▬ « Je sais Merwan que là où tu es, tu as plus de liberté et que tu dois sûrement en profiter. Mais n'oublies pas qui tu es, d'où tu viens et ce que tu as appris. Promets moi de ne jamais passer le point de non retour, restes sage. Tu es un homme bien... ▬  »
▬« Fatima, tu peux me dire à qui tu téléphones?! »
▬« Merwan...je dois te laisser, Je t'aime. »
▬« Moi aussi maman, je te promets que je ferais pas de connerie...»
▬« Au revoir, mon fils, OUI J'arriv...▬ Bip bip»

Merwan avait réussi à avoir une conversation au téléphone avec sa mère, ça faisait déjà une mois qu'il était ici et il n'avait pas encore pu lui parler depuis. Il entretenait une relation très forte avec sa mère, c'était la seule personne qui avait été là pour lui. C'était la seule qui ne l'avait pas rejeté et maltraité. Jamais il n'oubliera les fois où son père l'avait coincé de force dans une pièce avec un putain de verre rempli d'un truc qu'il vaut mieux pas avaler. Il avait essayé de lui faire boire mais il avait réussi à l'envoyer paître. Pourtant Merwan est quelqu'un de calme et loin d'être violent, mais l'instinct de survie prend le dessus quand il est nécessaire. Puis, la cicatrice du couteau qu'il avait à la hanche lui rappelait tous les jours qu'il avait de la chance d'être ici. Le poussant à en profiter, sûrement trop. Et il le savait, il savait qu'il abusait. Il devait se calmer, parce qu'il se mentait à lui même et mentait à sa foi. Il perdait de jour en jour la foi qu'il avait et il savait que c'était mal.

Il avait enchaîner fête sur fête et il était exténué, il n'allait surement pas en faire avant un moment, il commençait un peu à en avoir marre. Puis faire la fête seul c'est plus aussi marrant, il n'y avait même pas rencontrer grand monde. Il avait envie de vivre une vie normale comme les autres. Il voulait rencontrer un homme avec qui il vivrait sa vie longtemps, voir même adopter ? Il ne savait pas mais il voulait une vie stable. Après avoir raccroché, il avait verser quelque larme, sa mère lui manquait énormément. Elle était loin de lui et il ne la verrait surement plus jamais. Il n'avait que le téléphone et les lettres. Mais c'était pas si facile, il avait du mal à l'avoir au téléphone et la moitié des lettres se perdent avant d'arriver à destination. Après s'être repris, il alla se boire un café, il était fatigué et en plus il faisait tellement froid dans ce pays, ça aidait pas, il avait d'ailleurs sûrement attraper un rhume parce qu'il arrêtait pas de renifler. Fallait qu'il sorte, au moins ce soir, après il allait rester chez lui, lire des livres, dessiner, regarder des films, c'était plus apaisant et meilleur pour la santé aussi.

Après avoir bu sa boisson chaude, il alla attraper un pull noir en laine qu'il enfila aussitôt. Il était limite en train de se dire qu'il devrait acheter des moufles. Il n'avait absolument pas l'habitude de cette température, il était plus habitué au chaud. L'hiver en Turquie c'est surement l'été ici, ça descend pas en dessous de 20°C. Il attrapa aussi une veste, une écharpe et disparut de l'appartement qu'il partageait avec une amie, il ne la croisait pas souvent en ce moment, elle devait être occupé. Puis lui, entre le travail le week end, ses fêtes et les cours à l'université...il n'était pas tellement à l'appart'. Il marcha un moment jusqu'au bar qui était qu'en même à une trotte de chez lui. Il pénétra alors à l'intérieur, se frottant les mains ensemble pour les réchauffer et alla s'asseoir au comptoir où il commanda la piquette la moins chère. L'alcool, en voilà un péché qu'il avait du mal à se séparer. Mais il le fallait, mais pas tout de suite. C'était le dernier jour, il se l'était promis à lui même et il avait promis à sa mère de ne pas faire de connerie.

Merwan devait parfois être un peu con, il devait arrêter de faire le con, il le voulait et il l'avait promis mais au lieu de rester sage à la maison, travailler ses dessins par exemple. Il avait préféré sortir de chez lui, encore. Alors il était là dans ce bar à regretter d'être là, déjà. Il ne lui fallait pas longtemps pour culpabiliser comme un con. C'est ça quand on se contrarie soit même. Il va à l'encontre de ce qu'il veut. Comme s'il cherchait la merde. Il allait finir par vraiment la trouver et il ne le verrait surement pas venir. Et c'est là que ça tapera très fort. Ca devait être dans ses gênes d'être con, sa famille en était le tableau, la source. Tout ce qui tourne dans cette maison c'est le fric et la religion et on sait presque tous que ça peu rendre con, égoïste et avide de pouvoir et de contrôle. Enfin, Merwan était loin d'être avide de tout ça, c'était plutôt le contraire, il avait suivit un chemin totalement opposé à sa famille, préférant vivre pauvre mais faire ce qu'il aime plutôt que de vivre avec beaucoup mais de vivre une vie ennuyante. Puis il était homo, alors il n'avait pas sa place là bas, et il avait de quoi s'en rappeler.

Il soupira et finissant finalement pas son verre, il demanda un café, c'était mieux et plus raisonnable et le café c'est pas si mauvais. Il mit quand même un sucre, c'était trop fort sans mais aussi trop amère. Il aurait mieux fait de pas venir. A chaque fois qu'il allait quelque part il le pensait, que ce soit quand il va faire la fête ou même pour faire les courses. S'il avait été un peu plus sur de lui tout ça n'arriverait pas. Buvant son café en soupirant, il balayait la salle des yeux. Il ne connaissait personne. Un jour, p't'être qu'il aura quelqu'un à qui parler mais depuis qu'il était là il n'avait rencontré quasiment personne. La solitude commençait à se faire trop imposante. Et il ne savait pas quoi faire pour résoudre ça. Il ne voulait pas venir à Toronto, il était venu pour sa mère, pour fuir.  

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