Je prends mon temps. Je réfléchis aux mots que je choisis. Il est important pour moi d'écrire une fin digne de ce nom. Une fin qui ait un sens, en quelque sorte. Une fin qui laisse une émotion parcourir le lecteur. Je veux que celui qui a lu mon histoire comprenne, ressente des choses. J'espère que le pari est réussis. Une histoire sans émotions est inutile. Si le lecteur ne ressent pas la moindre sensation en lisant un manuscrit, il n'a pas lieu d'être. Je mets le point final à mon histoire. Pendant que l'imprimante sort les feuilles noircies par mon récit, je pense. Cela me fait une drôle de sensation d'avoir enfin réussis à mettre un point final à ce que j'espère être un bon manuscrit. Je souris doucement. J'ai peur. Oui, aussi étrange que ce soit, maintenant que mon roman est terminé, j'ai peur. Peur qu'il ne soit pas à la hauteur. Peur qu'il n'ait aucun intérêt. Peur qu'il soit nul. Peur d'un tas de choses. Je prends le temps de relire. Mais quel peut être mon opinion? J'ai écrit cette histoire, je ne suis pas objective. Je ne suis pas assez prétentieuse pour dire que c'est parfait mais j'ai bien assez peu confiance en moi pour me dire qu'il n'est pas aussi bien que je l'avais espéré en commençant à le rédiger. J'ai besoin d'un oeil objectif, d'un oeil critique. Erin. Elle me vient de suite à l'esprit. Ni une, ni deux, je prends mon tas de feuilles que je mets dans mon sac et je prends mon téléphone, mes clés, pour rapidement quitter mon appartement. Je m'empresse de monter dans ma voiture et je roule en direction de l'hôtel où elle se trouve. Je me gare, demande le numéro de sa chambre, et je monte directement à l'étage où elle vit avec l'ascenseur. Je frappe ensuite à sa porte. J'entends bouger. Super, elle est là. Je suis nerveuse, anxieuse, mais je sais que je peux lui faire confiance. Elle m'a tellement aidée quand j'étais face au syndrome de la page blanche. C'est en grande partie grâce à elle que j'ai réussis à avancer dans mon manuscrit et je sais très bien qu'elle me donnera un avis objectif et honnête. Tant pis si ça va me blesser, je suis prête à prendre le risque. Je préfère ça que me ridiculiser en l'envoyant à droite et à gauche pour me prendre des vents monumentaux parce que ce livre n'en vaudrait pas la peine. En tant que journaliste, elle a l'habitude des mots et vu son expérience et son aide, je sais que c'est la personne la mieux placée pour m'aider. J'attends donc que la porte s'ouvre.