Nous étions partis tardivement de la fête qui avait suivi la cérémonie. Il était près de 3 heures du matin lorsque nous la quittions pour rejoindre la maison familiale, celle où mes parents avaient vécu. J’avais pensé à demander au fleuriste une gerbe de fleurs qui ressemblait à mon bouquet mais je n’avais pas encore eu le temps de passer au cimetière. « Mon cœur, ça te dérange de rapidement passer sur la tombe de mes parents ? J’aimerai y déposer quelque chose et partager un bout de cette magnifique journée avec eux. ». Nous étions devant la maison. La gerbe nous attendait dans le hall, j’avais tout prévu. Le cimetière n’était qu’à une dizaine de minutes à pieds de chez nous. J’étais toujours dans ma robe de mariée. « Et puis, ça pourrait être marrant de se promener dans pareille tenue dans la rue, non ? ». Je lui souris et m’approchais de lui pour attraper ses lèvres.
Le lendemain, nous partions en voyage de noces. Le vol était prévu à 9h. Je ne connaissais pas la destination. Mais pour des questions d’organisation, l’heure du vol m’avait été communiquée. Nous devions être à l’aéroport trois heures avant, vers 6 heures donc. Nous nous trouvions à 15 minutes de celui – ci. Il nous fallait donc se réveiller à 5 heures du matin histoire d’avoir le temps d’avaler un petit quelque chose avant de partir. Le réveil sonnait. Nous n’avions dormi qu’une petite heure. Le temps de me déshabiller et d’enlever ma coiffure, … « Coucou mon très cher mari ! ». J’adorais prononcer ce mot mari. Notre couple était officiel maintenant, ce n’était que nous ! Je me tournais alors sur lui pour l’embrasser. « Notre premier réveil en tant que mari et femme. Qu’est – ce que ça te fait ? ». Je lui souriais, plus heureuse que jamais. Je me sentais tellement bien. J’étais à ses côtés et ce pour la vie maintenant.

Aymeric acceptait de se rendre au cimetière avec moi. A ce que je me souvienne, nous nous y étions rendus ensemble qu’une seule fois. Je préférais m’y rendre seule. Cela me permettait de leur parler. J’aimais faire comme s’ils étaient là. Je les connaissais tellement par cœur que je savais ce qu’ils m’auraient répondu. Mais ça, je ne l’avais jamais expliqué à Aymeric, préférant garder cela dans mon petit jardin secret. Il prit alors la gerbe de fleurs. Elle était blanche et comportait aussi une orchidée, fleur préférée de ma maman. Oh, je savais qu’elle ne tiendrait pas le coup longtemps mais c’était le geste qui comptait. « Merci mon cœur ! ». Je lui souriais. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’il accepta d’y aller dans cette tenue. C’était quelque chose d’un peu fou, personne ne pourra vous dire le contraire. Je n’avais jamais fait ce genre de chose avec lui. Nous avions toujours été sérieux sauf cette fois où nous nous étions retrouvé dans la mer. J’avais adoré. J’aspirais à avoir plus de moments comme celui – là avec lui, celui qui était désormais mon mari. Oh, les disputes continueraient. Je n’en doutais pas mais avoir de tels moments renforçait notre couple. « C’est parti ! ». Je lui pris la main et sortis de la maison.
Les rideaux de la chambre n’étaient pas complètement tirés. Certains rayons du soleil levant se faisaient voir dans la chambre. Une belle journée s’annonçait. Nous allions partir en voyage de noces, juste tous les deux. J’avais tellement hâte que nous puissions nous retrouver loin de nos boulots respectifs, loin de tous les problèmes. Je nous voyais bien sur une île paradisiaque. Je n’avais aucune idée de son choix. Nous avions décidé que cela resterait une surprise. « Je suis la femme la plus heureuse au monde, il n’y a pas de doute là – dessus. Tu as vu à côté de qui je me réveille ce matin ? Et à partir de maintenant, tous les autres matins jusqu’à ce que la vie nous sépare ? ». Je lui souris alors. La veille, je ne m’étais pas rendue compte de tout ce qu’il se passait. Mais maintenant, tout cela était réel. Je m’étais engagée avec quelqu’un pour la vie…

Aymeric me rappelait rapidement que nous serions bientôt trois. Au début, j’avais été catégorique, je voulais le garder. Bien que je le désirais toujours à présent, je me posais beaucoup de questions. Que ce soit concernant son arrivée au monde, son adaptation à nous deux ou encore la gestion de son quotidien. Je savais m’y prendre avec les enfants, j’étais pédiatre après tout. Mais cela devait être tellement différent quand c’est le sien… « Oui, et nous ne dormirons plus aussi bien ! ». Je lui souris. Je savais que je n’allais pas accepter d’être séparée de mon enfant tout de suite. Je voulais qu’il dorme dans notre chambre au moins pendant quelques mois. Et puis, question facilités ce serait mieux. La nuit, il me suffirait de me pencher pour pouvoir l’allaiter. Je l’avais décidé il y a quelques jours mais n’avais pas encore pris le temps d’en parler à Aymeric. Je connaissais tous les bien faits de l’allaitement. « Oh oui, la famille Collins – Everdeen. On va devoir fêter ça ! ». Finalement, c’était un rêve qui se réalise. En peu de temps, j’avais réussi à trouver un homme parfait et à fonder ma famille. Je ne pouvais rêver mieux.
Comment je me sentais ? « Plutôt fatiguée mais j’ai tellement hâte d’y être. Je vais en profiter à fond, je te le promets ! Si jamais je fatigue de trop, je te le dis, promis ! ». Je lui souris avant de quitter ses bras et de me lever direction la salle de bain. J’entrepris alors de faire couler la douche afin de faire chauffer de l’eau. « Mon cœur, tu viens avec moi ? Ou tu en prendras une sur place ? ». Je me déshabillais rapidement et me trouvais sous la douche. J’avais opté pour de l’eau chaude. J’adorais ça et je pouvais y rester des heures durant !

Il me semble que c’était à mon tour d’écouter Aymeric. Je lui avais parlé des nuits, nous n’allions plus beaucoup dormir dès l’arrivée du bébé. C’était une de mes peurs mais je pensais beaucoup à l’accouchement. Je n’avais pas peur d’accoucher en soi. J’avais plutôt peur en ce qui concernait la combinaison de ma maladie et de la grossesse. Comment mon corps allait – il réagir ? Allait – il supporter tout cela ? Et puis, si je venais à avoir une complication quelconque, je savais qu’il allait gérer. Aymeric sera un bon père pour notre enfant. Je me demandais d’ailleurs s’il serait plutôt un papa poule ou un papa un peu plus distant. Mais j’optais plutôt pour la première option. « Tu ne dois pas t’en faire. Tout va bien se passer, tu sais. Il n’y a pas de raison. ». Je lui mentais à lui et à moi – même. Mais que lui dire de plus ? Qu’il y avait beaucoup de risques ? Beaucoup trop que pour cela se passe bien. Et puis, j’étais plutôt du genre à apporter des problèmes. Je ne me faisais pas d’illusions même si j’espérais, au fond de moi, que cela se passe bien. Quoi qu’il en soit, j’avais encore quelques mois devant moi…
Je préférais le prévenir en cas de problème. L’enfant que je portais était aussi le sien. Je ne pouvais mettre ma santé en danger. Ce serait un geste égoïste. Et le prévenir était le minimum. Je ne le laisserai peut – être pas me mettre dans une voiture direction un hôpital mais il serait prévenu. Enfin bon, j’espérais qu’on n’en arrive pas là. J’avais vraiment envie d’en profiter ! J’entrepris alors de ne pas lui répondre.
La douche fut rapide, à contre cœur. Mais nous aurions tout le temps d’en profiter là – bas. Je ne connaissais d’ailleurs toujours pas la destination. J’avais opté pour des vêtements confortables pour le trajet : un pantalon un peu plus large qu’habituellement ainsi qu’un t – shirt blanc. J’aimais rester classe dans n’importe quelle circonstance. Cheveux attachés en queue haute et un maquillage léger, j’étais fin prête. « On peut y aller ! Je pense tout avoir, même le bikini ! ». J’avais plutôt un beau corps mais les marques persistaient dans mon dos. Je n’aimais pas beaucoup que cela se voie. J’optais donc pour un dos nu uniquement lorsqu’Aymeric était présent. Je savais qu’il regarderait à ce que je me sente bien tout le temps. Et il connaissait mon histoire, il savait que cela me toucherait.
Je pris alors les clés de ma voiture. « Je peux conduire ? ». J’adorais prendre le volant. A cette heure si matinale, il n’y avait pas grand monde sur la route. Je me sentais donc libre. J’avais toute la chaussée pour moi. Libre à moi de rouler aussi vite que je le voulais. « Direction l’aéroport ! ». J’avais mis un peu de musique, j’avais opté pour le dernier album d’Imagine Dragons.

Le trajet se passa rapidement et sans encombre. Je trouvais facilement une place sur le parking. Il ne semblait pas y avoir beaucoup de monde à l’aéroport à cette heure – ci. Il faut dire qu’il était tôt. Même si l’aéroport de Toronto était assez conséquent. Auparavant, je l’avais fréquenté plus souvent lors de mes différents voyages. C’est ici aussi que j’avais dit au revoir à mes parents, que je les avais vus pour la dernière fois… Je les avais déposé dans le terminal pour les vols internationaux. Et ce n’est pas là que nous nous trouvions avec Aymeric. Partions – nous au Canada, aux Etats – Unis ? Je n’en avais aucune idée. Le mystère restait entier. A plusieurs moments cruciaux, Aymeric s’était amusé à me cacher les yeux ou à me boucher les oreilles. A vrai dire, c’est assez marrant et magique. Il s’était tellement investi pour me surprendre. Lors d’un moment où je pouvais voir et entendre, je le pris dans mes bras. Oui, là, au plein milieu de l’aéroport. Je n’étais pas très démonstrative en public mais je me promis de l’être plus lors de notre voyage de noces. On ne connaissait personne ici. Je pouvais me lâcher un peu plus… Je pris aussi le temps de l’embrasser comme il se devait. « Merci ! ». C’est tout ce que je voulais lui dire. Les mots étaient d’ailleurs peut – être de trop. Parfois, seuls les gestes suffisaient. « C’est une bonne idée ! Il y a un Starbucks là – bas, un peu plus loin. ». Je pris alors sa main, je voulais garder le contact avec lui. J’en avais besoin. Il ne nous fallut que peu de temps pour arriver à hauteur du café. Je passais ma commande : un latte et un cookies. Elle me demandait alors un nom. Je lui donnais le mien. J’attendis qu’Aymeric fasse de même. « Je paie ! ». Je le regardais, le défiant de sortir sa carte plus vite que moi. Je savais qu’il voudrait tout m’offrir. Mais je voulais participer aussi. Il n’y a pas de raison !