Je venais de rentrer d'un casting de danse. J'étais assez crevée, tout ce que je voulais, c'est monter, jouer un peu à mon jeu et aller dormir. Mon père en avait décidé autrement, il décidait de me prendre la tête sur mes études de commerces. Je n'avais même pas eu le temps de me poser mon sac de sport qu'il commençait son interrogatoire. Franchement, je lui répondais dans le vague et il montait sur ses grands chevaux, j'ai répondu et tout s'est envenimé à partir de là. On était littéralement entrain de se hurler dessus, jusqu'à ce qu'il sorte un truc tellement ignoble, que j'en reste complètement sans voix. Je regarde mon père une dernière fois, complètement choquée parce qu'il vient de dire. Un silence s'installe dans la pièce, on sent qu'il y a de la tension entre nous. Je vois sur son visage qu'il est en colère mais il n'aurait jamais dû dire ça. « Ally, ce n'est pas ce que.. » Je tournais déjà les talons, mais trop tard, j'avais déjà claqué la porte et bien comme il faut. Si j'avais pu alerter tout le quartier, je l'aurais fait sans hésiter. Il est 21 heures et voilà que je m'enfuis de chez moi. Je laissais ma voiture dans l'allée et je décidais de marcher dans la ville. Enfin, de prendre les transports en commun. Je ne pleure pas, rien. Je ne suis pas du tout ce genre de filles. Non, mais mon visage est fermé, je suis incapable de parler pour le moment. Je ne sais pas trop où aller, je ne veux déranger personne. Je ne voulais pas aller chez ma mère parce qu'elle donnerait sans doute raison à mon père, chez Mattias, c'était assez délicat, sachant que mon père et le sien sont amis et associés. J'étais un peu paumée. J'avais sans doute encore besoin de marcher. Ce soir, je ne pétillais pas du tout la joie de vivre, bien au contraire. J'évite les petites rues sombres. Je marche seule avec mes pensées. Je regarde mon portable, au moins dix appels manqués de mon père, j'efface l'historique et je ferme les yeux et je reprends ma route, mes deux sacs sous les bras.

Je ne sais pas trop pourquoi mais mes pas m'ont mené devant chez  Leia, une jeune femme merveilleuse qui a une famille parfaite. Leia était tout simplement un modèle pour moi. D'habitude, les enfants choisissent toujours leur parents en modèle, mais pour moi, c'est elle. J'étais devant sa maison et je fus pris d'un doute. Je reste bien dix minutes devant la maison à savoir si je m'avance ou si je continue ma route et me trouve un autre refuge. Malgré ce qu'elle m'avait déjà dit, c'est assez difficile de demander de l'aide et de reconnaître qu'on est en position de faiblesse, surtout pour moi. Je toquais à sa porte doucement, je ne voulais pas réveiller son fils en sonnant. J'espère au fond de moi qu'elle entende et qu'elle vienne m'ouvrir mais si elle ne le fait pas, je ne pourrais pas lui en vouloir. Je n'ai pas prévenue, je débarque comme ça, sans savoir si je dérange ou pas. Ce n'est pas une bonne idée. Je commence à tourner les talons quand j'entends la porte s'ouvrir. Je me retourne et j'avale ma salive doucement. « Salut, je sais que j'aurais dû téléphoner.. J'espère ne pas avoir réveillé Theo.. Mais je ne savais pas trop où aller.. » J'étais complètement perdue. J'évitais de croiser son regard, me sentant vraiment pas bien de déranger la petite vie de famille que Leia et son mari avaient. Je me sentais tellement vulnérable aussi, j'ai horreur de ça. Depuis Jay, j'ai horreur de ce sentiment. Il me fait peur, c'est sans doute pour ça que je ne veux plus tomber amoureuse. Je joue avec mes mains et je baisse la tête doucement.  

J'étais vraiment secouée après la dispute avec mon père même si c'était souvent comme ça honnêtement. On ne pouvait pas passer plus de deux jours sans qu'il y ait un petit accrochage. Enfin, cette dispute était quand même assez violente. D'habitude, je me contentais d'aller claquer la porte de ma chambre et de me réfugier dans mon univers en attendant que l'orage passe un peu ou sinon je sors en boite avec mes copains, chose qu'il n'apprécie pas mais je m'arrange pour rentrer quand il n'est pas là. Au moins, je ne perds pas mon souffle à m'époumoner. On ne se comprend plus et ça fait plusieurs années qu'on arrive plus à se comprendre lui et moi. Depuis mon adolescence, nos rapports se sont détériorés et cela ne va pas en s'arrangeant. Il veut régenter ma vie comme il l'entend, ce que je ne supporte pas. En étant une tête brûlée, forcément que ça fait toujours des étincelles. Bref, j'étais devant chez Leia, une amie un peu plus âgée. Je savais que je pouvais lui faire confiance mais j'ai eu soudain un élan de culpabilité, elle a une vie de famille, une situation, elle a aussi ses problèmes, pourquoi je viens l'embêter avec les miens sérieusement ? Je me sens assez mal d'un coup mais Leia ouvre la porte et elle reste fidèle à elle-même, elle est vraiment gentille. Elle me prends dans ses bras tout en souriant doucement, comme pour me rassurer. « Tu as bien fait de venir ici. » je me serre contre elle, comme une enfant égarée. C'était le choc de la situation qui me faisait sentir faible. J'ai l'impression d'être une moins que rien, j'ai vraiment le moral au plus bas. Même si j'ai 20 ans, je reste encore une grande enfant. Le divorce de mes parents m'a quand même fait grandir mais j'ai gardé un côté enfantin qui m'a aidé à tenir le coup avec ce divorce plus que douloureux. Je ne réponds rien et je m contente de sourire légèrement. On se détachait l'une de l'autre et je rentrais chez elle. J'enlevais la fermeture de ma veste, parce qu'il faisait assez chaud chez Leia. « Ne t'en fais pas. Une fois que Théo est endormis, il dort normalement comme une masse. » je ris également avec elle. Je m'en voudrais tellement si j'avais réveillé le petit. « Tant mieux, sinon, je te promets que j'irais le rendormir. » je lui fais un clin d'oeil tandis que je la suis dans la cuisine, en faisant attention avec mon gros sac de sport à ne rien faire tomber. Ce n'est pas ma journée et je sais que je peux être maladroite quand ce n'est vraiment pas mon jour. Je n'avais même pas pensé à le poser chez moi. Il m'a tellement sauté dessus dès mon retour à la maison que je n'avais même pas eu le temps de le poser. « Alex regarde la télé. Tu veux quelque chose à boire? Un bout de gâteau? Tu as déjà mangé ce soir ou tu veux que je te prépare quelque chose? » vraiment, elle est trop gentille Leia vraiment. Alex a de la chance d'avoir une femme aussi douce et gentille vraiment. Leia est vraiment mon modèle, pour moi, elle a vraiment réussi. Je sais que normalement les enfants choisissent les parents, mais je ne pouvais pas choisir mes parents. Ce n'était pas vraiment une référence. Je lui fais un petit sourire tout en lui répondant « Je veux bien quelque chose à boire, n'importe quoi m'ira et ne t'en fais pas, je n'ai pas faim. » non, mon appétit était coupé, j'étais incapable d'avaler quelque chose de solide, sinon, cela allait me rester sur l'estomac toute la soirée, même si je sais que ce n'est pas en faisant la grève de la faim que j'allais pouvoir arranger les choses avec mon père. Je regarde Leia tout en disant « Merci encore une nouvelle fois de m'avoir ouvert ta porte, vraiment ça me touche, je ne sais pas comment te remercier. » je continue de lui sourire légèrement, même dans les pires moments, j'arrive encore un peu à sourire aux autres parce qu'après tout, ils m'ont rien fait. Je prends la tête dans mes mains tout en ajoutant. « Mais cette fois, je ne pouvais pas rester chez moi, mon père a vraiment dépassé les limites.. » je ferme les yeux ensuite. Ce n'est pas parce que je suis riche que je n'ai pas de problèmes, l'argent ne résout pas tout et n'achète pas tout non plus. C'est l'expérience que je faisais de plus en plus, je voulais m'affranchir de mes chaînes et faire enfin ce que je veux.