regarder. J'avais encore trop honte/ Et cela durerait sûrement encore un moment... Je ne savais pas trop dans quel état je serais le lendemain après avoir eu une nuit de sommeil. Ni même si j'arriverais à dormir. Je n'arrivais pas vraiment à me projeter. Je ne pensais qu'à la douche chaude qui m'attendait... Je suivis le jeune homme jusqu'à chez lui.

« Je comprends suivez-moi. » Oh non. Il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas comprendre. Personne ne le pouvait. Personne ne le pouvait à moins d'avoir vécu une chose similaire. On se mit à marcher. Mon regard reflétait ma nervosité. J'avais assez rapidement en le suivant, j'étais un peu renfermée sur moi-même et je fixais le sol. Il n'y avait pas grand monde à croiser mais j'avais un peu peur de croiser quelqu'un, de voir le regard de quelqu'un, etc... C'était dingue mais la peur était à présent omniprésente en moi, dans mes yeux, dans tout mon corps. Tout mon corps tremblait. « C’est normal n’importe quel homme digne de ce nom l’aurait fait. » Je secouai doucement la tête de droite à gauche. C'était faux. Enfin, légèrement faux. Un vrai homme serait effectivement intervenu tout comme lui l'avait fait. Mais de nos jours, ils ne couraient plus les rues, bien au contraire. Les hommes avaient parfois tout aussi la trouille de se prendre un coup de couteau que la femme qui était agressée. « Tout le monde ne l'aurait pas fait alors... merci... » On arriva à son immeuble et il entra le code avant de me laisser entrer. Il me conduisit à son appartement et j'y pénétrai après qu'il m'ait ouvert la porte. Il me prévint qu'il revenait et je le vis effectivement revenir avec une serviette et des vêtements. Sans doute à sa soeur. « La douche est par là. » J'hochai légèrement la tête et me dirigeai vers la salle de bain.

J'y entrai et fermai la porte à clés derrière moi. Je me déshabillai et entrai rapidement dans la cabine. Je fis couler l'eau chaude sur mon corps. Je pris du gel douche et me lavai avant de me rincer. Puis je recommençai une nouvelle fois à me laver avec le gel douche pour ensuite me rincer encore une fois. Je me fis un shampoing et me refis un savon avant de me rincer une énième fois. J'avais pleuré tout le long de ma douche. Je sortis et enfilai ma serviette autour de mon corps. Je me regardai dans le miroir. Je me sentais toujours aussi sale. Je m'habillai avec les vêtements que le jeune homme m'avait prêté. Je pris la veste et mes vêtements souillés pour sortir. Mes cheveux encore mouillés, bien que j'eus pris un peu le temps de les sécher un minimum, pendaient autour de mon visage. Je sortis de la salle de bain et m'approchai de Wade dans le salon. Je lui tendis sa veste, qu'il m'avait prêtée pour pas que j'ai trop froid tout à l'heure. « Ta veste... » Sans m'en rendre compte, je l'avais déjà tutoyé. « Est-ce-que tu aurais un sac poubelle pour jeter mes vêtements...? » Je n'allais certainement pas les garder ceux-là! « Est-ce-que... Je pourrais encore... boire un chocolat chaud avant de rentrer chez moi...? Je suis désolée de... de m'incruster... » Je n'osais même pas le regarder, bien qu'il fut mon sauveur. J'étais tellement honteuse de tout ce qu'il s'était passé... Je n'avais pourtant rien à me reprocher. Mais c'était plus fort que moi: j'éprouvais une certaine honte. Je ne pouvais rien faire contre ça.