Please, don't tell anyone...

J'allais mal. Depuis que j'avais été agressée, je ne sortais plus. J'avais peur. Une porte qui claquait me faisait sursauter. Une main se posant sur mon épaule me faisait également sursauter. C'était la galère. Je n'arrivais pas à retrouver celle que j'étais avant et ça me faisait peur. J'avais besoin de retrouver la Analiya d'avant. Je savais qu'elle était encore là, à quelque part enfouie au plus profond de moi pourtant... Je n'arrivais pas à le retrouver. C'était comme si elle s'était perdue dans un labyrinthe sans fin... J'avais l'impression que cette nuit-là, mon agresseur m'avait enlevée une partie de moi-même avec lui... Au fur et à mesure du temps qui passait, j'avais finalement réussis à sortir de chez moi mais c'était très aléatoire et je devais me forcer la plupart du temps, surtout que la moindre chose m'effrayait encore. Je m'étais dit que je devrais peut-être aller voir quelqu'un pour parler, quelqu'un qui ne me connaissait pas avant et ne pourrait pas me juger... Mais en même temps, en parler me faisait terriblement peur également. J'avais finis par faire des recherches sur internet à la fac, de façon à ce que ça reste très anonyme. J'avais trouvé des réunions dans une ville voisine pour ceux qui voulaient parler de leur traumatisme. Des groupes de parole. C'était comme ça qu'ils appelaient ces groupes. J'avais longuement hésité avant de finalement m'y rendre. J'avais pris le temps d'écouter d'autres personnes parler puis je m'étais décidé à prendre la parole. Ou plutôt, on m'avait demandé de parler à mon tour. J'avais raconté, vaguement, ce qu'il m'était arrivé. Je ne savais pas si ça allait vraiment m'aider mais dire ça à voix haute rendait la chose encore plus réelle qu'elle ne l'était déjà... J'avais discuté un peu avec quelques autres personnes, dont un certain Charlie. Etant dans une ville voisine de Toronto, je pensais être à l'abris. C'était sans compter sur le destin, le hasard, ou appelez ça comme vous voulez...

Ce jour-là, après de longues minutes de négociation avec moi-même, j'avais réussis à mettre un pied dehors pour aller marcher. J'avais décidé d'aller jusqu'au starbuck à quelques rues de chez moi. Je me forçais à marcher et à ne pas prendre la voiture. Je devais retrouver celle que j'étais et pour ça, je me devais de faire des efforts considérables, aussi difficile que ce fut. Je marchais donc en direction du starbuck. Je commandai mon café, non pas sans l'appréhension que la file attendant devant moi ainsi que derrière moi me procurait. Je pris ma commande, payai et m'éloignai de quelques pas, soupirant doucement de soulagement. L'homme derrière moi ne pouvait plus regarder mes formes, encore cachées avec un jean, certes slim, mais aussi avec un gilet un peu plus large - sans l'être trop non plus. Je bus une gorgée de ma boisson chaude avant de jeter un œil autour de moi. Je remarquai alors un homme de ma connaissance. Tiens... Je le connaissais lui mais alors où le mettre... Je pris de longues secondes avant de réaliser qui il était! Mais oui! Il était à cette fameuse réunion! Oh non... Se pouvait-il qu'il dévoile quoi que ce soit s'il apprenait que je vivais à Toronto? Était-il de passage en ville d'ailleurs ou habitait-il lui aussi ici? Je m'approchai, malgré mon appréhension constante.

-Bonjour. Hum... Charlie c'est ça?

Je devais absolument lui demander de ne parler de ça à personne. Ni à son ou sa meilleur(e) ami(e), ni à ses parents, ni même à son chien ou son serpent. Il devait garder ça pour lui... Je ne pouvais pas prendre le risque que qui que ce soit l'apprenne... C'était comme ça et pas autrement.