C'était une soirée comme les autres. Ni plus ni moins. Mes parents m'avaient un peu râlé dessus à cause de ma tendance à tout mettre en place de la façon que je voulais. Je savais que ça les agaçait. Mais j'étais comme ça, que ça leur plaise ou non. Ils auraient dû s'y faire depuis tout le temps. Visiblement, ça n'était pas le cas. Ça dépendait du jour parfois. Certaines fois, ils ne disaient rien et d'autres fois... Ils étaient obligés de me dire quelque chose. Surtout mon père. Il disait que je ne faisais pas d'efforts. Mais peu importait. Je n'avais pas l'intention de changer pour ses beaux yeux. Je me sentais bien comme j'étais. Je préférais être comme ça plutôt que d'être une adolescente banale dont les seuls problèmes étaient ''suis-je assez jolie ?'' ou encore ''Est-ce-qu'il m'a regardée ?''. Futilités pour de pauvres gosses pourries gâtées. Heureusement, toutes les adolescentes n'étaient pas comme ça mais globalement, j'en connaissais une majorité l'étant. Après le repas, j'étais montée dans ma chambre. Après m'être changée, j'avais décidé de sortir. Je faisais régulièrement le mur, ils n'avaient jamais rien remarqué. Jusqu'à présent en tout cas et comment dit-on déjà ? Ah oui : je touchais du bois. Je sortis dans un bar, je réussis à me faire servir un verre en faisant un peu de charme au barman. Après m'être bien amusée, j'étais sortie de ce bar avec des ''ami(e)s'' que je venais tout juste de rencontrer. On marchait dans les rues de Toronto en riant quand on arriva près d'une scène de crime. Je m'arrêtai. J'étais habillée d'une robe moulante et s'arrêtant au dessus des genou, avec une veste et des talons. Je n'étais pas vraiment à ma place à mon âge, au milieu de la nuit dans les rues de la ville. Je m'approchai, curieuse. Je croisai le regard d'une policière, mais je n'y prêtai pas attention plus que ça...

C'était une nouvelle nuit que je passais dehors. Je sortais souvent, faisant le mur pour pas que mes parents le sachent. Et quand bien même, ils ne remarquaient de toute façon jamais rien. Sinon, ils sauraient que leur fille, moi en l'occurence, en avait assez que tout tourne toujours autour de ses tocs. J'avais tellement envie de leur crier dessus pour leur dire à quel point j'en avais assez! Qu'avant d'être une personne atteinte de Troubles Obsessionnels du Comportement, j'étais une femme. Une adolescente qui ne savait même pas quoi faire de sa vie parce que j'avais l'impression qu'avec mes tocs, je ne pourrais rien faire de bien dans ma vie. On m'avait tellement souvent rabâcher que mes tocs ne me créeraient que des ennuis, me bloqueraient dans tout ce que je voudrais entreprendre... Et pourtant, moi, la principale concernée par tout ça, je n'étais pas plus dérangée que ça par mes tocs. En fait, je les aimais bien. C'était eux qui me rendaient différente. Différente des autres femmes, des autres adolescents. C'était eux qui faisaient de moi celle que j'étais. Peut-être qu'on me trouvait bizarre mais au moins, j'avais cette impression d'être unique. A ma manière, certes, mais unique quand même. Unique en mon genre. Et ça, personne ne semblait enclin à le comprendre. Pas même mes parents. Pour eux, il faudrait absolument que je m'en débarrasse. Ce n'était pas ce que moi je souhaitais. C'était pour ça d'ailleurs que je ne faisais pas beaucoup d'efforts avec mon psychologue, Aymeric. Que j'aimais bien ceci dit au passage, même si je n'allais pas avec plaisir à toutes ces séances. J'aimais beaucoup le taquiner aussi. Enfin bref, c'était donc une de ces nuits durant lesquelles je traînais dehors. Il y avait une scène de crime et je m'étais approchée. Les filles à côté de moi semblaient être des prostituées. Peut-être même comme la victime d'ailleurs. "On recule mesdemoiselle, rentrez chez vous." C'était une policière. Je m'approchai encore plus. "C'est une prostituée? Est-ce-qu'on a à faire à un rituel? A un tueur en série peut-être?" J'avais envie de savoir ce qu'il se passait dans les rues où j'avais pris l'habitude de traîner la nuit. Peut-être qu'elle verrait que je n'étais âgée que de dix-sept ans, mais peu importait. Je voulais savoir de quoi je devais me méfier, de quel type d'individus. Parce que je n'allais pas arrêter de sortir prendre l'air à cause d'un fou mais je voulais quand même savoir de qui j'allais devoir me méfier à partir de cette nuit, du moins si c'était un tueur en série. Et puis, je devais aussi admettre que ma curiosité avait besoin d'être satisfaite également.