Chapter I : Family
- James-Arthur !
Mon père regarde ma mère avec mépris. Jamais il n'aurait pensé que tout cela finirait ainsi. Lui en combinaison orange, elle qui le regarde avec sévérité, et moi bouffant une glace. Il m'observe et je sais ce qu'il pense "Connard de merdeux ton père est en prison et toi tu penses qu'à manger ta Haagen-dazs." Moi je le regarde de mes yeux pétillants tout en continuant à mettre des coups de langue sur mon délice glacé. Et ma mère continue son monologue interminable.
- Te rends-tu compte dans quelle situation tu mets notre famille ? Et Hope Industrie tu y as pensé une seule seconde ?! Notre notoriété bon sang ! Que vont dire les collaborateurs lorsqu'ils entendront parler de ce que tu as fait ! Et notre fils ? C'EST LUI QUI VA EN PÂTIR PLUS TARD QUAND IL DEVRA RATTRAPER TES CONNERIES ! Et je vais lui expliquer comment moi ? Comment je vais bien pouvoir expliquer à ce gosse que son père est un mafieu russe qui cachait de la drogue dans sa chambre et qui jetait des cadavre dans le lac du jardin ?!
- Mais regarde le Arianna, tu vois bien qu'il en a rien à branler ce gosse !
***
- Davy Markus ?
- Mère.
J'entre dans son bureau, puis ferme la porte derrière moi. Un verre de cognac dans la main gauche, une cigarette dans la main droite, et le regard posé sur la paperasse d'Hope Industrie, elle ne fait pas attention à moi durant quelques instants.
- Assis.
Je m'exécute alors qu'elle pose sa cigarette, qu'elle se lève, et qu'elle se déplace jusqu'à moi. Elle m'observe avec insistance. Je sais ce qu'elle se dit, je suis devenu un jeune homme froid, plein de ressources inépuisables. Un visage indescriptible, une statue, tout comme elle. Elle est fière de moi, elle m'a modelé à son image tel un chien que l'on dresse pour un concours canin. Sauf que moi, elle me dresse pour l'appât du gain.
- Tu vas épouser l'héritière des Rivest. Celle avec qui tu t'entends bien. La rouquine sauvage là. Cette petite catin aux yeux de biche que tu sembles si bien apprécier.
- Elle s'appelle Fawn.
- On se fiche de comment elle s'appelle, ce qui compte c'est qu'elle ait de l'argent !
***
Adrian assit à côté de moi me lance un regard lourd de sens. La famille ne dit rien, mais nous sentons tous cette atmosphère oppressante qui nous étouffe. Ma mère boit son cognac d'une traite, ses yeux noirs dirigés vers Cassidy et Jared, au centre de la pièce. Elle se tourne vers Adrian et moi.
- Vous saviez ?
Nous faisons signe que non. Nous ne savions rien, nous n'avions jamais rien su, et nous aurions voulu ne jamais rien savoir. Cassidy et Jared étaient cousins, et il avait été impensable qu'ils puissent avoir une relation entre eux... Du moins, jusqu'à aujourd'hui. Je suis écœuré, je suis déçu. Ma mère décida que Jared serait déshérité, et qu'il devait partir aujourd'hui du Manoir Hope. Personne n'avait le droit de lui faire ses adieux. Personne n'avait le droit de prononcer son nom. Il était un tabou.
Chapter II : Shut up
J'ouvre les yeux, les rayons du soleil agressant mes pupilles. Je me redresse, puis m'accroupis sur le sol afin de pouvoir atteindre ma salle de bain. Je me repère grâce à ma main à plat sur le mur. Mon flan gauche le rase. Le reste de mon corps est à moitié allongé sur la moquette. Si quelqu'un entrait à ce moment là, tout ce qu'il verrait c'est un con en caleçon rampant les yeux fermés dans un océan de fringues sales éparpillés sur le sol.J'arrive enfin dans ma salle de bain, je me redresse à l'aide du lavabo et ouvre les yeux. Je vois mon reflet dans le miroir. Putain, toujours la même tronche. Mes cheveux dont la couleur est similaire à une baguette de pain légèrement dorée sont coiffés en bataille. Comme si je m'étais lavé les cheveux et avait juste mis ma tête dans un simulateur de chute ascensionnelle
Mon visage, toujours aussi longs, toujours aussi louche. Je ne sais même pas si je suis moche ou si j'ai juste un visage ridiculement pas attractif. J'ai de gros sourcils ma foi plutôt bien fournis, et des petits yeux marrons foncés qui me donnent l'air d'être défoncé h24. Mon nez, légèrement en trompète, me fait parfois complexé. Trop fin, trop mignon, trop bien foutu pour être celui d'un homme. Quant à ma bouche, fine, bien dessinée et légèrement rosée, n'en parlons pas. Le tout étant accompagné d'immenses oreilles. Lorsque j'étais enfant et que je n'avais pas encore beaucoup de cheveux, mes parents m'appelaient Dumbo... En toute honnêteté, je ne sais pas si je dois bien le prendre étant donné que mon nom entiers est Davy Markus Bolovitch.
Je recule de quelques pas, me tourne un peu sur le côté, et m'observe de nouveau dans le miroir. Terriblement décevant. Regardez moi ça, ma morphologie est celle d'une adolescente anorexique de type morbide ! Parfois j'ai l'impression que je pourrais me briser un os en recevant un frisbee !
Je soupire. J'en peux plus de moi. Je regarde autour de moi et vois les vêtements que j'avais préparé pour aujourd'hui. J'enfile une chemise à carreau noire et bleue, un chandail gris clair. J'enfile ensuite un jean en vitesse, met des converses, et me redresse. J'essais de recoiffer ma tignasse aussi bien que je le peux. Raté, maintenant j'ai l'air d'un fils à papa. Bon, mine de rien, je suis tout de même un peu plus présentable. J'ai moins l'air d'avoir quinze ans. Maintenant, il ne reste plus qu'à prier pour que les gens me crois quand je dis que j'ai la majorité, ce qui n'est évidemment pas gagné.
Vous l'aurez sans doute deviné... mon apparence entière devient un complexe insurmontable, impossible à dissimuler.
***
- Davy Markus Bolovitch ?
Je me lève lentement, et reste planté là, devant le vieux monsieur qui venait de m'interpeler. Et nous restons comme ça, à nous dévisager l'un l'autre, comme s'il attendait que je fasse le premier pas, que je dise bonjour, ou je ne sais pas quoi d'autre. Seulement, je ne fais que l'observer. C'est un vieil homme, approchant sûrement de la retraite. Il est gros et tassé, tant et si bien que j'étais certain que si l'on teignait le reste de ses cheveux et sa barbe on pourrait très facilement le kidnapper pour en faire un Père Noël de Supermarché. Les boutons de sa chemises semblent ne plus tenir qu'à un fil, tellement son ventre pousse sur les coutures. Je ne peux pas m'empêcher de cligner des yeux à intervalles réguliers. J'ai trop peur de me recevoir l'un de ces projectiles dans les yeux. Déjà que j'ai l'apparence d'une souris, manquerait plus que je sois borgne. Son pantalon laisse apparaître quelques tâches marrons au niveau des genoux de celui-ci, ce qui montre qu'il avait tendance à souvent s'accroupir, ou simplement qu'il était quelqu'un de particulièrement sale et qu'il n'arrivait pas à rester propre. Que dire de plus sur cet homme, il portait des claquettes avec des chaussettes. A croire que ce mec n'avait aucun goût au niveau vestimentaire.
Je me raclais la gorge. Il fit de même. Soit, nous n'allions pas rester ainsi tout l'après midi ! Je me suis alors avancé, sentant une légère odeur d'urine lorsque je dépassais sa position. Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils. 'Quelle horreur'. Je me suis assis sur un fauteuil en face de son bureau, puis l'observa s'asseoir en face de moi. Il ouvrit son petit bloc note, et appuya nerveusement sur le cul de son stylo bille. Plongeant son regard dans le miens.
- Je vous écoute ?
- Vous voulez savoir pourquoi je viens voir un psy ?
- Eh bien... oui.
- Tout simplement parce que ma mère estime que je suis ce que l'on appelle, un je m'en foutiste. Et qu'en même temps je ne le suis pas tant que ça. En réalité, ce qu'elle déteste le plus, c'est que je sois toujours en train de tout détailler, toujours en train de chercher ce qui ne va pas chez les gens physiquement. Pour tout dire si je fais ça c'est parce que je n'aime pas mon physique. C'est un peu une sorte de... vengeance vicieuse. Rabaisser les autres pour se sentir égal ou supérieur. Qu'est-ce que je peux dire sur moi... Je suis assez solitaire, bien sûr ce n'est pas par choix, c'est plus par habitude. Mais vous devez bien connaître ça vous la solitude pas vrai ? Bref. Ensuite je peux aussi dire que je suis jaloux, ouais, sinon je passerais pas mon temps à me foutre de la gueule des gens dont la votre. Je peux aussi être gentil, je crois. Enfin après tout dépend des circonstances. Si nous nous étions rencontrés à un autre moment peut-être que j'aurais pu me montrer aimable et vous faire penser que je vous appréciais, naturellement ce n'est pas le cas. Heu... je ne suis pas timide, ça c'et un fait. Ensuite, j'estime que je ne suis pas assez objectif pour vous parler de mon de mon caractère, d'autres gens vous dirons certainement plus de choses que moi. En attendant inutile de continuer à vous acharner sur vos notes elles ne vous seront d'aucune utilité. Je me connais, vous savez maintenant ce que je pense de vous, nous perdons notre temps tout les deux car vous savez aussi bien que moi que je n'ai pas besoin de vous. Au revoir.
Sur ces quelques paroles, je me suis levé, le salua d'un hochement de tête, passa la porte, et m'arrêta devant l'ascenseur. Je posais mon regard sur l'horloge qui était fixée au mur. 16h30. Cool, j'arriverais chez moi à temps pour regarder Cougar Town.
Chapter III What's happened right now
Ma vie aurait pu être plus belle, ma vie aurait pu être plus simple. Ma vie aurait pu être un million de fois différente que celle que je me traine. Mais la réalité c'est ça. Ma mère est une sombre connasse, mon père et un mafieu russe qui pourri en prison. Jared a disparu avec une partie de la fortune familiale. Adrian est un prostituée addict, Cassidy est sans arrêt en train de vouloir me sauter, ma fiancée, Fawn Rivest a disparue d'un seul coup. Et moi, je suis devenu le connard le plus connu de la planète. Ma vie se résume à apparaitre dans des magazines où on raconte que j'ai fait telle ou telle connerie, que j'ai dit telle ou telle chose sur telle ou telle personne. Et dans des émissions télévisées débiles où l'on voit un garçon gringalet, qui s'emmerde au plus au point sur la plateau télévisé, et dont la réponse préférée est : je n'en sais rien. Et dont la question la plus entendue est : quel effet ça fait d'être le dirigeant d'une entreprise qui s'est développée dans le monde entiers ?
Le garçon a envie de répondre : c'est à chier et je t'emmerde. Mais il répond : C'est très étrange, mais je m'y suis préparé toute ma vie alors, ça ne change pas grand chose...