Avez-vous une idée de ce que ça fait de savoir qu'on a été abandonnée par sa propre mère? Laissez-moi vous dire que ça ne procure pas une sensation très agréable. Au début, j'avais été perdue. Comment une mère pouvait faire ça à son enfant, enfant qu'elle censé aimer, chérir et protéger quoi qu'il en coûte? Ma mère adoptive, Clarissa, a découvert ce qu'il s'était passé un soir où mon père l'avait frappée. Il lui avait tout balancé. Alors quand je fus en âge de comprendre tout ça, elle m'a tout expliqué. Du moins, elle m'a expliqué ce que mon père avait bien voulu lui dire. Et là, j'ai ressentis de la colère. Elle savait. Elle savait qu'elle me laissait avec un homme violent. Certes, jusqu'à mes six ans, il a toujours été un père aimant et protecteur envers moi. Il n'avait jamais fait preuve d'une quelconque violence envers moi. Mais elle ne pouvait pas savoir. Je ne remercierais jamais assez Clarissa pour m'avoir prise sous son aile et pour s'être enfuie avec moi la première fois qu'il a osé me toucher, lever la main sur moi.

Il m'a fallu quelques années pour me mettre en quête de ma famille biologique. J'ai cherché ma mère. J'ai découvert qu'elle s'appelle Amy. Mais ça n'a pas été ma seule découverte. Elle a eu un fils après moi: Sandro. Un fils qu'elle a prit soin d'élever et de ne surtout pas abandonner. Je n'en ai jamais voulu à Sandro, il n'était même au courant de rien avant que je n'aille le voir pour me présenter à lui comme sa demi-soeur. Mais ma mère... Oui, je lui en veux oui. Beaucoup. J'ai trouvé son adresse et il est temps maintenant pour moi d'aller lui réclamer des comptes. Je mérite des explications. J'y ai le droit, même si c'est près de vingt-huit années après l'abandon... Je pris mon courage à deux mains et je sonnai. Quand la porte s'ouvrit enfin, je pris la parole. "Bonjour..." J'ignorais si elle me reconnaissait. Vu les années qui s'étaient écoulées, j'en doutais, alors je me présentais. Plus ou moins. "Il paraît que biologiquement parlant... Je suis votre fille." Je précisai bien biologiquement parlant parce que sentimentalement parlant, elle n'avait rien d'une mère pour moi. Ce n'était pas la femme qui m'avait élevée, qui m'avait parlé de la pilule, du sexe, des garçons, avec laquelle j'avais fait du shopping, avec laquelle je m'étais parfois engueulée. Nous n'avions que le même sang en commun. Et visiblement, la même couleur de cheveux. C'était tout ce qu'on partageait.

Amy avait gardé précieusement quelques photos de sa fille, bien rangé dans une boite sous clefs. Elle a toujours prit soin de cacher tout ça à Sandro. Il est fils unique, elle l'a élevé comme ça. D'ailleurs personne ne connaît l'existence de cette petite princesse qu'elle avait eut bien trop jeune.
Aujourd'hui, tout ça n'a plus d'importance. Sienna a 28ans. Oui, parce qu'à chaque anniversaire, elle y pense quand même. Et pourtant, jamais elle n'a cherché à la retrouver. Ce n'est plus vraiment sa fille à présent. Cette petite a une maman, et un papa. Amy a prier longuement pour qu'il reste doux et attentionné envers leur fille. Pour qu'il ne devienne pas violent avec la petite, comme il l'avait été avec elle. Puis les années ont passées, Sandro est arrivé et le cour de la vie a reprit.

Aujourd'hui, Amy vit très bien. Seule dans cette maison, elle ne s'ennuie pourtant jamais. Sandro y a toujours sa chambre. Sait-on jamais, peut-être aura t'il besoin de revenir un jour chez maman. Et ce n'est pas Amy qui dirait non pour le reprendre. Son grand bébé lui manque.
Quand elle entendit sonner à la porte, Amy laissa en plan le bateau qu'elle était entrain de faire. Torchon à la main pour s'essuyer un peu, elle ouvrit la porte.

_ Bonjour...

Une jolie rousse était face à elle. Évidemment qu'elle ne la reconnu pas. Elle avait quitté un bébé qui n'avait pas encore un an, comment pourrait-elle la reconnaître aujourd'hui qu'elle en a 28 ?
Amy avait le sourire aimable alors qu'elle attendait qu'elle se présente. Elle pensait plutôt à une amie de Sandro qui chercherait après lui. Jamais elle n'aurait cru entendre un tel truc. Elle eut un instant à la regarder, le sourire un peu figé avant de réagir et lâcher en un souffle surprit, mais agréablement surprit !

_ Sienna ?

Elle en eut un sourire plus franc en la regardant de haut en bas. Elle était tellement belle, sa princesse ! Jamais elle n'aurait cru la revoir un jour, c'était tellement soudain et surprenant. Contente, elle se reprit en ouvrant davantage la porte.

_ Entres, je t'en prie !

Elle était heureuse de la voir. Elle avait hâte de la connaître un peu mieux, de savoir ce qu'elle était devenue, sa vie tout simplement.

Avais-je ressentis quelque chose en voyant ma mère biologique ouvrir la porte? Oui. Un pincement au coeur. C'était une femme magnifique. Je tenais ma couleur de cheveux d'elle. Elle était mince, grande, avec des cheveux et des yeux magnifique. Un sourire superbe. Cette femme à l'entrée de cette jolie maison semblait adorable, gentille et chaleureuse. Elle ne semblait pas être une femme ayant abandonné son bébé à un homme violent. Pourtant, ces deux femmes étaient une seule et même personne. Quelle vie aurais-je eu avec Amy? Aurait-elle été meilleure? Pire? Aurais-je eu Sandro comme demi-frère si elle était partie avec moi dans ses bras? Oh, je ne regrettais pas ma vie. Celle qui m'avait élevée avait été une femme adorable et j'avais été heureuse. Je ne regrettais pas tout ça et je ne remercierais jamais assez ma mère adoptive de m'avoir gardée auprès d'elle quand elle partie de mon père, de m'avoir aimée et chérie depuis mon plus jeune âge. Mais quand on découvre l'identité de sa mère biologique, on ne peut pas s'empêcher de se poser des questions sur ce qu'aurait été sa vie si les choses s'étaient passé différemment?

"Bonjour..." Je voyais bien qu'elle ne savait pas qui j'étais. C'était logique. J'étais un bébé à l'époque alors que là, j'étais une femme de presque trente ans. Et les gens changent en grandissant, en trente années, surtout quand on passe du stade de bébé au stade d'adulte. "Sienna ?" Waouh, elle se souvenait au moins du prénom qu'elle m'avait donné à ma naissance. Je suppose que c'était déjà pas si mal. "Entres, je t'en prie !" Elle avait ouvert la porte en plus grand. J'hésitai à entrer. Je n'avais pas l'intention de faire amie-amie avec elle et en même temps, je n'avais pas très envie de faire un scandale sur le trottoir à la vue de tous. Je pénétrai donc dans la jolie maison puis je me tournai vers elle. "Te fais pas d'idées. Je suis pas venue pour rattraper le temps perdu. Je suis venue pour régler des comptes." Je me permettais de la tutoyer. Elle restait ma mère biologiquement parlant et je considérais qu'après son abandon, je pouvais me prendre le droit de la tutoyer. Autant mettre les points sur les "i" tout de suite: j'étais venue pour régler mes comptes. Je voulais savoir pourquoi elle m'avait fait ça. J'avais le droit d'avoir des réponses et j'étais venue pour les obtenir.