Ce n'était pas toujours facile d'être une femme célibataire ou plutôt divorcée. En plus d'avoir des enfants et de ne plus compter autant pour eux, enfin, ne plus être leur centre d'intérêts et de divertissements. Peu importe à quel point on est amusante ou qu'on s'efforce d'user de créativité. Bien sûr, Ladbrooke était proche de ses filles comme l'étaient celle-ci avec elle. Elle ne pouvait toute fois plus s'attendre à ce qu'elles veulent autant et absolument passer leur soirée avec leur mère. C'était une des choses pour lesquels Lad se rendait malade à force d'être nostalgique et qui nourrissait son envie d'avoir un nouveau bébé et donc d'adopter. C'était quasi mal sain, si on y pensait. Toutefois, ce souhait ne la quittait pas. Elle était d'une sensibilité et générosité si grande, qu'elle ne se voyait pas faire autre chose que de s'occuper de quelqu'un d'autre.

Elle était donc assise au bar, près du comptoir, son petit café aromatisé. Cela faisait vieux jeu, elle en avait conscience. Une jeune femme s'était posée à ses côtés et elle la vit se faire servir à son tour. Épanchée sur ses propres rumination, Lad ne fit pas attention à elle tout de suite. Ce n'est seulement au moment où la jeune demoiselle lui adressa un sourire que Ladbrooke revint à elle, plus présente. Elle lui répondit d'un sourire compatissante et amicale. La jeune femme n'avait pas tellement l'air heureuse. Enfin, exaltée. Ce qui intriguait Lad. Elle se rappelait d'elle à son âge, comme étant une fille pleine de vie et jamais seule en pareilles circonstances. Bien qu'elle ne la connaissait pas, elle était perplexe. Le monde avait bien changé pensa-t-elle ou bien c'était elle qui avait toujours été en marge. Ce qui la poussa à adresser la parole à sa congénère soliste et elle fit signe au barmaid de lui servir la même chose qu'elle. Vous semblez bien trop jeune pour avoir l'air si pensive un vendredi soir dans un bar. Fit-elle non pas avec jugement, mais avec intérêt. Elle n'avait pas du mal à prendre contact avec les autres. Cela faisait parti de son travail et elle connaissait bien la ville et tous ses endroits. En plus de connaître beaucoup de monde et de venir souvent ici, elle devait avouer que la jeune fille ne lui disait rien de familier. Elle avait une certaine compassion pour elle, non pas de la pitié. Elle admirait les gens qui étaient capable de se montrer seule en public malgré ce qu'on valorisait tant bien que mal: soit, la soif de compagnie et les ego' démesurés. Sauf qu'après tout, elle ne connaissait rien de cette inconnue.